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« J’ai financé ma haie grâce aux paiements pour services environnementaux »

Denis Bollengier, agriculteur dans le Nord, a financé l’implantation d’une haie en bénéficiant d’un paiement pour service environnemental (PSE) dans le cadre d’un contrat passé avec une entreprise.

Denis Bollengier a bénéficié d’une prise en charge financière totale pour implanter sa haie grâce au dispositif de paiement pour services environnementaux.
Denis Bollengier a bénéficié d’une prise en charge financière totale pour implanter sa haie grâce au dispositif de paiement pour services environnementaux.
© V. Charpenet

Petites haies deviendront grandes ! Elles ne font guère plus de 40 centimètres de haut : des jeunes plantes poussent le long de la parcelle de pommes de terre fraîchement récoltée de Denis Bollengier, à Esquelbecq, dans le Nord. L’agriculteur cultive blé, betteraves, lin, pommes de terre et légumes d’industrie dans la plaine des Flandres. Il possède aussi un atelier de volailles de chair.

Sur 200 mètres de long, les 380 arbustes plantés en janvier dernier n’ont pas coûté un centime à l’exploitant qui a bénéficié d’un paiement pour service environnemental (PSE). Le dispositif est porté par l’association Campagnes vivantes et s’est traduit par la signature d’un contrat entre elle et l’agriculteur. « C’est vraiment peu de contraintes, j’ai juste mis à disposition une emprise d’environ 1 mètre de large pour planter la haie », avance Denis Bollengier.

L’association a joué le rôle d’intermédiaire avec l’entreprise Actemium maintenance Dunkerque, marque de Vinci énergies dédiée à la maintenance industrielle, située à Saint-Pol-sur-Mer, près de Dunkerque. Cette dernière a financé l’intégralité des frais engendrés par la plantation réalisée par l’association Yser Houck dans le cadre d’un chantier de réinsertion. Coût du projet : environ 2 500 euros. L’entreprise indemnise aussi l’exploitant à hauteur de 250 euros au total pour entretenir la haie les cinq premières années.

Compensation environnementale et locale

Le dispositif permet à Actemium maintenance Dunkerque de répondre aux demandes du groupe Vinci en matière de politique environnementale. « Du fait de notre activité de prestataire sur des sites industriels, nous n’avions pas beaucoup de marges de manœuvre pour progresser sur ce volet, explique Alexandre Dufour, responsable d’affaires chez Actemium maintenance Dunkerque. Nous cherchions un moyen de compensation. C’est pourquoi nous nous sommes tournés vers la chambre d’agriculture Nord-Pas-de-Calais qui nous a proposé le dispositif de l’association Campagnes vivantes. »

 

 
Les 200 mètres de haies nouvellement implantées viennent compléter le kilomètre de haies déjà existant sur l’exploitation depuis vingt ans.
Les 200 mètres de haies nouvellement implantées viennent compléter le kilomètre de haies déjà existant sur l’exploitation depuis vingt ans. © V. Charpenet

 

« Nous travaillons sur les PSE depuis 2019 », explique Karel Lesaffre, président de Campagnes vivantes. Les PSE peuvent être financés par des organismes aussi bien publics que privés. L’association a souhaité dans un premier temps travailler avec des partenaires privés. « C’est plus simple à mettre en œuvre, avance Karel Lesaffre. Il suffit d’établir un cahier des charges basé sur ce que souhaite l’entreprise en termes de service environnemental. » L’association propose de jouer un rôle de facilitateur entre un agriculteur ou un groupe d’agriculteurs et des entreprises qui souhaitent accompagner des projets en faveur de la biodiversité.

L’entreprise Actemium maintenance Dunkerque a apprécié la dimension locale du projet. « Cela a davantage de sens d’agir sur ce territoire du Dunkerquois très industriel où nous sommes situés plutôt que d’aller planter des arbres à l’autre bout du monde », avance Alexandre Dufour. Pour aller au bout de cette logique, « ce sont des espèces locales qui ont été implantées », se félicite Denis Bollengier. La convention prévoit que la haie reste implantée au minimum dix ans.

Les services rendus par les haies

Denis Bollengier est convaincu des effets bénéfiques des haies pour son exploitation. Il n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai. Il y a vingt ans, il avait déjà implanté 1 kilomètre de haies le long de la parcelle à proximité immédiate de son exploitation. Bien dense et fournie, elle fait aujourd’hui la fierté de l’agriculteur. « La présence des haies embellit les abords de l’exploitation et améliore le cadre de vie, elles font office de brise-vent pour protéger les cultures, attirent les auxiliaires et offrent un habitat à la petite faune. Cela permet aussi le stockage du carbone », énumère-t-il. Les haies sont également un atout dans la nouvelle PAC, notamment pour répondre aux nouvelles exigences de la conditionnalité en matière d’infrastructures agroécologiques (IAE).

L’agriculteur apprécie que les haies offrent un service à la collectivité sans être source de désagrément. D’autant que la Communauté de communes de son territoire a une politique volontariste concernant les haies puisqu’elle prend en charge leur entretien. Dans le cas de la nouvelle implantation, elle prendra le relais de l’agriculteur après les cinq années d’indemnisation.

Convaincue de l’opération, l’entreprise vient de solliciter à nouveau l’association Campagnes vivantes pour implanter des linéaires de haies sur une autre exploitation du secteur. Elle compte organiser un événement interne pour valoriser sa démarche. « C’est aussi un aspect sur lequel on communique auprès de nos clients », précise Alexandre Dufour.

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