« J’ai adapté mes pratiques pour limiter la présence du campagnol des champs sur mes parcelles en semis direct dans le Jura »
Emmanuel Fontaine, céréalier en agriculture de conservation des sols à Saint-Aubin dans le Jura, gère le campagnol des champs en favorisant la prédation, par la gestion des pailles, le broyage des bandes enherbées et la pose de perchoirs.

« Lors de mon passage en semis direct il y a 12 ans, j’ai vu, avec mes voisins qui avaient entrepris la même démarche, exploser la population de campagnols des champs. À l’époque, j’ai réalisé quelques interventions chimiques et réintroduit un peu de travail superficiel. Puis, au fil du temps, j’ai fait évoluer certaines de mes pratiques, souvent pour des raisons économiques ou agronomiques, mais cela a eu des impacts positifs sur les campagnols. J’ai supprimé les trèfles et luzernes porte-graine, cultures qu’ils affectionnent particulièrement. J’ai arrêté d’exporter les pailles et investi dans une herse à paille pour faire des menues pailles qui laissent un champ praticable pour les prédateurs. Je ne fais plus d’intercultures courtes d’été où les campagnols aimaient se réfugier. Enfin, j’agis sur les bandes enherbées et les bordures de parcelles en les broyant plusieurs fois par an et en y installant des perchoirs à rapaces.
Avec les années, j’ai appris à vivre avec le campagnol des champs. Aujourd’hui, je sais ce que je peux tolérer en termes de niveau de population et de dégâts. Même dans le cas de parcelles de blé ou de colza fortement infestées, pas jolies à voir, je n’ai jamais eu à retourner de parcelles. Les pertes de rendement sont difficilement chiffrables, car il s’agit de grignotages sur de tout petits ronds, mais je pense ne jamais avoir atteint 10 % de perte, même sur de fortes infestations. Cela fait cinq ans que nous n’avons pas vu de fortes populations de campagnols, peut-être du fait du changement climatique et de nos actions… »