Aller au contenu principal

Herbicides céréales : deux nouveaux antigraminées pointent à l’horizon

Les sociétés BASF et FMC préparent l’arrivée d’antigraminées aux modes d’action innovants pour le désherbage des céréales. Il faudra attendre 2026 ou 2027 pour les premières homologations.

Un tout nouveau mode d’action pour un herbicide contre les graminées. BASF a publié un communiqué début juin sur une nouvelle matière active, la cinméthyline, dont la société espère les premières autorisations en Europe en 2026. La substance active montre une action racinaire contre un large spectre de graminées, notamment les vulpins et les ray-grass.

Elle appartient à un nouveau groupe chimique HRAC Q (Herbicide resistance action committee), les inhibiteurs de thioestérase d’acide gras. « Plus qu’une nouvelle famille chimique, c’est un nouveau mode d’action qu’apporte cette molécule et cela n’avait pas été vu dans les herbicides depuis près de trente ans », remarque Christophe Délye, de l’unité de recherche Agroécologie de l’Inrae de Dijon.

Concernant la problématique des graminées résistantes à des herbicides, la cinméthyline n’a pas de résistance croisée connue avec d’autres molécules herbicides déjà utilisées. Il est vrai qu’elle n’a pas forcément été testée pour cela. « Dans les cas de résistance non liée à la cible, les résistances croisées sont imprévisibles, souligne Christophe Délye. Sur ce point, il faut envisager de tester la cinméthyline sur les populations de vulpin et ray-grass avec une forte résistance à d’autres herbicides non liée à la cible. »

Un cousin de la clomazone apporté par FMC

Cette nouvelle substance active est déjà utilisée en Australie depuis 2019 et au Royaume-Uni depuis 2023 en prélevée sur blé tendre, sous la marque Luximo. « En France, elle ne sera pas vendue en solo dans un produit commercial mais associée à d’autres molécules herbicides, rapporte Ludovic Bonin, Arvalis. Outre une utilisation en prélevée, le produit pourra être envisagé en post-levée précoce selon la dose qui sera autorisée. »

La société FMC va également proposer une nouvelle molécule herbicide contre les graminées, la bixlozone. Elle fait partie d’une famille chimique, les isoxazolinidinone (groupe HRAC F4), comprenant déjà la clomazone. Mais cette molécule n’est pas utilisée sur céréales. La bixlozone apportera également un nouveau mode d’action sur ces cultures.

« Attention : aucun herbicide n’est à l’abri des résistances, la bixlozone pas plus que la cinméthyline. D’autant que des cas d’ivraie (ray-grass) résistante à la clomazone ont été signalés en Australie », signale Christophe Délye. La bixlozone est prévue pour le marché européen dans les trois-quatre ans à venir. Elle a été mise à disposition des farmers australiens en 2021 sous le nom de marque Overwatch.

Une efficacité supérieure à celle du flufénacet

Ces molécules font l’objet d’expérimentations en France. « Leur efficacité est supérieure à celle du flufénacet sur les graminées comme le ray-grass et le vulpin », note Ludovic Bonin. Les deux molécules montrent un mode d’action racinaire et seront donc prévues pour des désherbages d’automne sur céréales. Par rapport à des antigraminées foliaires, ils sont davantage soumis à l’impact des conditions climatiques sur leurs efficacités et ils ne pourront pas être utilisés pour des traitements de rattrapage plus tardivement dans une campagne de culture.

Ce n’est pas la panacée par rapport aux problèmes actuels de résistances des graminées aux produits foliaires mais ils apporteront un gain d’efficacité bienvenu sur les traitements d’automne. D’autant plus que les molécules racinaires commencent à lâcher sur ray-grass et vulpin. « Des cas d’ivraies (ray-grass) résistantes au flufenacet commencent à être relevés, note Christophe Délye. Nous allons démarrer à l’automne un suivi sur les résistances émergentes de ray-grass et peut-être du vulpin au flufenacet et au prosulfocarbe. »

Privilégier le désherbage diversifié : agronomique, mécanique… chimique

Aussi attendus soient-ils, les futurs antigraminées de BASF et FMC devront être utilisés de manière raisonnée dans le cadre d’un désherbage diversifié qui ne devra pas être que chimique. Sinon, leur durée de vie sera très limitée. « Ils seront à utiliser en association avec de l’agronomie, et surtout pas comme des solutions de dernier recours quand plus rien ne fonctionne sur les graminées, souligne le chercheur de l’Inrae. L’objectif dans ce type de situation sera de réduire les infestations des adventices par d’autres moyens (rotation, travail du sol, désherbage mécanique…). Ces produits vont apporter une bouffée d’oxygène aux agriculteurs mais ce ne sont pas des solutions miracles. »

Les plus lus

<em class="placeholder">Alexandre Smessaert, agriculteur à Roy-Boissy dans l’Oise</em>
Semis de colza à la volée : « La technique m’a fait économiser en temps de travaux et carburant sur mon exploitation dans l'Oise, mais elle reste à améliorer »

Intéressé par les techniques innovantes, Alexandre Smessaert, agriculteur à Roy-Boissy dans l’Oise, a testé le semis de colza…

<em class="placeholder">Matthieu Kohler, agriculteur à Sélestat (67) :« Ma priorité numéro 1 avec l&#039;épandage de produits résiduaires organiques est l&#039;enrichissement de mes sols en matière ...</em>
En Alsace, « j’économise plus de 100 €/ha sur les parcelles qui reçoivent des produits résiduaires organiques »

À Sélestat, en Alsace, chez Matthieu Kohler, une trentaine d’hectares reçoit chaque année des épandages de différents produits…

<em class="placeholder">Agriculteur déchargeant un sac d&#039;engrais dans son épandeur à engrais.</em>
L’Europe valide la taxation des engrais russes jusqu'à 430 €/t en 2028

Ce 22 mai 2025, le Parlement européen a approuvé l’augmentation progressive, à partir du 1er juillet 2025, des taxes…

<em class="placeholder">Moisson des céréales. Moissonneuses-batteuses Claas dans une parcelle d&#039;orge dans la plaine céréalière de la Marne. chantier de récolte des orges avec des rendements ...</em>
Moisson 2025 : quels impacts du pic de chaleur actuel sur les céréales à paille ?

Des températures qui dépassent les 30 degrés, une absence de pluies depuis plusieurs semaines…, des inquiétudes pointent dans…

<em class="placeholder">Jérôme Noirez, agriculteur et gérant au sein de la SEP Poinsirez à Arraincourt, en Moselle, pratique l’agriculture de conservation des sols</em>
En Moselle, « nous gérons le couvert d’interculture courte entre deux céréales comme une culture à part entière »

Jérôme Noirez, gérant au sein de la SEP Poinsirez à Arraincourt, en Moselle, pratique l’agriculture de conservation des sols.…

<em class="placeholder">Parcelle de blé tendre dans le nord de la France.</em>
Sécheresse dans la moitié Nord : les cultures d'hiver ont besoin de pluies pour atteindre des rendements « dans la moyenne »

Peu de maladies, des cultures d’hiver globalement belles, les récoltes s’annoncent dans la moyenne. Peut-être le temps…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures