Intercultures courtes
Gérer les pailles à la moisson par le broyage et le déchaumage
Intercultures courtes
Les techniques sans labour nécessitent une attention accrue à la gestion des pailles. Les intercultures courtes sont particulièrement délicates.
Le développement des techniques culturales simplifiées met en lumière le problème de la gestion des pailles à la moisson.
Le traitement de la paille est surtout délicat dans les intercultures courtes (blé-colza, voire blé-blé) pendant lesquelles les débris ont peu de temps pour évoluer, avec un climat souvent sec et donc défavorable à leur décomposition. Les résidus de culture en surface posent plusieurs problèmes : une gêne mécanique pour les outils de semis qui peut occasionner des bourrages et un semis trop superficiel et un mauvais contact sol-graine avec une mauvaise levée, notamment pour des petites graines. Ces résidus constituent aussi un abri pour certains ravageurs. Le labour, même s´il permet de ne plus avoir de résidus en surface ne résoud pas forcément le problème de la décomposition des débris. Des pailles mal broyées et mal réparties auront du mal à se décomposer et pourront aussi avoir un effet dépressif sur la culture suivante.
Le principal facteur qui joue sur la vitesse de décomposition est la finesse de hachage de la paille. Arvalis préconise d´avoir deux tiers des brins à moins de cinq centimètres de longueur.
Le broyage effectué par la moissonneuse reste le plus économique et convient à la majorité des situations. ©Claas |
Le broyage des chaumes coûte cher
Les broyeurs qui équipent les générations de moissonneuses actuelles sont généralement à même d´obtenir cette qualité de broyage. Certaines situations conduisent pourtant à faucher plus haut et rebroyer les chaumes après la moisson. Avec des machines assez vieilles par exemple, le volume de paille important à digérer réduit la vitesse de récolte par la surcharge des organes de séparation et la consommation de puissance du broyeur. Relever la coupe permet aussi de gagner en débit de chantier quand il faut aller vite (météo menaçante, récolte tardive).
Le rebroyage peut aussi être pratiqué pour avoir une préparation de sol plus fine afin de semer du colza sans labour avec du matériel traditionnel. « Chez nous, les agriculteurs sont plutôt bien équipés en moissonneuses et ont donc tendance à faucher bas et à déchaumer derrière », constate Jean-Bernard Leclercq, conseiller à la chambre d´agriculture d´Eure-et-Loir.
Les déchaumeurs à disques indépendants peuvent tronçonner les pailles pour favoriser leur décomposition. ©Vaderstad |
En revanche, le rebroyage se pratique encore beaucoup en Champagne. « Les agriculteurs ont tendance à faucher plus haut notamment le soir, pour pouvoir continuer à travailler sans perdre trop aux secoueurs », témoigne Stéphane Devanlay, de la chambre d´agriculture de l´Aube. Pour Jean-Bernard Leclercq, « même si on augmente les performances de la moissonneuse en fauchant plus haut, le rebroyage coûte toujours plus cher que l´économie permise à la moisson. Il faut compter au minimum 20 à 25 euros par hectare pour broyer les chaumes. »
Les broyeurs de grande largeur à axes verticaux sont plus adaptés pour ce genre de travail car ils permettent des débits plus importants à puissance égale. Mais un tel investissement se justifie plus pour des exploitations qui font aussi du maïs grain.
Il faut aussi prendre en compte le temps de travail nécessaire au rebroyage, le tassement du sol créé par le passage du tracteur et le retard occasionné pour la préparation du sol.
D´autant que pour Jean-Bernard Leclercq, il faudrait laisser la paille mûrir un peu sur le champ avant de broyer, pour diminuer le besoin de puissance. « Mais cela retarderait d´autant le premier déchaumage, remarque-t-il, alors qu´un déchaumage derrière la moissonneuse-batteuse permet de bénéficier de l´humidité résiduelle du sol pour la levée des mauvaises herbes ».
Le coût du broyage des chaumes est aussi à mettre en balance avec le coût d´un ou plusieurs déchaumages.Les déchaumeurs à disques indépendants ont la capacité de tronçonner les pailles et les chaumes, y compris les tiges de colza s´il y a assez de dégagement entre les disques. Avec deux passages, le déchaumage permet donc déjà de réduire les résidus, sans parler de l´effet faux-semis. Jean-Bernard Leclercq note cependant qu´avant les semis de colza, la paille n´a pas toujours suffisamment évolué. Dans ce cas, certains agriculteurs reviennent à un labour ou à un travail profond avec un outil à dents pour mélanger les résidus avec la terre. De plus en plus, ils préfèrent aussi modifier la rotation en remplaçant le blé par les escourgeons avant le colza, afin d´allonger l´interculture.
Les broyeurs à axes verticaux permettent des chantiers de broyage rapides. ©D. Lucas |