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Gagner en sécurité en vendant ses récoltes collectivement

La mise en commun de moyens a conduit quatre exploitants à pousser la mutualisation jusqu'à la commercialisation collective de leurs productions et à en apprécier les avantages.

Le secteur agricole a toujours été précurseur en termes de mutualisation. Et ce ne sont pas les membres de la société en participation (SEP) du Joannot qui diront le contraire. Depuis 2010, trois exploitations de la région de Genlis en Côte-d'Or, regroupant quatre associés, se sont rassemblées pour profiter des bienfaits de la mutualisation. Jean-Marie Maitret et Jean-Philippe Fraichot, chacun seul sur leur EARL, et Christophe et Frédéric Poulleau en Gaec, ont choisi d'organiser leur travail totalement en commun, de la détention du matériel en Cuma jusqu'à l'assolement.


La constitution et l'engagement de lots sont facilités


Les intérêts sont à la fois économiques, sécuritaires, organisationnels et de l'ordre de la sérénité. En effet, « nos charges de mécanisation sont inférieures de 30 % aux moyennes de groupe du département, précise Jean-Philippe Fraichot. Nous avons cinq tracteurs, un sur chaque exploitation et deux en Cuma, alors que si nous travaillions seuls, nous aurions au total neuf tracteurs mais toujours quatre conducteurs ! », ajoute-t-il.
Concernant la commercialisation, l'adage à plusieurs, on est plus fort se vérifie. Non seulement il est plus facile de constituer et d'engager des lots de 50 tonnes quand on cultive 430 hectares de cultures plutôt qu'une centaine, mais aussi parce qu'on pèse plus lourd et que l'on travaille aisément avec plusieurs fournisseurs (une coopérative et plusieurs négoces) tant pour la vente que pour l'achat d'intrants. « C'est également rassurant de prendre les décisions d'engagement à plusieurs, il y a moins de risque de commettre d'erreur », considèrent les associés.
Les agriculteurs de la SEP mutualisent leurs capacités de stockage et ont ainsi de quoi stocker la quasi totalité des récoltes, mis à part la moutarde qui est livrée immédiatement une fois récoltée et le soja qui est récolté humide. « Le fait de stocker nous laisse plus de liberté quant au choix du moment où nous voulons engager notre production », explique Christophe Poulleau. Les installations sont complémentaires, certaines à plat adaptées pour les grands volumes, d'autres en silos pour isoler les lots de multiplications de semences.
Même si les rôles sont répartis entre les associés : un responsable de l'administration, un autre affecté au suivi des réunions marchés des céréales... La décision d'engager ou non des volumes est prise collectivement en fonction des cours et des besoins de trésorerie, mais aussi grâce aux préconisations que Jean-Marie rapporte de sa participation au club marchés de la coopérative Dijon Céréales. Pour la récolte 2014, les agriculteurs avaient engagé 30 % de leur production avant la moisson, en tenant compte des cultures sous contrat (moutarde et soja).


Des choix de vente pris à plusieurs


« Avec notre coopérative, il est facile de vendre sur n'importe quelle échéance du Matif et nous pouvons prendre des put ou des call. Mais nous avons assez peu recours à ces couvertures sur les marchés à terme », résume l'un des associés.
À part la multiplication qui est vendue au prix moyen, tout le reste est vendu en prix ferme à des dates différentes mais avec un enlèvement presque toujours avant janvier. Cela s'explique par des besoins de trésorerie et une volonté de ne pas spéculer sur la fin de la campagne.
D'une manière générale, les agriculteurs ne vendent rien avant les semis et n'engagent jamais plus de la moitié avant la récolte. Le fait d'être en assolement en commun, de partager le matériel, d'acheter les intrants et de commercialiser collectivement implique également un avantage en termes d'organisation du travail. La gestion des chantiers de récolte notamment mais également toutes les opérations qui demandent une intervention rapide est facilitée par la mise en commun. Il n'existe plus le risque de favoriser ou de pénaliser l'un ou l'autre par le choix des priorités d'interventions. « C'est le blé de tout le monde et il va sur le même tas », indique Jean-Marie Maitret.


Jouer collectif présente beaucoup d'avantages


Du point de vue de la sérénité, les associés de la SEP sont encore gagnants, si l'un d'eux tombe malade, il saura que le travail sera fait. Il en est de même pour la prise des congés, l'organisation et la qualité de la vie familiale sont ainsi améliorées. En bref, c'est une assurance « esprit tranquille » !
Bien entendu, il n'y a pas que des avantages dans ce système mais globalement « on y gagne bien plus qu'on y perd », expriment collégialement les associés.


Savoir se remettre en question et être souple


Concernant la forme juridique retenue pour encadrer toutes ses opérations, le groupement a choisi la société en participation (SEP), forme juridique légère, souple et compatible avec le statut du fermage. Enfin, elle permet une dissolution simple du groupement. L'esprit de la SEP c'est savoir se remettre en question, partager des réflexions malgré des façons souvent différentes de voir les choses, bref garder l'esprit ouvert.
Au final, les quatre agriculteurs essaient d'en tirer le meilleur. Ils considèrent qu'ils font tous partie de la même exploitation, même si chacun conserve sa structure, c'est plus simple d'utilisation.
Finalement, la comptabilité des structures d'exploitation est allégée de manière importante. Celle-ci ne comporte plus que les primes PAC (car les associés ont fait le choix de faire leur déclaration PAC individuellement), la part de bénéfice de la SEP, le fermage, la MSA, un peu de matériel et la voiture d'exploitation.

En chiffres

. Un parcellaire commun groupé sur 13 km.
. Une part de SEP de 10 euros détenue par hectare « apporté ».
. Assolement : 155 ha de blé tendre d'hiver, 55 ha d'orge d'hiver, 55 ha d'orge de printemps, 46 ha de colza, 65 ha de moutarde et 50 ha de soja.

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