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Face aux oiseaux, mieux vaut combiner les modes d’effarouchement

Sonores et/ou visuels, il y a pléthore de systèmes d’effarouchement d’oiseaux dans le commerce. En mixer différents types dans son champ réduit l’accoutumance des volatiles.

Les effaroucheurs visuels tels les cerfs-volants ne suffisent pas à assurer une bonne efficacité. Il faut les associer à d'autres types d'effaroucheurs, sonores notamment.
© DR

Cerfs-volants, ballons, drapeaux, bandes réfléchissantes, laser et autres épouvantails parmi les effaroucheurs visuels, détonations par les canons à gaz ou pistolets, émission de cris de détresse d’oiseaux ou de prédateurs parmi les moyens sonores… la liste des équipements commercialisés pour faire fuir les oiseaux est longue tout comme celle des sociétés qui les mettent en vente. Il suffit de faire une simple recherche Internet pour s’en convaincre.

Les effaroucheurs sont plébiscités par les producteurs de grandes cultures qui se sentent démunis face aux déprédations d’oiseaux. Selon l’enquête déclarative Terres Inovia sur les dégâts d’oiseaux et petits gibiers(1), les agriculteurs qui y ont répondu les ont utilisés sur 70 % de leurs parcelles d’oléo-protéagineux en 2016, année à forte pression.

L’utilisation de signaux visuels ou sonores a ses limites. Les oiseaux s’y accoutument rapidement si le système mis en œuvre est répétitif dans le temps et sans variation. Cette accoutumance nécessite de déplacer les effaroucheurs sur la parcelle assez souvent, « tous les deux à trois jours », conseille Terres Inovia mais le témoignage d’agriculteurs permet de constater que ces déplacements doivent s’effectuer tous les jours dans les cas de forte pression. « Pour les effaroucheurs sonores, il faut faire varier les signaux et les intervalles de diffusion, ajoute Terres Inovia. Une stratégie pour empêcher les oiseaux de s’habituer aux moyens de lutte est de combiner différents équipements visuels et sonores, comme l’utilisation de canons à gaz associés aux ballons et cerfs-volants ou à des moyens pyrotechniques. »

Les effaroucheurs prennent leur envol

L’utilisation de canons à gaz est soumise à réglementation. Des arrêtés préfectoraux ont institué des horaires d’utilisation ainsi que des distances par rapport aux habitations, un éloignement de 300 mètres semblant être la règle de base. Les maires peuvent prendre des dispositions complémentaires à ces mesures. Sur ce point, il vaut mieux se renseigner dans sa commune.

L’avenir de l’effarouchement viendra peut-être des airs avec les drones. Depuis quelques années, des sociétés proposent des drones effaroucheurs d’oiseaux, le plus étonnant étant le "robird", oiseau de proie robotique en forme de faucon battant des ailes. Il a été mis au point par une société néerlandaise, Clear Flight Solutions. La petite entreprise française Agri-Structures(2) s’est lancée également dans l’aventure du drone effaroucheur. « En commençant par un prototype en 2010, j’ai conçu un drone simple à utiliser grâce à l’assistance GPS, explique Dorian Blot, un des membres d’Agri-Structures. L’appareil peut fonctionner de manière automatique en lui traçant au préalable un parcours avec des points GPS sur la carte satellite d’une parcelle et via une application utilisable sur une tablette tactile. Le pilotage du drone peut aussi se faire de manière manuelle. »

Une tête et des cris de rapace

Quels avantages présente ce drone dit « rapace effaroucheur » par rapport à un modèle classique ? « Il est équipé de dispositifs lumineux. Il peut émettre des ultra-sons ainsi que des cris de rapaces jusqu’à une fréquence de 105 décibels. Je lui ai réalisé une tête de rapace et il a un vol particulier : très rapide et dynamique pour fondre sur les pigeons ou corvidés à la manière d’un prédateur. » Un vol de quelques minutes suffit à faire fuir les volatiles d’un champ sachant que le drone a une autonomie de vingt minutes. « En pratique, après les semis de tournesol, je passe trois fois par jour sur la parcelle en n’y restant pas plus de dix minutes chaque fois », précise Dorian Blot.

Le drone est commercialisé depuis peu et compte un peu moins de dix utilisateurs. Son prix est de 3500 euros HT comprenant le drone, la radiocommande, le chargeur, deux batteries, une valise et la formation à son utilisation. Un agriculteur qui utilise le drone chez lui n’a pas besoin d’un agrément. L’avenir pourrait être aux drones complètement autonomes sans intervention de l’homme, se mettant en action dès que la présence d’oiseaux est détectée et revenant à leur base une fois le parcours effectué. C’est techniquement possible actuellement mais la législation française impose une présence humaine à chaque utilisation d’un drone.

(1) 1446 parcelles déclarées avec dégâts pour 934 agriculteurs.
(2) Entreprise familiale basée à Bois-Herpin (Essonne) avec Guy Blot et deux fils, Rodolphe et Dorian. La famille gère une exploitation agricole de 200 hectares de grandes cultures.

Un robot se déplaçant dans la parcelle

Monté sur roues, un robot effaroucheur a été élaboré chez Agri-Structures. Il est équipé de systèmes sonores d’effarouchement (cris d’oiseaux en détresse ou de prédateurs…). Il pèse 60 kg et a une capacité d’autonomie d’une journée. L’appareil se déplace sur une parcelle où peut être préétabli un parcours avec des points GPS. Le robot effaroucheur est encore en cours de test mais une mise en location est prévue pour 1500 euros le mois.

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