Entretien des haies : « Je compte obtenir une haie basse et dense pour lutter contre l’érosion dans le Pas-de-Calais »
Alexis Brisset, exploitant à Beauvois dans le Pas-de-Calais, a implanté huit kilomètres de haies en 2022 et en 2024 : son objectif est de garder une haie basse avec un bon système racinaire pour lutter contre l’érosion.



À Beauvois, dans le Pas-de-Calais, dans un secteur de grandes cultures où les haies se font plutôt rares, Alexis Brisset a implanté huit kilomètres de haies en 2022, puis en 2024 : « J’ai un parcellaire assez regroupé, les haies ont pu être installées tout autour de mes îlots, explique-t-il. Et dans deux grandes parcelles de 15 et 20 ha, des plantations ont été réalisées en travers. »
Limiter l’écoulement des limons
Le premier objectif de l’agriculteur est de lutter contre l’érosion : ses parcelles sont situées dans un bas-fond dans lequel l’eau, venue de plus haut, provoque inexorablement l’écoulement des limons. « Je souhaite mettre fin à ces pertes pour mes sols, explique-t-il. C’est pourquoi, en plus de limiter au maximum le labour, j’ai décidé d’implanter des haies. »
Il souhaite favoriser le développement d’une haie basse et dense, dotée d’un système racinaire profond, qui freinera l’écoulement de l’eau et retiendra les sédiments. Elle s’élèvera à maximum deux mètres de haut.
Sur les conseils de la chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais qui l’accompagne dans son projet, les espèces implantées correspondent à son objectif de lutte contre l’érosion. Il compte aussi se servir des haies comme brise-vent pour protéger les cultures et pour favoriser la biodiversité : « Je suis dans une logique d’agriculture raisonnée, avance l’agriculteur. Je ne mets pas de régulateurs, les insecticides ne sont pas systématiques et je module les apports d’azote. »
Le projet mené en 2022 a permis d’implanter du fusain d’Europe, de la bourdaine, du groseillier, du noisetier ou encore de l’érable champêtre.
Un investissement total de 85 000 euros
Le montant de l’investissement s’élève à 50 000 euros pour six kilomètres de haie (un plant tous les mètres) implantés à Beauvois. Alexis Brisset a bénéficié d’une subvention publique à hauteur de 80 % pour le financement de la main-d’œuvre, de la fourniture des plants, des bâches biodégradables, des plastiques de protection antigibier, des tuteurs et des agrafes. La plantation a été réalisée par Eurêka, une association locale d’insertion. L’entretien des haies est à la charge de l’exploitation pour cette plantation.
La deuxième plantation réalisée en 2024 (1 km à Beauvois et 1 km à Villers-Châtel) représente un investissement de 35 000 euros, subventionné à 100 % dans le cadre du pacte de la haie. Le prix du deuxième projet inclut l’entretien pendant trois ans (dont rachat de plants si besoin). Quatre types d’espèces ont été implantés : charme commun, cornouiller sanguin, fusain d’Europe et troène sauvage. Il a bénéficié de l’appui technique de la chambre d’agriculture pour monter les dossiers.
Se débarrasser des adventices qui concurrencent la haie
La reprise des haies après leur plantation dépend principalement des conditions climatiques. En 2022, le redémarrage a été difficile, car il a fait très sec ; les haies implantées en 2024 ont eu une vigueur plus importante grâce aux pluies. Les haies sont encore jeunes et nécessitent une attention particulière : « Cette année, sur un des linéaires implantés en 2022, je me suis laissé déborder par les herbes, constate Alexis Brisset. Cet hiver, je vais prendre le temps de débroussailler, car elles concurrencent la haie en termes de lumière et de nutriments. » Un géotextile biodégradable est pourtant installé au pied des haies, mais les travaux des champs et le vent peuvent déplacer de la terre dessus, et offrir des conditions favorables au développement de chénopodes et autres chardons.
En plus de cet entretien, l’agriculteur va aussi profiter de l’hiver pour nettoyer les branchages morts et repérer les plants détruits à ressemer, piétinés par un passage de machine ou mangés par des animaux malgré la protection. « 1 000 mètres ont dû être replantés en 2023, puis 500 mètres en 2024 », avance Alexis Brisset. Cela m’a coûté entre 2 000 et 3 000 € par an. »
Dans l’objectif d’obtenir des haies basses et denses, il compte réaliser, d’ici deux ou trois ans, une coupe rase pour dynamiser leur développement. « Pour l’instant, j’ai investi dans une épareuse à lame d’occasion, avance Alexis Brisset, mais quand la haie aura poussé, il faudra peut-être que j’opte pour un matériel à disques ou à sécateur pour ne pas trop la brutaliser. »
Fiche identité de l’exploitation
Siège de l’exploitation situé à Beauvois
SCEA Alexis répartie entre deux sites dans le Pas-de-Calais : 125 ha à Beauvois et 50 ha à Villers-Châtel
80 ha en blé, le reste en lin textile, pomme de terre d’industrie, betterave, colza, pois de conserve, maïs fourrage
Sols : limons battants
8 km de haie, dont 7 km à Beauvois et 1 km à Villers-Châtel