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Engrais azotés : les coopératives sonnent l’alarme pour le printemps

Coop de France met en garde sur l’incertitude concernant l’approvisionnement en engrais azotés au printemps 2023, et réclame des mesures politiques pour fluidifier le marché.

« Aujourd’hui, on n’est vraiment couvert en engrais azoté que lorsque le volume est dans la cour », a averti Antoine Hacard, président de la Coopération agricole Métiers du grain.
« Aujourd’hui, on n’est vraiment couvert en engrais azoté que lorsque le volume est dans la cour », a averti Antoine Hacard, président de la Coopération agricole Métiers du grain.
© G. Omnès

« Il y a un risque avéré de manque de disponibilité d’azote au printemps pour nos cultures. » La thématique des engrais azotés est au cœur des préoccupations des coopératives, comme l’a exposé Antoine Hacard, président de la Coopération agricole (LCA) Métiers du grain, lors d’un point presse le 11 octobre. Selon ce dernier, « le risque de disponibilité existe y compris pour les volumes déjà achetés, par exemple en cas d’invocation du cas de force majeure par certains acteurs. Nous sommes aussi très dépendants des importations : tant que le bateau n’est pas là, le risque persiste. » L’engorgement des ports et les problèmes logistiques pourraient ainsi retarder les livraisons. « Aujourd’hui, on n’est vraiment couvert que lorsque le volume est dans la cour », a averti l’élu.

Pour les distributeurs tels que les coops, la situation actuelle implique aussi un gros risque prix et de dépréciation des stocks, si les volumes d’engrais achetés à des prix élevés sont revendus après une chute du cours. « Nous travaillons sur la fiabilisation de la chaîne contractuelle avec les agriculteurs et la facturation d’acompte, a souligné Antoine Hacard. Nous leur expliquons que s’ils veulent acheter des engrais, les coops ont besoin d’eux car elles ne peuvent porter seules ce risque. L’urgence, c’est d’éviter la pénurie, et nous nous battons comme des chiffonniers pour cela. Nous revenons à notre mission de base qui est de garantir l’approvisionnement. »

Le représentant des coops a porté plusieurs revendications pour fluidifier ce marché, à commencer par l’enjeu de l’usine EuroChem d’Anvers. « Contrairement à d’autres pays européens, le gouvernement français interdit aux distributeurs de travailler avec cette usine, en raison des sanctions adoptées contre les oligarques russes, a indiqué Antoine Hacard. Cela crée une distorsion de concurrence inacceptable, alors que l’accès à ces engrais est clé. » Les autorités françaises estiment en effet que les liens capitalistiques entre le millionnaire russe Andrey Melnichenko, ancien propriétaire de l’usine, et EuroChem Anvers ne sont pas complètement rompus, ce qui justifie le maintien des sanctions.

« Pas d'urgence » pour la révision de la réglementation sur le stockage d'engrais

LCA Métiers du grain demande aussi « l’arrêt des tracasseries administratives sur le stockage de l’ammonitrate haut dosage titrant à plus de 30 % d’azote », qui est le seul fabriqué en France (l’ammonitrate 33,5). « Ce type de produit nécessite des précautions de stockage, mais il n’y a pas eu d’accident significatif en France depuis plus de 20 ans, a assuré Antoine Hacard. Nous sommes disponibles pour travailler sur une évolution de la réglementation, mais nous considérons que cela peut attendre quelques mois. Sinon, la conséquence risque d’être le contraire de l’effet recherché : cela pousserait à stocker chez nos adhérents, alors que les coops respectent les règles de stockage avec du personnel formé. » Selon la Coopération agricole, l’abaissement du seuil à 250 tonnes pour le passage en régime d’autorisation serait « trop coûteux, sans pouvoir transmettre ces charges supplémentaires à la chaîne de valeur ».

L’inflation énergétique suscite aussi des inquiétudes chez les organismes collecteurs. « Les agriculteurs ont pris de l’avance dans la commercialisation des grains pour la récolte 2023, mais les acheteurs ne viennent pas au même rythme », a souligné Antoine Hacard. En cause : des clients industriels qui commencent à rationner leurs achats compte tenu du prix de l’énergie. « Le risque, c’est que des entreprises stoppent leur activité avec le désamorçage de la chaîne alimentaire faute de pouvoir encaisser la hausse, a indiqué le président. De nombreux contrats de couverture vont être renégociés à partir du 1er janvier. Pour les meuniers, par exemple, les nouveaux tarifs ne permettront pas de produire de la farine, sauf à faire passer une hausse de 30 à 50 % aux clients. Nous demandons donc aux pouvoirs publics un bouclier énergétique efficace, facile d’accès et rapidement mis en place pour les entreprises ne se mettent pas sur "off". »

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