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Contrôle des mauvaises herbes
En désherbage céréales, détruire les graminées demeure la priorité

Même avec des situations de forts salissements en dicotylédones sur des colzas précédant les céréales, la priorité reste la lutte contre les graminées chez ces dernières.

Les mauvaises herbes se sont engouffrées dans la brèche. Les difficultés de semis et de levée des colzas associées à des désherbages peu opérants à l’automne 2012 ont permis à nombre d’adventices de s’installer en masse dans la culture oléagineuse. Les céréales qui vont suivre les colzas risquent-elle de souffrir de cette situation ? « On se doit d’être vigilant dans l’implantation d’une céréale après un colza très sale, surtout en situation de non labour, avertit Ludovic Bonin, spécialiste désherbage des céréales à paille chez Arvalis. Il y aura un stock de graines en surface du sol qui germeront dans la céréale, comme les bleuets et les coquelicots en ce qui concerne les dicotylédones, mais aussi les graminées que l’on ne voit pas bien dans le colza mais qui sont présentes. »« Les coquelicots et les bleuets se gèrent bien en céréales à paille, ajoute-t-il.


L’agriculteur dispose d’une grande diversité de produits efficaces sur coquelicots, comme ceux à base de diflufenicanil ou de sulfonylurées ou encore ceux associant l’ioxynil au MCPP. Ils sont performants aussi bien à l’automne qu’en sortie d’hiver. Le choix est plus limité contre le bleuet. L’isoproturon fonctionne bien contre cette dicotylédone, de même que des produits comme Foxpro D+, Mextra... » Les dicotylédones ne sont pas un véritable obstacle au désherbage, même avec des cas d’espèces résistantes aux herbicides inhibiteurs de l’ALS (sulfonylurées...), les coquelicots notamment mais aussi des matricaires et stellaires.


DES GRAMINÉES DANS LES COLZAS


« Quand on va chercher à désherber les céréales, on vise avant tout les graminées. Contre les dicotylédones, on s’en sort tou- jours grâce à d’importantes possibilités d’alternance de familles d’herbicides », considère Marc Delattre, Dijon Céréales. Si nombre de dicotylédones sont problématiques dans les colzas, ceux-ci ne sont pas indemnes de graminées. « Dans certains secteurs, il a été difficile, voire impossible, d’intervenir avec un des antigrami- nées foliaires ou racinaires sur colza comme cela se fait habituellement. Les conditions météorologiques n’ont pas permis d’entrer dans les champs pour cette application », souligne Jacky Reveillère, Axereal.


Pour le service agronomie de la coopérative, il faut se préparer à des interventions à l’interculture et à un désherbage des céréales commen- çant par des traitements d’automne. « On espère de meilleures conditions qu’à l’automne 2012 où, à cause des intempéries, seuls deux hectares sur dix de blé avaient fait l’objet d’un désher- bage d’automne contre deux hecta- res sur trois en 2011. » Ludovic Bonin ne contredit pas ces pré- conisations.


L’intervention herbicide à l’automne est au cœur du message d’Arvalis pour bien contrôler les graminées sur céréales. Il est vrai que la stratégie basée sur un désherbage de sortie d’hiver avec des produits à base de sulfonylurées a beaucoup perdu de sa superbe. « Il y a dix ans, les produits comme Archipel et Atlantis étaient efficaces à 100 % sur les vulpins et ray-grass. Aujourd’hui, on atteint les 40 % d’efficacité seulement en certains endroits, à pleine dose. Il y a clairement une dérive d’efficacité dans les grandes régions céréalières avec des populations résistantes de graminées qui se sont développées », explique le spécialiste d’Arvalis.

VISER L’EFFICACITÉ MAXIMALE SUR VULPIN


Dans les situations de forte infestation en graminées, la règle est un programme herbicide avec une intervention d’automne et une de sortie d’hiver. « Sur les graminées tels les vulpins qui produisent 500 graines par pied, il faut viser une efficacité maximale, de l’ordre de 98 ou 99 % sur un programme herbicide, de façon à ne pas augmenter le stock semen- cier du sol », précise Ludovic Bonin. « Même sans dérive d’efficacité à cause de graminées résistantes, si l’infestation de ces mauvaises herbes est importante, le programme automne + printemps est obligatoire, selon Marc Delattre. Dans ce cas, éliminer la concurrence du vulpin vis-à-vis de la céréale dès l’automne, même partiellement, est une stratégie gagnante car elle permet de gagne des quintaux par rapport à un désherbage de sortie d’hiver où le vulpin aura eu le temps d’exercer une concurrence néfaste sur le blé. » Pour l’automne, les produits de BASF à base de flufenacet ont le vent en poupe comme Fosbury ou Trooper.


Pour lutter contre vulpins et ray-grass, Ludovic Bonin conseille des mélanges en post-levée à l’automne comme Daiko + Fosbury + huile, Défi + Fosbury ou du chlor- toluron + Fosbury. En prélevée, contre une situation infestée en vulpin notamment, un mélange de Trooper + diflufenicanil (Mamut) fera l’affaire tandis qu’une flore à dominante ray-grass nécessitera l’utilisation de l’association Défi + Carat en prélevée ou post-levée précoce. Ces mélanges herbicides à l’automne sont quelques solutions parmi d’autres.


Pour le spécialiste d’Arvalis, en visant le nettoyage maximum contre le vulpin, il fau- dra repasser deux fois sur trois en sortie d’hiver ou au printemps. Le vulpin est capable de germer à cette période et on pourra privilégier des solutions à base d’inhibiteurs de l’ALS : Atlantis, Archipel, Abak... Attention aux graminées résistantes à cette famille. Marc Delattre leur réserve un programme survitaminé. « Quand nous sommes en présence d’une résis- tance installée et ce, en forte proportion dans la population de graminées, il sera nécessaire de faire deux traitements à l’automne. Par exemple Trooper puis Défi sur blé ou Avadex puis Fosbury + isoproturon sur orge. »


L’AGRONOMIE ENCORE ET TOUJOURS


A contrario, une flore pas trop importante, moins de dix vulpins au mètre carré par exemple, autorise le recours à une seule application herbicide : à l’automne ou au printemps. « Les deux fonctionneront mais je donne ma préférence à l’intervention d’automne avec une urée substituée, le flufenacet ou Défi sur blé, ou du triallate en présemis incorporé sur orge d’hiver », précise Marc Delattre. À côté de ces recettes herbicides, il ne faut pas oublier le volet agronomique de la lutte contre les adventices, de même que les outils mécaniques.


En Bourgogne, les conseillers de Dijon Céréales peuvent inciter des agriculteurs à retarder des semis de céréales pour faciliter la destruction des graminées telles que le vulpin. « On voit avec chaque agriculteur de combien de jours il peut reculer son semis. La stratégie permet de placer un faux-semis à une période propice aux levées de graminées, par exemple le 25 septembre pour un semis au 10 octobre », explique Marc Delattre. De son côté, Jacky Reveillère remarque des pro- blèmes de graminées beaucoup moins importants dès lors que l’on introduit des cultures de printemps dans la rotation culturale. Le contrôle des adventices se gère sur le long terme.

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