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Edito : la fable de la betterave, la jaunisse et les néonicotinoïdes

La décision de permettre le retour des néonicotinoïdes sur betteraves a une nouvelle fois suscité de violentes passes d'armes, mettant une fois de plus en évidence le fossé entre les points de vue, et la difficile transition vers une baisse massive de l'usage des produits phytos.

Pour la deuxième année d’abstinence néonicotinoïdique, les betteraves françaises ont subi un assaut de pucerons d’une intensité inédite. © ITB
Pour la deuxième année d’abstinence néonicotinoïdique, les betteraves françaises ont subi un assaut de pucerons d’une intensité inédite.
© ITB

La betterave, la jaunisse et les néonicotinoïdes : ce pourrait être le nom d’une fable. Et, à certains égards, c’en est une, tant cette histoire s’apparente à une leçon de vie, ce qui est le propre de ces récits. Voici donc qu’en 2016, une loi est votée interdisant les néonicotinoïdes. Promis, juré, cela n’engendrera aucune impasse technique.

Quatre ans plus tard, pour la deuxième année d’abstinence néonicotinoïdique, les betteraves françaises subissent un assaut de pucerons d’une intensité inédite. On ressort les pulvés, on traite et on retraite avec les insecticides autorisés, rien n’y fait : la jaunisse s’étend.

À la CGB, on s’alarme sur l’air de « on vous l’avait bien dit », et on urge les pouvoirs publics de dégainer un plan de soutien pour ne pas assister à une hémorragie de planteurs, synonyme de faillite industrielle et de nouveaux chômeurs. Parmi les mesures : permettre — à l’instar d’autres pays européens — l’usage dérogatoire des néonicotinoïdes honnis, symbole des pesticides tueurs d’abeilles.

Le tout frais ministre de l’Agriculture accède à la demande. Au passage, sa collègue de la Transition écologique se voit contrainte de justifier l’usage de produits qu’elle avait contribué à interdire en 2016, renforçant l’image des « politiques girouettes ».

Hourra chez les planteurs, consternation chez les opposants au tout phyto. S’ensuit la désormais traditionnelle polémique scientifique, chacun justifiant sa position sur la base d’arguments attestés en laboratoire (« pas de risque pour les abeilles, les betteraves ne fleurissent pas », assurent les uns ; « la rémanence dans le sol de ces produits sera fatale pour les pollinisateurs », rétorquent les autres).

La morale ? C’est que l’exécutif a dû choisir entre deux maux pour cause d’impréparation. Les pesticides sont mauvais pour l’environnement. Mais le monde agricole n’est pas encore suffisamment armé pour basculer massivement dans l’ère du zéro phyto. Entre inertie et précipitation, difficile de trouver le bon tempo.

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