Aller au contenu principal

Agriculture/Gibier/Environnement
Dix-huit ans de gestion cynégétique

Agriculteur et chasseur, Jacques Hicter a adapté, depuis 1985, ses pratiques et son parcellaire pour le développement des perdrix grises. C´est un succès pour le gibier et pour l´environnement.


« En 1985, onze cou-ples de perdrix grises avaient été recensés pour cent hectares. A partir de 1998-1999, sur la ferme du Bois de Cabaret située au nord de Saint-Quentin (Aisne), entre 80 et 90 couples sont dénombrés pour la même surface. » Sur l´exploitation de Jacques Hicter, la perdrix grise se porte bien, merci. Il faut dire que l´agriculteur a mis en oeuvre les conditions idéales à son développement.
Après quelques tâtonnements de 1985 à 1987 (agrainage à la volée, culture à gibier près des bois.), Jacques Hicter modifie son parcellaire, ce qu´il considère comme « une vraie révolution. J´ai coupé mes parcelles pour augmenter la capacité d´accueil du territoire. Les perdrix vivent sur les lisières de champ. » L´agriculteur plante quelques haies mais surtout, il sépare ses nouvelles parcelles de bandes de maïs de huit à dix mètres de large, soit au total sept bandes pour quatre kilomètres. Autre révolution : l´agrainage ne se fait plus à la volée mais à l´agrainoir. « Chaque couple de perdrix possède un agrainoir qui correspond à son territoire », ajoute le producteur. Soixante agrainoirs avaient été disposés à cette époque.

En 1992, avec la nouvelle Pac, arrive la jachère obligatoire. Le maïs en fait les frais. « Dans un premier temps, il a été remplacé par des bandes de jachère de vingt mètres de large. Mais cette largeur obligatoire pour des bandes était inconcevable dans mon parcellaire. » La possibilité de pratiquer de la jachère industrielle dès 1995 apporte une solution plus réaliste. « Je mets côte à côte quatorze mètres de jachère industrielle (blé) et six mètres de jachère &quote;faune sauvage&quote;. Cette dernière est composée de mélanges de maïs-millet ou de choux-avoine-sarrasin. » L´agriculteur s´attache également à alterner céréales d´hiver et cultures de printemps (betteraves, pois, féverole) entre les parcelles mitoyennes. « Il n´y a jamais deux cultures identiques côte à côte. »
©D. R.

Plus de labour et jachères modifiées
1998 : Jacques Hicter n´est plus à une révolution près. Il décide d´arrêter le labour et rejoint les rangs des adeptes du travail superficiel du sol. « C´est une décision pour arrêter les phénomènes d´érosion constatés sur mes sols battants et le lessivage de l´azote. Après coup, j´ai pu remarquer que cette orientation avait également des effets positifs sur la faune sauvage en préservant les organismes auxiliaires du sol dont profitent les animaux. »
En 2000, le producteur modifie la composition de sa jachère faune sauvage. « Comme avant, je garde trois mètres de large du mélange de cultures et les trois mètres restants sont composés d´un mélange de graminées (dactyles, fétuques élevées et fléoles). Ce type de jachère produit beaucoup d´insectes dont se nourrissent les perdreaux. En plus, il a été prouvé qu´elle sert de refuge à tout un cortège d´insectes auxiliaires utiles comme prédateurs des ravageurs de la betterave en particulier(1). » Jacques Hicter n´a plus besoin d´utiliser d´anti-limaces depuis quelques années.

Par ailleurs, il choisit ses traitements de semences sur des critères toxicologiques et de non-risques pour le gibier. Le dernier traitement insecticide sur céréales est évité sur une largeur de six mètres sur le tour des parcelles. Il n´entretient jamais ses jachères après le mois de mars (broyage à 30 cm de haut ou traitement à base de glyphosate) et il prend le soin de réaliser les récoltes du centre vers l´extérieur. « Je laisse une bande de chaume plus haute au milieu de la parcelle pour servir de refuge à gibier », ajoute l´agriculteur-chasseur.
Après avoir fait de la ferme du Bois de Cabaret une référence en matière de gestion cynégétique et environnementale, Jacques Hicter s´est aussi occupé d´une autre partie de son exploitation : un peu plus de cent hectares à Savy où le parcellaire a été complètement remodelé. Parcelles longues et étroites, alternances de cultures, bandes séparatrices avec jachères et buissons. un modèle de biodiversité.

(1) Étude d´Éric Ythier et de Jean-Louis
Bernard (Syngenta) analysant les auxiliaires des bordures de champs de betteraves.

Les plus lus

Semis direct de maïs précoce après un premier semis qui n a pas levé en raison de mauvaises conditions climatiques et des dégâts d'animaux nuisibles, corbeaux et ...
Semis de printemps : quelles solutions pour remplacer les orges de printemps non semées ?

Après les semis d’automne perturbés par les fortes pluies, la sortie d’hiver et les premiers semis de printemps sont, eux…

L'arrêté abeilles impose de réaliser les traitements de type fongicides sur le colza le soir.
Fongicides sur colza : quelles sont les conditions d'utilisation prévues par l’arrêté abeilles ?

Depuis 2023, l'arrêté abeilles impose le respect d'horaires pour utiliser certains produits phytosanitaires en période de…

Thomas Pointereau, agriculteur à Epieds-en-Beauce (45)  "Contre les volatiles tels que les pigeons, je fais une demande dérogatoire de tirs auprès de la préfecture ou de ...
Dégâts d’oiseau : « Je dépose des tas de grains de pois et de maïs en bordure des champs pour faire diversion »
Agriculteur à Épieds-en-Beauce (Loiret), Thomas Pointereau parvient à contenir les attaques d'oiseaux sur maïs. C'est plus…
Le décalage de semis de maïs ou de tournesol augmente le risque d'attaques importantes de pigeons et corvidés.
Dégâts d’oiseaux : des produits efficaces à venir en traitement de semences
De nouvelles spécialités corvifuges sont en cours de test pour le traitement de semences de maïs et de tournesol, avec parfois…
Déclaration PAC 2010 . Permanence organisation  par la chambre d'agriculture . Conseiller et agriculteurs associés . Dossier PAC . Aides du ministère de l'Agriculture . Télédéclaration. Telepac. Administration . Discussion technique sur la gestion du parcellaire. Carte. ordinateur.  --- Reportage complet disponible sur le site www.photoagriculture.com (pour obtenir un code dÂ’accès, contacter  S. Leitenberger : webmestre@leitenberger.fr).
Telepac 2024 : les 10 points à avoir en tête pour réussir sa déclaration PAC

La télédéclaration PAC doit être finalisée sur Telepac 2024 avant le 15 mai 2024. Jachères, conditionnalité, écorégime,…

Frédéric Thomas, agriculteur à Dhuizon (41)   "J’ai mis en place des cultures consommant et « transpirant » de l’eau, notamment au travers de couverts végétaux ...
Gestion du sol : « Pour mes maïs, j’ai cinq à six semaines de réserve en eau dans mes sols »

Agriculteur à Dhuizon (Loir-et-Cher), Frédéric Thomas a mesuré l'effet du non-labour et de la couverture végétale du sol sur…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures