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Difficultés de trésorerie : quelles solutions pour y faire face ?

Passé l’étape de la prise de conscience, un panel de solutions existent pour faire face aux difficultés de trésorerie de l’exploitation. Les leviers sont à activer en fonction de la gravité de la situation.

<em class="placeholder">Récolte 2020 de blé tendre dans le nord de l&#039;Eure-et-Loir, parcelle en mélange variétal de blé tendre.</em>
En cas de difficultés de trésorerie trop importantes, il est préférable de reporter les nouveaux investissements.
© G. Omnès

Une fois le diagnostic posé, si le constat est fait d’une trésorerie dans le rouge, plusieurs solutions sont possibles. Les leviers à activer dépendent du niveau de gravité de la situation. Une chose est sûre, la politique de l’autruche est à éviter. « Ça se passe toujours mieux si l’agriculteur prend les devants, plutôt que de laisser les factures s’accumuler sur un coin de table et se retrouver à gérer le problème dans l’urgence quelques mois plus tard », assure Amandine Bernard, conseillère et formatrice indépendante, spécialiste de la gestion de l’entreprise agricole.

Entamer le dialogue avec sa coopérative ou son négoce

Dans le cas de problèmes de trésorerie ponctuels, liés à la conjoncture, on peut commencer par se mettre d’accord avec ses fournisseurs pour décaler des factures. « Si l’on a l’habitude de tenir ses engagements, cela peut fonctionner », assure la conseillère. « Pour clarifier les choses, rien de tel que d’établir un écrit avec des échéances à respecter pour chacun », conseille Alban Crozat, du cabinet Crozat et associée basé à Soissons, dans l’Aisne. À l’inverse, on peut aller chercher l’argent qu’on nous doit : acompte de la coopérative, paiement d’une prestation de services…

Les années difficiles, comme peut l’être 2025 pour bon nombre de céréaliers, il faut en profiter pour réintégrer la déduction pour épargne de précaution (DEP), si cela n’a pas déjà été fait l’an dernier.

Faire le point sur ses crédits bancaires

Si la situation est plus critique, les solutions bancaires sont à activer. Cela commence par faire le point sur ses échéances de prêts. Il est souvent possible de demander des décalages d’échéances pour les prêts long terme. « Il est possible de convertir des annuités en mensualités, de les moduler ou même de faire des années blanches », précise Amandine Bernard. Cela peut laisser le temps de sortir la tête de l’eau. Dans tous les cas, la durée du crédit sera allongée. Limite de ces solutions cette année : les agriculteurs qui auront déjà fait appel au report d’échéances en 2024 pourront difficilement renouveler l’opération cette année.

Il est aussi possible d’augmenter l’endettement court terme pour consolider la trésorerie. On peut négocier une augmentation de son autorisation de découvert, mais les taux sont très élevés et ça ne peut être qu’une solution ponctuelle. Le recours au prêt court terme pour financer le cycle de production est préférable, même s’il ne doit pas dépasser un certain ratio, au risque de ne plus avoir la capacité de le rembourser. « Le maximum se situe autour de 40 % du produit brut », estime Amandine Bernard. « Il faut rester cohérent avec les productions de l’exploitation, complète Arnaud Viandier. On considère que le prêt court terme ne doit pas aller au-delà de 500 à 800 euros par hectare. On peut monter à 1 000 euros, mais ça doit rester très ponctuel. »

Si l’exploitant a besoin de plus pour financer la bonne marche de son entreprise, c’est sans doute que la rentabilité de l’exploitation se dégrade. Il faudra déterminer si le problème vient des charges ou des produits pour prendre les bonnes décisions. « Dans ces situations, il est souvent nécessaire de réunir l’ensemble des partenaires bancaires, fournisseurs et comptables pour connaître l’ampleur de la dette court terme globale », explique Arnaud Viandier, responsable de marché agriculture Crédit mutuel du Centre.

Les restructurations bancaires sont possibles, mais la plupart des experts notent qu’elles se sont faites très rares ces dernières années dans le contexte de taux bas. « Avec l’augmentation des taux d’intérêt, je commence à voir des dossiers où la banque propose ce type de solutions », avance toutefois Marie Decovemacker, accompagnatrice agriculteurs en difficulté de la cellule Réagir dans la Marne. La restructuration des prêts permet de réunir plusieurs crédits en un seul et d’établir un nouveau calendrier de remboursement. L’objectif est notamment de réduire les mensualités en étalant la dette sur une plus longue période. Dans certains cas, cela permet de renégocier un taux d’intérêt plus favorable.

Pour récupérer des liquidités, des solutions internes peuvent aussi être envisagées : vente de foncier, décapitalisation, cession partielle, vente immobilière… Il s’agit souvent de décisions difficiles à prendre, mais nécessaires pour assurer la pérennité de l’exploitation.

Gare à l’autofinancement

Faut-il autofinancer ou emprunter pour investir ? Pour Amandine Bernard, financer l’intégralité d’un investissement par de l’autofinancement s’apparente à une erreur de gestion. Le risque est de dégrader son fonds de roulement et de se retrouver à court de trésorerie pour financer le cycle de production, notamment en cas de mauvais résultats. « Lorsque l’on a une bonne année, il vaut mieux préserver l’excédent dégagé en prévision des coups durs », considère-t-elle. Plusieurs solutions existent pour refinancer un investissement afin de récupérer de la trésorerie. Dans le cas du matériel agricole, le plus courant est de recourir au lease-back (crédit-bail). Il s’agit de revendre un matériel neuf ou d’occasion qui a été autofinancé à une société de leasing. L’agriculteur conserve le matériel et verse un loyer en contrepartie.

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