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INTERCULTURE
Détruire ses couverts à moindre frais

Alternative aux broyeurs gourmands en énergie, différents types de rouleaux sont mis sur le marché pour répondre à la recherche de nouveaux outils de destruction des couverts végétaux.

Déchaumeurs, charrues, broyeurs… les moyens de détruire mécaniquement les couverts végétaux avec des outils dédiés ou non ne manquent pas. Aucun n’est parfait. On peut ajouter les rouleaux dans cette panoplie. Ils sont utilisables dans toutes les exploitations. Ils sont peu coûteux à l’achat. Ils ne nécessitent pas une forte puissance de traction. Mais derrière le roulage se cache une grande diversité d’outils qui répondent aux spécificités de chaque exploitation. Peut-on tirer profit d’un rouleau classique dans la gestion des couverts végétaux ? Arvalis a mené des tests avec du matériel de type Cambridge. Le passage d’un tel rouleau sur un couvert n’est efficace que sur des plantes gelées. Il amplifie l’action du gel sur des espèces moyennement sensibles comme la moutarde ou la phacélie. Les plants sont fragilisés sous l’action du gel. Le passage du rouleau les achève en éclatant les tiges. Mais la technique montre vite ses limites : inefficace sur certaines espèces comme les graminées et il est inutile de sortir le rouleau tant qu’il ne gèle pas, ce qui peut durer longtemps dans certaines régions ou selon les années. D’autre part, les plants doivent être bien développés pour que la destruction soit efficace. « L’efficacité d’un roulage sera très faible sur un couvert qui n’a développé que 2 tonnes de MS à l’hectare », précise Cyrille Bigot, conseiller en productions végétales à la chambre d’agriculture de Loire-Atlantique. La remarque vaut aussi bien pour les rouleaux que les broyeurs.


ROULEAUX HACHEURS

Des rouleaux d’un type particulier ont été conçus pour détruire les tiges de culture après récolte et les couverts végétaux. « Pour un coût de 8500 euros, j’ai investi dans un Roll Crop Actisol de 3 mètres de large en 2010, un rouleau spécifique que j’utilise pour détruire les couverts mais aussi les cannes de colza et de tournesol après récolte. Cela équivaut à une utilisation sur 75 hectares chaque année sur les 140 de mon exploitation », présente Jean-François Ingrand, agriculteur à Saint- Genard (Deux-Sèvres). Le producteur implante un couvert végétal entre les blés durs et les tournesols (ou les maïs non irrigués) avec des mélanges: vesce, avoine et pois en 2011, Chlorofiltre Mix (5 espèces) de Jouffray-Drillaud en 2012.

Des expérimentations de couverts végétaux ont été menées également sur son exploitation, ce qui a permis à l’agriculteur de bien tester l’outil. « Le rouleau peut s’atteler à l’avant ou à l’arrière du tracteur. Il ne nécessite pas une puissance de traction importante. On le fait juste rouler sur les végétaux à 15 kilomètres à l’heure, soit 4,5 hectares de l’heure pour cet engin de 3 mètres de large. La consommation de carburant est modeste : 6 litres/hectare. En prenant en compte le coût du matériel et sa consommation, un passage revient à 18 euros de l’hectare. » Le rouleau Roll Crop à lames ajourées répond aux attentes de l’agriculteur. Il remue un peu de terre pour la mélanger aux résidus végétaux et en accélérer la décomposition.Mais il peut être réglé de façon à ne pas toucher au sol.

 


CONSTITUTION DE MULCH AVANT LABOUR

« Il est préférable de passer en terrain sec ou légèrement humide où l’action destructrice des pales est encore plus efficace, remarque Jean-François Ingrand. Sur mes propres couverts ou dans les essais, je constate une bonne efficacité sur les moutardes (à condition qu’elles ne soient pas trop développées), les phacélies, les radis… L’avoine est plus coriace quand elle commence à monter à graines mais le résultat est le même un mois après le passage. Le couvert est bien détruit et le labour qui suit se fait dans d’excellentes conditions pour l’enfouissement des résidus. Le résultat agronomique est satisfaisant. »

Pour les situations de non labour et plus précisément de semis direct, la société Grégoire Agri a conçu une version propre du rouleau Faca. « C’est un rouleau plat sur lequel on soude des lames simples ou biseautées. Notre outil est à destination des producteurs en techniques culturales simplifiées et semis direct », précise Jean-Luc Grégoire, directeur de Grégoire Agri. « Ce matériel ne fait que coucher la végétation du couvert en écrasant les tiges. Il ne produit pas de mulch contrairement à un outil de type rouleau hacheur, observe Cyrille Bigot. Le semoir passe facilement derrière sans que ses éléments ne soient obstrués par les débris végétaux. » Le rouleau écraseur de Grégoire Agri coûte moins de 7000 euros (sans attelage) et 7 500 euros avec un attelage avant pivotant et une largeur de 3,10 mètres. La vitesse de travail est de 10 kilomètres à l’heure avec semoir. Il existe une version large de 6,20 mètres.


UN ROULEAU QUI LACÈRE ET ÉCRASE

Constructeur de dimension internationale, Vaderstäd y va de sa version de rouleau à lames tranchantes, le Crosscutter. « C’est un outil adaptable à l’avant des déchaumeurs Carrier (anciens ou récents). Il consiste en un tambour équipé de six rangées de couteaux tranchants en acier. Le Crosscutter lacère et écrase notamment la partie ligneuse des couverts facilitant ainsi leur destruction par le gel puis leur bonne décomposition avant les reprises de printemps », présente un communiqué du fabricant. « Il est beaucoup moins gourmand en carburant qu’un broyeur, assure François Doisy, de Vaderstäd. Un tracteur de 180 chevaux suffit à tirer un Carrier 650 équipé du Crosscutter pour assurer hachage et déchaumage. » L’outil est disponible à compter de cet automne pour un prix de 9 400 euros pour la version 6,50 mètres. Ils hachent, écrasent, lacèrent… les rouleaux prennent de plus en plus la place des broyeurs.

AVIS D’EXPERT

Alain Tournier, conseiller à la chambre d’agriculture de l’Aisne.

« Attention aux couverts obligeant à un broyage onéreux »

« Le broyage est une pratique traditionnelle dans notre région pour les agriculteurs qui ont opté pour la moutarde comme couvert d’interculture. Cette plante est souvent choisie pour son faible coût des semences. Mais avec son fort développement, la moutarde nécessite un broyage dont le coût annule les économies faites à l’implantation. Sur des plantes hautes, le passage d’un broyeur coûte de 30 à 40 euros de l’hectare. Il peut être plus judicieux de porter son choix sur un couvert avec des plantes basses, composé par exemple d’avoine de printemps, de phacélie, de vesce et/ou trèfle. Le mélange est plus coûteux en semences mais il ne nécessitera ni broyage, ni destruction chimique. Dans la majorité des cas, ces couverts auront disparu au printemps après l’action du gel. »

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