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Des variétés d'orge de printemps adaptables à tous les continents

La haute qualité brassicole se retrouve chez les orges de printemps. Ce type variétal est incontournable pour les brasseurs d'autant que des variétés sont utilisées aux quatre coins du monde.

La résistance aux stress hydrique et thermique de fin de cycle font partie des caractères recherchés dans l'amélioration variétale des orges de printemps.
© C. Gloria

La variété d’orge de printemps est brassicole ou n’est pas. Il n’y a pas d’orge de printemps fourragère. Le tableau des variétés préférées et en observation du CBMO(1) compte davantage de ces variétés que des orges d’hiver pour la filière malterie-brasserie. En qualité technologique, les orges de printemps gardent toujours un niveau d'avance par rapport aux orges d’hiver, comme sur le critère de l’extrait. « Elles continuent à progresser en qualité mais on atteint une certaine limite », selon Jean-François Herbommez, KWS Momont.

« Sur la teneur en protéines, des efforts ont été menés pour tirer ce taux vers le bas en introduisant un malus pour les variétés trop fortes en protéines. Mais depuis juillet 2017, l’objectif est plutôt au maintien d’un taux dans une fourchette avec un malus qui s’applique si l’inscription dépasse de - 10 % ou de + 10 % la moyenne des témoins en protéines, précise Louis-Marin Bossuet, responsable des études Vate pour les avoines, orges et blé dur au Geves. Comme en orge d’hiver, on a nettement progressé sur le calibrage en orge de printemps ces dernières années », ajoute-t-il. C’est un critère important pour la malterie.

Niveau d’exigence élevé sur la qualité technologique

De par leur qualité brassicole globale, les orges de printemps voyagent bien sur le continent européen, avec des variétés qui répondent aux exigences des différents pays. Plus que les autres orges, les variétés de printemps sont évaluées sévèrement sur leur qualité brassicole. « À la sélection, on peut parvenir à de bons profils de qualité pour certaines obtentions et alors, on en commence la commercialisation. Mais ensuite le stade de la validation par les industriels peut être fatal, signale Richard Summers, directeur de la sélection et de la recherche en céréales à paille chez RAGT Semences. Lors du processus de sélection, nous testons les variétés sur les différents critères de qualité technologique avec le peu de graines dont nous disposons au moment des premières productions de semences. Mais une utilisation à l’échelle industrielle avec davantage de grains peut révéler un manque sur un ou deux éléments de qualité, rédhibitoire pour les malteurs et brasseurs. La carrière de la variété est alors terminée. Cette mauvaise surprise est déjà arrivée. »

Les caractères de qualité technologiques continuent d’être travaillés, en explorant de nouvelles voies, par exemple au travers du projet FSOV PROsIT, pour déterminer les protéines d’intérêt dans la qualité brassicole des orges.

L’orge de printemps pâtit d’une diversité génétique relativement restreinte en Europe, davantage que les orges d’hiver. « On se dirige de plus en plus vers un pool génétique de type anglais (comprenant des variétés comme RGT Planet ou KWS Irina), assez 'consanguin', remarque Dominique Véquaud, responsable de la sélection des orges de printemps chez Secobra Recherches. Nous introduisons de nouvelles génétiques avec parfois des précocités au cycle de développement très court », donne-t-il comme exemple. Cette recherche de diversité génétique est une condition pour cette orge d’enregistrer un progrès variétal sur plusieurs caractères à la fois.

Bien répondre aux aléas climatiques de fin de cycle

L’amélioration des orges de printemps concerne aussi ses caractères agronomiques, notamment avec son cycle court qui la rend vulnérable aux aléas climatiques. La céréale est soumise à une fin de cycle cultural avec des périodes de conditions échaudantes parfois. « Une manière d’éviter ces phénomènes de déshydratation des tissus est d’améliorer l’exploration du sol. Des gènes sont connus pour gouverner le développement racinaire des orges et l’introduction de ces gènes dans du matériel élite est un des axes de travail des sélectionneurs, explique Dominique Véquaud. Nous devons répondre également à la demande de semis précoces dont un objectif est que la plante échappe à la période de limitation en ressource en eau en achevant son cycle de croissance avant. Mais les semis précoces augmentent les stress biotiques comme les attaques de pathogènes tel la rhynchosporiose et l’helminthosporiose, note le spécialiste de Secobra. De nouvelles maladies émergent comme la forme maculata de l’helminthosporiose et la ramulariose contre lesquels la génétique doit apporter des réponses sous la forme de caractères de tolérance. » Le déterminisme génétique de la dormance des grains est étudié car l’orge de printemps peut subir une germination sur pied quand les températures sont élevées au moment du remplissage.

Un atout dans la rotation culturale

La valorisation de l’azote par la plante est également à l'étude. On obtient des variétés naines alternatives associant la qualité des variétés naines très productives et peu sensibles à la verse à celle de variétés non naines valorisant bien l'azote.

L’orge de printemps n’est pas près de disparaître au profit de variétés d’hiver par exemple. Elle est importante agronomiquement dans les rotations culturales. « Au Royaume-Uni en particulier, elle suscite un regain d’intérêt dans certaines zones où l’on ne contrôlait plus les vulpins », remarque Dominique Véquaud. C’est devenu une culture attractive grâce à son aide dans la rotation pour casser le cycle de développement de graminées adventices dont la résistance aux herbicides s’est généralisée. D’autre part, l’orge de printemps est l’espèce qui voyage le mieux dans le monde, présente sur les cinq continents avec parfois les mêmes variétés cultivées de part et d’autre des océans.

(1) Comité bière malt orge.
EN CHIFFRES

Des surfaces nettement en hausse

Près de 500 000 ha aux semis 2018 ;

569 000 ha en 2019 selon les statistiques du ministère de l’Agriculture ;

+17,4 % en un an de progression des surfaces d'orges de printemps (OP) en France ;

55 % des surfaces d’OP en 2019 seraient couvertes par la variété RGT Planet. En 2018, selon les grandes régions de production, la variété occupait entre 59 % et 90 % des surfaces d’OP ;

Environ 8 nouvelles variétés inscrites en France chaque année avec une légère inflexion ces dernières années, peut-être due à l’arrivée de RGT Planet qui a placé haut le curseur du rendement pour les inscriptions actuelles.

 

RGT Planet, star planétaire

RGT Planet domine outrageusement les débats en orge de printemps en France. C’est la variété star de RAGT Semences. Elle est également bien développée dans d’autres pays d’Europe, entre 22 % et 32 % des surfaces de semences certifiées d’orges de printemps en 2019 dans des pays aussi divers que le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Danemark, l’Irlande, la Suède, les Pays-Bas. L’orge est également développée sur d’autres continents, au Chili, en Australie. Elle est testée ailleurs : Brésil, Afrique du Sud, Kazakhstan, Inde, États-Unis, Canada, Éthiopie, Russie… RAGT se fait fort de présenter son orge dans 43 pays.

Dur de trouver une place à côté de RGT Planet en France. « Elle a encore quelques belles années devant elle, davantage que la variété Etincel en orge d’hiver qui domine également, note Isabelle Chaillet, Arvalis. Inscrite en 2014, RGT Planet s’avère très productive avec une bonne qualité brassicole et un bon comportement aux maladies. »

Une combinaison de caractères favorables

« Notre variété combine différents bons caractères, remarque Richard Summers, RAGT Semences. Elle n’a pas de défaut. Sa forte productivité s’explique par sa très belle fertilité d’épi avec un grand nombre de grains par épi, un développement des grains bien calibré en même temps et régulier. C’est une variété assez souple pour sa culture avec une implantation dans divers pays. » Arvalis apporte un petit bémol en notant la sensibilité moyenne à la verse et à la rouille naine tout en notant qu’elle a été la plus productive dans le réseau d’essais Arvalis en 2014, 2015 et 2016, trois années climatiques très contrastées. En 2017 et 2018, elle était toujours positionnée dans le groupe de tête du regroupement en se remarquant par sa grande régularité de rendement. Il sera difficile de la déloger même si quelques variétés récentes comme KWS Fantex, Fandaga et Focus se situent à son niveau sur la productivité mais avec une plus grande irrégularité de rendement.

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