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Productions végétales
Des haies pour protéger les cultures et les sols

Les opérations incitant à la plantation de haies sont nombreuses et variées dans les différents départements français. L´agriculteur peut en tirer des bénéfices.


Refuges pour les organismes auxiliaires ou le petit gibier, action contre l´érosion, brise-vent, embellissement du paysage. Les haies procurent de multiples avantages au milieu rural. Leur plantation relèvera d´une réflexion dans le contexte d´une exploitation et d´une région. « Le choix des essences tient compte des besoins de l´agriculteur. Par exemple, pour favoriser les organismes auxiliaires, nous conseillons le sureau qui peut héberger nombres d´insectes utiles grâce à ses tiges creuses, précise François-Xavier Valengin, du Centre régional de la propriété forestière (CRPF) du Nord-Pas-de-Calais Picardie. En revanche, des espèces d´arbres sont écartées car elles sont connues pour être hôtes de maladies (rouilles) ou de ravageurs (pucerons). »

« On a toujours intérêt à associer une haie à une banquette herbeuse, ajoute-t-il. Les graminées ont pour effet de retenir les pucerons en dehors de la parcelle. Les oiseaux comme les perdreaux y trouveront une source de nourriture en insectes. Une bande enherbée associée à une haie arbustive de hauteur limitée (moins de 3 m) répondra à un objectif cynégétique de protection du gibier. En plus, elle évite de retrouver l´effet négatif de la haie sur les rangs de culture toutes proches. »
Le type de sol intervient également sur le choix des espèces d´arbres. « Pour les sols calcaires du plateau Picard, on privilégiera des espèces calcicoles comme le nerprun purgatif, le camérisier balais, le cerisier de Sainte-Lucie, le cornouiller sanguin. », conseille le spécialiste du CRPF.
©D. R.


Des pertes en culture compensées par l´effet brise-vent
Pour les rangs situés en-deçà de quelques mètres de la haie, il y a une perte de rendement inévitable sur les cultures. Mais l´effet brise-vent de la haie compense cet inconvénient en ayant un impact bénéfique sur le rendement jusqu´à une distance de 15 à 20 fois la hauteur de la haie. « Un réseau de haies bien constitué dans le parcellaire permet un gain de température de 1 à 2ºC selon des études de l´Inra, ajoute François-Xavier Valengin. C´est favorable à la précocité des cultures. »
La haie a un pouvoir de rétention d´eau indéniable. « Dans le cas d´inondations, le maillage des haies ralentit l´écoulement des eaux et écrête la crue. sans empêcher celle-ci, prévient Philippe Pointereau, de l´association Solagro. Les haies retiennent l´eau par un effet de talus et permettent une meilleure infiltration de l´eau dans le sol. Au lieu de circuler en surface, l´eau s´infiltre et donc s´écoule beaucoup moins vite. »

A force de mettre en exergue leurs avantages, les haies regagnent du terrain. « Des opérations de plantation ont démarré en 1980, après les vagues de remembrement. Nous assistons à une légère croissance du linéaire planté. En 2002, au niveau national, on peut l´estimer à 3000 kilomètres contre 2 500 kilomètres cinq ans plus tôt », indique Philippe Pointereau.
Même constat dans le seul département de la Somme. « L´arrivée des CTE a engendré une explosion du nombre de projets de plantation depuis avril-mai 2000, constate Hervé Hemeryck, conseiller CTE à la Chambre d´agriculture de la Somme. Il existe plusieurs mesures-types sur les haies : selon l´emprise (3 ou 4 m), avec protection de clôture, alignement d´arbres, entretien et réhabilitation. » A l´échelle d´une exploitation, la Chambre d´agriculture a entrepris une étude d´impact des haies sur les cultures.
Respecter les distances avec les voisins.

Conseils généraux et Conseils régionaux acteurs
Les CTE (CAD dorénavant) ne sont pas seuls à fournir une aide financière à la plantation de haies. « Les Conseils généraux sont les initiateurs des programmes de replantation des arbres hors forêt depuis 1980. Ce sont des Conseils généraux que proviennent les fonds les plus importants pour la plantation de haies, considère Philippe Pointereau. Les Conseils régionaux interviennent de manière hétérogène dans le financement d´actions locales. Mais ils sont de plus en plus présents. Depuis une quinzaine d´années, des associations départementales de planteurs de haies se constituent. Elles sont soutenues par les acteurs locaux, Conseils généraux notamment, et prennent naissance autour d´agriculteurs, de particuliers. »

Sur la Picardie et le Nord-Pas-de-Calais, le CRPF est un organisme incontournable sur les conseils de plantation. Cet établissement dépendant du ministère de l´Agriculture, assure une aide technique gratuite auprès des agriculteurs intéressés, ainsi que le prêt d´une dérouleuse de bâche plastique. Elle réalise des commandes groupées de plants à la demande. Les fédérations départementales des chasseurs sont très actives dans certains départements sur la constitution de haies. D´autres acteurs interviennent comme les DDA, les Conseils d´architecture, d´urbanisme et d´environnement (CAUE dépendant des Conseils généraux). Même des compagnies d´assurance ont été amenées à financer la constitution de haies dans certains département pour réduire les dégâts dûs aux tempêtes. Service rendu par les agriculteurs, la plantation de haies bénéficie à tout le monde.

Les références ne manquent pas sur la plantation de haies, très bien documentées et richement illustrées. En voici une liste, non exhaustive.
Un site internet est entièrement consacré aux haies : www.educagri.fr/hedges
Quelques ouvrages :
- « Plantation et entretien des haies en Europe », d´Albert Reif et Thomas Schmutz, 2001, 130 p. Disponible auprès de IDF Diffusion - 23, avenue Bosquet - 75007 Paris. Frais d´envoi : 6 euros pour 1 à 2 brochures ; 8 euros de 3 à 9 ; 15 euros au-delà.
- « Planter des haies », 1999 (8e édition), de Dominique Soltner. 114 p. Prix franco : 23,20 euros à Diffusion Sciences et Techniques Agricoles - Le Clos Lorelle - 49130 Sainte-Gemmes-sur-Loire.
« Petit guide des arbres et haies champêtres », 2001 (16e édition), 20 p. Mêmes auteur et adresse. Prix : 6,80 euros.
« Bandes enherbées et autres dispositifs bocagers », 2001, 24 p. Mêmes auteur et adresse.
« Arbres et eaux » et « Arbres et biodiversité », 2 brochures de 10 euros chacune, 34 p. Disponibles auprès de Solagro - 219, avenue de Muret - 31300 Toulouse.

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