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Décollage de l’offre en biostimulants pour les traitements de semences

Avec une réduction des insecticides en traitement de semences, des biostimulants sont proposés sur la semence pour activer la levée des cultures et les rendre moins sensibles aux ravageurs. Tour d’horizon des produits disponibles sur maïs.

Une multiplication d’au moins par deux des surfaces en un an. Responsable développement marché de Valagro, Cédric Fortoul prévoit une progression du produit Releaseed de 20 000 hectares d’utilisation en France en 2018 à plus de 40 000 hectares en 2019. « Releaseed est une solution s’appliquant en traitement de semences (TS), principalement pour le maïs, explique-t-il. Il a été référencé chez les distributeurs à partir de 2015 mais nous connaissons actuellement un intérêt accru pour ce type de solution. Depuis le milieu de l’année 2018, nous sommes submergés de demandes d’essais avec des fournisseurs de semences. Le retrait de solutions insecticides en traitement de semences peut expliquer cet engouement récent de nos clients. »

Pourtant, Releaseed est un biostimulant et non un produit de protection des plantes pour lutter contre des ravageurs du sol, par exemple. Mais certains de ses effets comme l’amélioration de la germination et l’effet starter peuvent permettre à un maïs de rester moins longtemps au stade de sensibilité aux ravageurs (de la levée à 6 feuilles). Releaseed n’est pas non plus un engrais à proprement parler. Il est composé entièrement d’extraits d’une algue brune, Ascophyllum nodosum, traduits en substances biologiquement actives GEA 074, complémentées de manganèse et de molybdène.

Repousser les insectes du sol ou limiter les attaques de taupins

Chez Gaiago, on ne s’embarrasse pas de précautions pour proposer les produits de la gamme Vitam « pour repousser les insectes du sol » ou « pour limiter les attaques de taupins, nématodes et corvidés ». Ces spécialités ne sont pas homologuées comme produits de protection des plantes et ressemblent davantage à des biostimulants. Les produits Vitam’In et Vitam’Sure sont destinés à l’enrobage de semences. À base d’extraits de plantes et d’essences végétales entre autres, la gamme Vitam se caractérise par « une action sur la vigueur de la graine, une inhibition du développement des micro-organismes pathogènes autour de la graine et des substances naturelles répulsives des insectes du sol et aériens », précise la société sur son site internet.

Les semenciers s’engouffrent aussi sur ce marché et proposent une valorisation de leurs semences par un traitement avec un biostimulant. C’est le cas pour LG (Limagrain) qui a lancé Starcover. « Le projet techno-semence est destiné à explorer au maximum le potentiel génétique de nos variétés, présente Adrien Richard, ingénieur développement TS pour Limagrain Europe. Starcover fait partie de ce projet. LG développe ce TS biostimulant avec deux partenaires : Solvay qui fournit un extrait naturel de plante et Lallemand Plant Care qui apporte la bactérie Bacillus amyloliquefaciens (souche IT45, produit Rise P). »

Des gains de rendements de quelques pourcents

La bactérie et l’extrait de plante entrent en synergie pour améliorer l’élongation racinaire et la biodisponibilité des nutriments dans le sol (phosphore notamment). « On observe un chevelu racinaire beaucoup plus dense au stade 8-10 feuilles du maïs avec les semences traitées Starcover. Cela participe à un meilleur ancrage des plants, une bonne homogénéité entre eux. Nous avons mesuré un gain de rendement sur les trois quarts des situations testées avec une moyenne de + 3 %, toutes situations confondues », précise Adrien Richard.

Sur la semence, la bactérie est amenée sous forme de spores. De ce fait, les semences n’ont pas besoin d’être conservées dans des conditions spécifiques comme c’est le cas parfois pour des organismes vivants. « Elles peuvent être utilisées en l’état vingt-quatre mois », assure Adrien Richard. Pour les semis de maïs 2019, l’objectif de 60 000 à 80 000 doses avec Starcover a été fixé par Limagrain, soit l’équivalent de 30 000 à 40 000 hectares. Le produit sera moins cher qu’un traitement Sonido (néonicotinoïde), assure-t-on chez Limagrain.

Parmi les semenciers, MasSeeds propose depuis 2016 un enrobage comprenant un biostimulant (Agrostart) pour ses semences de maïs et de tournesol en associant le biostimulant (mélange d’acide humique et fulvique) à des molécules phyto (fongicide…). Syngenta avait annoncé en 2016 le lancement de la marque Epivio, pour sa « gamme de nouveaux biostimulants qui luttent contre les stress abiotiques par un traitement de semences ». Le groupe a conclu un accord avec Valagro en 2017, pour la production de biostimulants pour les semences mais le lancement d’Epivio Energy en France reste en suspens.

Un coût excédant les 20 euros de l’hectare

La société Arysta Life Science a également lancé son biostimulant pour les TS avec l’actif Exlicesyn (acronyme d’extrait ligno-cellulosique synergisant) composé d’acide fulvique et d’acide humique. « La mise au point du produit s’est faite en collaboration avec la société Bois Valor, spécialisée dans le pelliculage, précise Charlie Coquin, chef marché traitement de semences chez Arysta LifeScience. Avec notre actif, nous avons obtenu une première homologation, Arybiost Hybrides, solution liquide destinée au TS d’hybrides, à commencer par le maïs. Le produit sera proposé aux semenciers pour leurs TS avec de premières commercialisations en 2020. Avec ce produit, nous revendiquons une amélioration de la vitesse de germination, un meilleur développement du système racinaire ainsi que de la biomasse. Par rapport à des témoins non traités, nous avons obtenu une moyenne de +3,5 q/ha de rendement en 2018 sur 25 essais. » Le coût du produit sera de l’ordre de 12 euros par dose (0,5 hectare) de maïs.

Institut technique, Arvalis a prévu de premiers essais de biostimulants en traitement de semences de maïs cette campagne. Ce ne sera pas de trop pour se faire une opinion objective sur ces solutions en développement.

Un champignon mycorhizien sur la semence

Dans la catégorie micro-organismes, la société espagnole Symborg propose une solution à base du champignon formateur de mycorhizes Glomus iranicum var. tenuihypharum : Resid HC. « Cette souche maximise la production et améliore l’état physiologique du maïs ainsi que sa résistance aux stress », communique le groupe dont les produits sont distribués en France par les Établissements Bernard dans l’Ain. « Des rendements 7 % supérieurs en moyenne ont été démontrés sur maïs non irrigué », mentionne la société.

Les biostimulants sur la voie de l’additif agronomique

La plupart des biostimulants proposés en TS sont homologués au titre des MFSC, matières fertilisantes et support de culture. Tel est le cas pour le produit Arybiost Hybrides à base de l’actif Exlicesyn d’Arysta LifeScience. Mais une homologation MFSC doit être obtenue pour chaque produit commercial. « Nous avons comme objectif à moyen terme d’obtenir l’inscription d’Exlicesyn dans le groupe des Additifs agronomiques, signale Charlie Coquin, Arysta LifeScience. Nous aurons ainsi un numéro d’autorisation de mise en marché (AMM) sur lequel on pourra s’adosser pour développer des formules spécifiques selon les besoins des distributeurs et/ou semenciers. Pour chacune de ces formules, nous n’aurons pas besoin de déposer un dossier d’homologation supplémentaire. »

Colza et blé ne sont pas oubliés

Le maïs est la principale culture visée par les biostimulants en TS. Le soja et le tournesol sont concernés par certains de ces produits parmi les cultures d’été. Sur le colza, Limagrain prévoit de décliner sa solution Starcover sur colza pour les semis 2020. « Nous enregistrons de bonnes réponses sur cette culture avec une amélioration de biomasse à l’entrée de l’hiver et un meilleur état par rapport aux attaques d’altises », précise Adrien Richard, Limagrain Europe. Les céréales à paille ne sont pas en reste. Arysta LifeScience y déclinera son actif Exlicesyn aussi bien pour les stations de semences certifiées que pour les trieurs à façon. Outre la biostimulation proprement dite, le produit sera testé sur son éventuel effet sur l’impact des pucerons à l’automne.

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