Colza : que retenir du démarrage de la campagne 2025-2026 ?
Les colzas connaissent une levée hétérogène en fonction des dates de semis. La majorité des parcelles sont désormais sorties de la zone de sensibilité concernant les dégâts d’altises et de limaces.
Les colzas connaissent une levée hétérogène en fonction des dates de semis. La majorité des parcelles sont désormais sorties de la zone de sensibilité concernant les dégâts d’altises et de limaces.

Les colzas ne sont pas tous logés à la même enseigne avec un grande hétérogénéité de stades en fonction des dates de semis. Au 1er octobre, dans la plupart des régions, les stades s’étendent de 3 à 10 feuilles. Dans le Nord de la France, une partie des colzas est même encore en cours de levée après les pluies survenues fin septembre, d'après Nicolas Jullier, conseiller à la chambre d'agriculture de l'Aisne.
Les colzas semés précocement s’en sortent mieux face aux ravageurs
Les semis se sont étalés sur une période assez longue avec une première vague autour du 10 au 15 août. « Les semis les plus précoces ont permis d’obtenir des colzas suffisamment robustes pour faire face à la pression des ravageurs », assure Émeric Courbet, conseiller grandes cultures à la chambre d’agriculture de Haute-Saône.
Des resemis à cause des limaces
La situation est plus inégale pour les colzas semés durant la période de canicule mi-août ou juste après : « Ils ont dû attendre le retour des pluies pour lever et ont ensuite fait face à l’arrivée précoce du froid en septembre », note le conseiller. Résultat, ces colzas atteignent au 30 septembre le stade 3-4 feuilles dans ce secteur de la Haute-Saône et sont donc plus sensibles aux attaques de grosses altises (risque jusqu’à 4 feuilles) et de limaces (risque jusqu’à 3 feuilles). « Par endroits, les attaques de limaces ont été telles, qu’elles ont nécessitées des resemis », précise Émeric Courbet.
La plupart des parcelles sortent du stade de sensibilité aux attaques d’altises
Selon les régions, la part de semis plus tardifs est très variable. En Eure-et-Loir, Dominique Delaunay, agronome à la chambre d’agriculture, évoque « une petite fraction ». Au nord de la Bourgogne Franche-Comté, Émeric Courbet évalue à 90% les semis en conditions plus difficiles, après le 15 août. « Ces colzas commencent à atteindre une taille correcte », rassure toutefois le conseiller. Sur le secteur de l’ex-région Poitou-Charente, Élodie Tourton, ingénieure régionale chez Terres Inovia, constate « des semis groupés fin août juste avant les précipitations ».
Des moyens de lutte qui restent limités contre les grosses altises
L’hétérogénéité de stade des colzas intervient alors que la pression insectes est plus forte cette année qu’en 2023 et 2024 où les conditions climatiques n’avaient pas été favorables à leur développement. A l'inverse, cette année, « les températures froides le matin mais relativement douces l'après-midi permettent aux altises d'avoir une activité importante », note Nicolas Jullier. Dans la plupart des régions, la présence des grosses altises a été observée avec de l’avance par rapport à la moyenne, jusqu’à 15 jours dans certains secteurs.
Concernant les moyens de lutte, « dans les régions où la résistance forte aux pyréthrinoïdes (SKDR) n’est pas généralisée, la lutte insecticide contre les altises adultes peut s’envisager avec cet insecticide. En revanche, il n’existe plus de solutions insecticides efficaces contre les altises d’hiver adultes dans les secteurs où la résistance SKDR est généralisée », rappelle Mathieu Dulot de Terres Inovia. Concernant le Minecto Gold, qui bénéficie d’une dérogation de 120 jours sur tout le territoire, « l’application n’est autorisée qu’à partir de 6 feuilles du colza : stade où la lutte contre les adultes n’est plus justifiée », indique Élodie Tourton.
Résistance aux pyréthrinoïdes des grosses altises pour chaque département

Désormais, les regards se portent du côté du charançon du bourgeon terminal qui reste le ravageur le plus problématique à l’automne sur colza. Les premiers vols sont notamment observés dans le Centre-Val-de-Loire, le Grand Est ou encore en Bourgogne-Franche-Comté. La consultation régulière des Bulletins de santé du végétal et la pose de cuvettes jaunes permet de détecter sa présence et d'adapter les interventions. « Pour les vols de fin septembre, intervenir 15 jours après ; s’ils ont lieu courant octobre, intervenir 8 à 10 jours après les vols », précise Terres Inovia.