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Sondage
Changement climatique : comment les agriculteurs le perçoivent et s’y adaptent avec l’agroécologie ?

Le groupe bancaire BPCE a présenté le 18 juin les résultats de son Observatoire agriculture-viticulture 2025. L’enquête menée auprès de 1 206 exploitants montre que l’engagement dans une démarche agroécologique progresse, et dresse des profils types d’agriculteurs selon leurs rapports au changement climatique et aux restrictions d’eau. 

Culture d' orge de printemps pénalisée par un temps sec dans le sud Seine-et-Marne.
En fonction de l’exposition aux restrictions d’eau et à l’inquiétude face au réchauffement climatique, différents profils types d’agriculteurs ont pu être déterminés.
© Gabriel Omnès

Le groupe coopératif de banque et d’assurance BPCE a publié le 18 juin son Observatoire agriculture-viticulture 2025. En collaboration avec l’Ifop, 1 206 exploitants dont 500 viticulteurs ont été interrogés entre février et mars 2025 sur leurs perspectives à court et à long terme, leurs préoccupations, leurs pratiques et leurs rapports au changement climatique et à l’agroécologie.

Lire aussi : Les premiers prêts pour les agriculteurs français soutenus par la BEI disponibles auprès du réseau BPCE

L’agroécologie, un engagement qui augmente ? 

Selon le sondage, l’engagement dans une démarche agroécologique est en « nette progression » : 57 % des interrogés se disent engagés dans une démarche agroécologique, soit 8 % de plus que dans la dernière édition de l’Observatoire agriculture-viticulture de 2023. Parmi ces exploitants, les filières qui se démarquent sont les exploitations de fruits-légumes-fleurs avec 74 % de leurs répondants qui se déclarent les plus engagés dans une démarche agroécologique ; et les viticulteurs avec 77 % des répondants, soit 12 % de plus qu’en 2023. Globalement, « tout le monde est très engagé » dans une démarche agroécologique, assure Marion Stephan, responsable des études socioéconomiques du groupe BPCE. 

Lire aussi : Les viticulteurs en pointe sur l’agroécologie

Conservation des sols et certification environnementale, des activités de plus en plus pratiquées

Interrogés sur les activités qu’ils font déjà sur leur exploitation, les répondants indiquent en majorité pratiquer la conservation des sols (50 % des répondants, +15 % par rapport à 2023) et la certification environnementale (32 % des répondants, +8 % par rapport à 2023). 

Aussi, la production d’énergie via les panneaux solaires est l’activité la plus envisagée dans les cinq prochaines années, (23 % la pratiquent déjà, et 28 % l’envisagent). Si cette activité d’agrivoltaïsme intéresse souvent les plus grandes exploitations (dont le chiffre d’affaires est supérieur à 750 000 € par an) selon le sondage, elle se démocratise aussi auprès des petites et moyenne exploitations.

Lire aussi : Inquiets pour leurs revenus, près de 50% des agriculteurs envisagent de produire de l’énergie

Face au réchauffement climatique et aux restrictions d’eau, plusieurs profils d’agriculteurs se dégagent 

En fonction de l’exposition aux restrictions d’eau et à l’inquiétude face au réchauffement climatique, différents profils types d’agriculteurs ont pu être déterminés :

  • Les agriculteurs « détachés » (19 % des répondants) : ces exploitants sont plutôt âgés, généralement dans des petites exploitations dans le Nord-Ouest, et rejettent « massivement » les démarches environnementales. Ils ne sont pas inquiets pour le climat ou l’eau, et ne s’engagent pas dans l’adaptation ni dans l’innovation.
  • Les agriculteurs « passifs » (16 % des répondants) : ces exploitants sont peu inquiets face au climat et au manque d’eau, sont confiants dans leur résilience même s’ils se disent concernés par le manque d’eau à court terme. Ils sont peu investis dans l’adaptation.
  • Les agriculteurs « confiants » (19 % des répondants) : ces profils considérés comme « atypiques et singuliers » se distinguent par leur engagement important dans l’agroécologie avec des pratiques avancées, combinée à une confiance avec peu d’inquiétudes climatiques ou pour l’eau.
  • Les agriculteurs « anticipateurs » (18 % des répondants) : ces exploitants relativement jeunes ou installés récemment ont une conscience environnementale et climatique « particulièrement élevée », malgré le fait de n’être pas encore directement impactés. Ils cherchent à s’adapter et à se moderniser.  
  • Les agriculteurs « engagés » (27 % des répondants) : ces exploitants sont plus jeunes que les autres catégories, sont très concernés et inquiets du changement climatique et des restrictions d’eau, et sont engagés dans une transition agroécologique « avancée ». Ils ont déjà adapté leur pratiques culturales, énergétiques et d’irrigation, et visent des « stratégies concrètes de résilience ». 

Lire aussi : Eco-anxiété : les agriculteurs plus touchés que le reste de la population française selon une étude

Quel impact du changement climatique sur la conduite de l’activité ?  

69 % des agriculteurs interrogés se déclarent inquiets vis-à-vis du changement climatique, et 66 % estiment forts ses effets sur leur production (en excluant les réponses « Ne sait pas »). L’enquête montre d’ailleurs que les types d’exploitations les plus inquiètes sont celles en agriculture biologique (100 % se déclarent inquiets), tandis que les moins inquiètes sont les exploitations dont le chiffre d’affaires est supérieur à 750 000 € par an (58 % se déclarent inquiets). 

Le changement climatique implique aussi des modifications de la conduite de l’activité selon le sondage. Lorsqu’ils sont interrogés sur ce qu’ils comptent modifier à cause des aléas climatiques des deux dernières années (en particulier le gel et la sécheresse), les exploitants citent les techniques de production (28 % des réponses), la gestion de l’entreprise (25 %) et les stratégies d’investissement (23 %). Aussi, le type de production agricole est cité (22 %), en augmentation par rapport à 2023 (15 %). Tout comme les activités de revenus complémentaires comme l’agrotourisme ou production d’énergie (14 % des réponses, +7 % par rapport à 2023). 

Lire aussi : Céréales : l’effet du changement climatique sur les rendements mondiaux de blé, de maïs et d’orge estimé par des chercheurs

Quels besoins pour la transition agroécologique ?  

Pour pouvoir s’engager dans la transition agroécologique, seuls 17 % des exploitants interrogés indiquent ne pas avoir de besoin spécifique, soit 10 % de moins qu’en 2023. Ils sont donc plus nombreux à exprimer des besoins pour cette transition, parmi lesquels se démarquent : le besoin d’investir dans du matériel (33 % des répondants, +6 % par rapport à 2023), l’acquisition de connaissances sur la transition agroécologique (30 %, +5 % par rapport à 2023), l’aide technique (29 %, +7 % par rapport à 2023) et une main d’œuvre plus importante (24 %, +4 % par rapport à 2023).

Lire aussi : Accélérer la transition agroécologique : que répondent les agriculteurs à Jean-Marc Jancovici ?

Le revenu, la retraite et la cession-transmission restent les préoccupations les plus importantes

Si la prise en compte du changement climatique et l’engagement dans les pratiques écologiques se poursuivent, l’enquête montre toutefois que ce ne sont pas les préoccupations majeures à court terme des agriculteurs interrogés. D’abord, sur les 12 prochains mois, 37 % d’entre eux indiquent attendre une diminution de leur chiffre d’affaires soit 7 % de plus qu’en 2023. 44 % interrogés attendent une diminution de la rentabilité (+7 % par rapport à 2023) sur les 12 prochains mois, part qui augmente quand il s’agit d’exploitants en grandes cultures (55 %) et en viticulture (62 %). 

À moyen terme pour les deux prochaines années, les questions climatiques et agroécologiques ne sont toujours pas prioritaires. Selon le sondage, la préparation de la cession-transmission ou la retraite est la plus importante préoccupation pour 28 % des répondants, devant le financement du besoin de trésorerie (19 %) et l’amélioration de la santé de soi ou des proches (16 %). Le besoin de se prémunir des conséquences des aléas climatiques (5 %) semble donc en moyenne moins urgent pour les exploitants interrogés. 

À plus long terme, 33 % des agriculteurs prévoient de ne plus travailler dans cinq ans, un chiffre en hausse par rapport à 2023 (27 %). Pour ces répondants, la raison majeure est la retraite (76 %) avant les difficultés économiques (10 %). 

Lire aussi : Près d’un agriculteur sur cinq envisage de cesser son activité dans les douze mois à venir 

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