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Canicule : quelles nouvelles mesures obligatoires pour protéger les travailleurs agricoles et viticoles ?

Depuis le 1er juillet 2025, est entré en vigueur un décret renforçant les mesures de prévention pour les travailleurs agricoles et les salariés viticoles travaillant sous forte chaleur et en période de canicule. Le point sur ce qu’il faut appliquer. 

<em class="placeholder">Vendanges manuelles à Tauxières, dans la Marne, le 15 septembre 2023, chez Dominique Cadel. Vendange de pinot noir en caisses de 50 kg. Débardage par genre de grue ...</em>
Fournir de l'eau fraîche aux travailleurs, y compris sur les parcelles isolées, est l'une des obligations prévues par un décret renforcant les mesures de prévention en cas d'épisode de forte chaleur.
© C. de Nadaillac


 

Que faire pour les travailleurs agricoles en cas de canicule ? 

Se référer à la carte de vigilance canicule de Météo France 

Jaune, orange, rouge… ces couleurs des cartes de vigilance canicule Météo France nous deviennent de plus en plus familières. Elles alertent sur le niveau de vigilance à adopter en cas de forte chaleur. Être localisé dans une zone ainsi repérée implique d’appliquer les mesures de protection des travailleurs prévues par le Code du travail en cas de chaleur intense. Ces dernières ont été étoffées par le décret du 27 mai 2025 en vigueur depuis le 1er juillet 2025. « C’est à l’employeur de se tenir informé du dispositif de vigilance », prévient Simon Fraisse, conseiller en prévention des risques professionnels à la MSA du Languedoc. 

Évaluer les risques pour ses salariés agricoles et viticoles 

« Dans un premier temps, l’entreprise agricole évalue les risques en fonction de sa configuration, détermine les mesures pertinentes et les inscrit dans le Document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) », pose Laurence Beguel, conseillère en prévention des risques professionnels à la MSA Alpes-Vaucluse. L’article R. 4463-3 du Code du travail suggère des types de mesures. À chacun de les décliner selon les réalités de son entreprise. « Il peut s’agir par exemple de prévoir des pauses supplémentaires, de travailler dans des zones ombragées à certaines heures, illustre-t-elle, ou encore de modifier les horaires de travail »

« Tout cela se faisait déjà car c’est du bon sens », pointe Simon Fraisse qui intervient en Languedoc, où la chaleur intense ou la canicule n’est pas une nouveauté. Mais le décret vise à donner un caractère impératif aux mesures de bon sens et aussi à sensibiliser des régions jusque-là peu concernées par des chaleurs extrêmes. 

Prendre en compte la vulnérabilité face à la canicule 

Simon Fraisse indique également que l’employeur doit intégrer une vigilance particulière quant aux personnes vulnérables selon l’âge ou encore les antécédents médicaux connus. Il évoque l’indispensable prise en compte du risque solaire avec la couverture nécessaire de la nuque et des bras. Des mesures également à inscrire dans le DUERP. 

 

L’accès à de l’eau fraîche en cas de canicule au cœur des nouvelles dispositions du décret du 27 mai 2025 

L’eau, agent de prévention numéro un à proposer en quantité adaptée aux salariés agricoles et viticoles  

Pour Mounia Krimou, médecin du travail à la MSA du Languedoc, la nouveauté de ce décret est de mettre l’accent sur l’eau. Le Code du travail prévoit que « l’employeur met à disposition des travailleurs de l’eau potable et fraîche pour leur permettre de se désaltérer et de se rafraîchir ». L’article R. 4463-4 précise aussi qu’« en cas d’épisode de chaleur intense, une quantité d’eau potable fraîche suffisante est fournie par l’employeur » et que « l’employeur prévoit un moyen pour maintenir au frais, tout au long de la journée de travail, l’eau destinée à la boisson, à proximité des postes de travail, notamment pour les postes de travail extérieurs ». 

Rendre disponible de l’eau fraiche même aux salariés agricoles travaillant sur des parcelles isolées 

« La notion d’eau fraîche est nouvelle », insiste Laetitia Dumas, responsable du service des risques professionnels à la MSA Vaucluse. L’employeur doit donc trouver le moyen de procurer cette eau fraîche y compris si les travailleurs opèrent dans des parcelles isolées. Quant à la quantité d’eau, le Code rural précise que « lorsqu’il est impossible de mettre en place l’eau courante, la quantité d’eau mise à disposition à cette fin est d’au moins trois litres par jour par travailleur ». Laetitia Dumas estime qu’il faut plutôt prévoir « 5 à 6 litres ».  

Une sensibilisation sur l’hydratation en période de canicule 

Julie Rouanet, infirmière à la MSA Languedoc, signale avoir mesuré une perte de poids d’un salarié paysagiste de 2 kg après une heure de travail avec un taille-haie. Elle insiste sur la rapidité de la perte hydrique et donc sur l’importance de gérer l’hydratation

 

Une obligation d’information des travailleurs sur les risques de la canicule 

Former les salariés agricoles et viticoles sur l’utilisation du matériel de protection contre la canicule 

Autre obligation, celle d’informer les salariés des risques liés à la chaleur et les former à utiliser le matériel de protection éventuellement proposé. Les services Santé-Sécurité au Travail de la MSA peuvent aider les employeurs à appliquer les nouvelles dispositions et notamment la mise à jour du DUERP avec des mesures adéquates. La MSA Paca dispose par exemple d’une plaquette d’information qui suggère des idées de dispositions face à la chaleur intense.  

Rappelons que face au changement climatique, 80 % des vignerons et salariés saisonniers s'estimaient soumis à des risques physiques, selon l'étude Clisève, réalisée durant le printemps et l'été 2024 par Croissance Bleue et Lapa-Research auprès de 600 vignerons et salariés viticoles en Champagne, Bordelais et Provence. 

Le décret est consultable ici 

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