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Moissonneuse-batteuse : bien récolter sans exploser les coûts

Vu le coût des moissonneuses, l’investissement justifie d’être raisonné. Location, achat neuf ou d’occasion, seul ou à plusieurs, via une Cuma ou un prestataire: à chaque système ses atouts et ses contraintes.

Le ration puissance/surface permet de voir rapidement si la machine est adaptée à la surface à battre. © J.-C. Gutner
Le ration puissance/surface permet de voir rapidement si la machine est adaptée à la surface à battre.
© J.-C. Gutner

A près des années de baisse, le coût moyen des chantiers de moisson repart à la hausse, sous l’effet de la complexification des assolements et de la hausse du prix des machines. Une réalité qui justifie de se poser la question de l’organisation de ce pic de travail: faut-il renouveler l’achat seul, se mettre à plusieurs, opter pour de l’occasion, louer une machine ou faire appel à un prestataire? « En cas d’achat, une question mérite d’être posée : qu’est-ce que ça va me rapporter ? », rappelle Cyril Durand, consultant au Cerfrance Alliance Centre.

Si la capacité d’investissement est déjà saturée, acheter une moissonneuse n’est peut-être pas la meilleure idée. D’autant qu’il faut parfois aussi renouveler un tracteur ou une benne. Mais à l’issue du remboursement des annuités, la machine est amortie et les coûts de battages diminueront nettement. La machine conserve par ailleurs une valeur résiduelle. Cela peut financer en partie son futur remplacement, ou aider à reconstituer une trésorerie si l’on opte alors pour une location ou une prestation.

La surface à battre, clé de l’équation

« Quelle que soit la formule envisagée, la première chose à faire est de calculer le budget que l’on est à même d’engager chaque année sur ce poste », explique Richard Wylleman, conseiller en agroéquipements à la chambre d’agriculture de l’Yonne. La surface à battre est évidemment un élément clé de l’équation. Plus la surface à moissonner est faible, moins une acquisition est envisageable. Plus elle est élevée, plus les marges de manœuvre sont grandes.

« Pour battre 150 hectares, acheter une moissonneuse neuve n’est pas raisonnable. Pour 500 hectares, l’équation est différente », résume Damien Le Helloco, conseiller d’entreprise au Cerfrance Seine-Normandie. Pour déterminer cette enveloppe, on peut regarder l’historique de son compte de résultat, les moyennes de groupes comparables, ou les moyennes départementales.

La moyenne du coût constaté au fil des ans sur l’exploitation peut avoir ses limites : le coût de moisson d’un agriculteur travaillant seul mais qui se fait aider par un retraité âgé et possède une machine de 15 ans sera très bas, mais cette organisation est-elle durable ? De même, il est recommandé d’éviter les propositions de battage à prix cassés, qui déstabilisent le marché.

Si l’on prend l’exemple de la région Grand Est, le prix moyen du battage avoisine les 76 euros/ha, avec des écarts de 53 à 93 euros/ha. Pour une exploitation disposant d’une surface à battre de 130 hectares, le coût annuel moyen devrait donc approcher les 9 900 euros par an. Si l’enveloppe consacrée est très supérieure, cela peut susciter des questions sur les raisons (justifiées ou non) de cet écart.

Calculer le débit nécessaire en fonction des jours disponibles

La puissance de la machine est-elle adaptée à la surface à battre ? Pour s’en faire une première idée, on peut s’appuyer sur le ratio puissance sur surface. « En zone à fort potentiel, le chiffre de 1,0 ch/hectare pour une machine conventionnelle est un bon repère », indique Richard Wylleman. Pour une moissonneuse d’occasion, on peut compter 1,5 ch/ha. Il faut toutefois tenir compte du nombre de jours disponibles pour moissonner, qui est influencé par la pluviométrie. « Dans l’Yonne, nous disposons en moyenne de 17 jours par an, or nous observons que la moisson dure plutôt 11 jours. »

En Normandie, le nombre de jours disponibles tombe à 13 environ, ce qui influence les prix du battage, plus proches de 110 euros/ha. Multiplier le nombre de jours disponibles par le nombre d’heures travaillées quotidiennement durant la moisson permettra d’estimer le débit de chantier à atteindre. Lorsqu’on a 17 jours praticables, pour une durée de travail de 8 heures par jour, le temps disponible sera de 136 heures. Pour 350 hectares, le débit de chantier sera de 2,6 hectares à l’heure. Pour 500 hectares, le débit passera à 3,7 hectares à l’heure.

Attention à faire les comparaisons toutes choses égales par ailleurs : les charges de main-d’œuvre, de carburant, les assurances et l’entretien ne doivent pas être oubliés. Assurer une moissonneuse-batteuse coûte autour de 1000 euros par an et les frais d’entretien d’un tel engin sont élevés, autour de 16 euros/ha. Sur une machine neuve renouvelée tous les sept ans, les frais resteront contenus vu les garanties.

Sur une machine d’occasion, on doit en revanche s’attendre à des surprises, avec des pièces parfois chères et nécessitant un long délai pour la livraison. Une immobilisation de la machine plusieurs jours en pleine moisson peut coûter cher en réparation et en dépréciation de la récolte. « Le coût de la moisson devient vite un élément important du coût de mécanisation total d’une exploitation, rappelle Sylvain Deseau, conseiller agroéquipement à la chambre d’agriculture du Loiret. Le battage est l’un des postes de mécanisation qu’il faut absolument comprimer si l’on souhaite rester compétitif lorsque le cours des céréales est au plus bas. »

Acheter quelques années avant la retraite : une idée à envisager

« L’idéal, si le choix se porte sur un achat, serait d’avoir la possibilité de faire des prestations alentour », note Damien Le Helloco. Mais ce n’est ni la largeur, ni la puissance de la machine qui fait sa rentabilité. Les coupes extra-larges ne sont pas les plus agiles dans les parcellaires morcelés ou en pente.

L’équation évolue aussi avec l’âge : si l’envie d’acheter une machine neuve est hors de portée en début de carrière, cela peut être possible quelques années avant la retraite, notamment grâce à l’exonération de plus-values accordée à l’occasion d’une cession totale d’exploitation, dont le montant compensera souvent l’effort d’investissement. Dans tous les cas, il faut comparer les tarifs de prestation, de location et d’achat. Bref, il est temps de demander des devis !

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