Betteraves : négociations ardues autour du futur accord interprofessionnel
Betteraviers et sucriers peinent à s’entendre sur les bases de négociation du nouvel accord interprofessionnel qui prendra effet en 2017, à la fin du régime des quotas.

Pour l’instant, je ne peux vous montrer que la première page. Sur le reste, nous ne nous sommes pas encore mis d’accord. » C’est par une boutade qu’Alain Jeanroy, directeur général de la CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves), a fait le point début décembre sur les négociations entamées avec les fabricants de sucre autour du futur accord interprofessionnel 2017-2019. Prévu dans le cadre de l’OCM unique, il doit prendre effet à la fin des quotas, au 30 septembre 2017. Si son existence n’est pas remise en cause, son contenu est incertain. Pour la secrétaire générale de la CIBE (betteraviers européens), Elisabeth Coste, « le cadre est très précis dans le fait qu’il accorde des dérogations aux associations de planteurs pour négocier avec les fabricants, notamment sur les conditions d’achat de la betterave et les contrats ». Mais pour les fabricants de sucre, cette dérogation aux règles de la concurrence présente des risques. Questionnée, la commission doit produire un nouvel acte juridique. Le 8 décembre, lors de l’assemblée générale de la CGB, Catherine Geslain-Lanéelle, directrice générale de la performance économique et environnementale des entreprises (DGPE) eu ministère de l’Agriculture, a douché les espoirs des planteurs. Selon elle, il est « improbable que l’acte juridique vienne autoriser la négociation collective du prix ».
Les industriels ne veulent pas être pris au piège d’un accord trop restrictif
Dans ce contexte, les fabricants français traînent des pieds. interpellés le 8 décembre, Thierry Lecomte, président de Tereos, et Olivier de Bohan, président de Cristal Union, se sont montrés tous deux favorables à un accord interprofessionnel… Sous conditions. « On peut y mettre les éléments techniques qui y sont présents aujourd’hui, qu’il faut discuter et dépoussiérer un peu, explique Thierry Lecomte. Mais de là à avoir des prix… » De son côté, Cristal Union travaille le sujet avec ses planteurs. « Nous avons besoin d’un accord national de base pour que la filière reste forte, juge Olivier de Bohan. Mais il doit tenir compte du fait qu’aujourd’hui, les industriels sont à 80 % des coopératives. » Cristal Union s’interroge entre autres sur la valorisation de la pulpe de betteraves, aujourd’hui rendue aux planteurs et destinée à l’élevage ou aux usines de déshydratation.
La CGB veut une clé de répartition des prix pour sécuriser les planteurs
La CGB sait de son côté où elle veut aller. « Il faut apporter des formules connues avant les semis, a souligné Gilles Bollé, son trésorier, le 8 décembre. On ne va pas demander un prix mais une clé de répartition. » Comme dans le dernier règlement sucre, il s’agirait de redonner 44 % du prix du sucre aux planteurs et 56 % aux industriels. Le calcul tiendrait compte de la réalité des débouchés de la betterave chez chaque sucrier et s’appuierait sur l’observatoire des prix.
Trouver un terrain d’entente sera nécessaire. D’autant plus que, comme l’a rappelé Serge Lhermitte, délégué interministériel et auteur d’un rapport sur la fin des quotas, « demain, gagner de l’argent ne sera plus aussi automatique que ça ». La concurrence sera forte.
Des betteraves de janvier payées plus cher
Avec un rendement moyen de 87 t/ha à 16° très affecté par la sécheresse et un prix moyen de 25,50 €/t en raison de la baisse des cours du sucre, l’année 2015 est mauvaise. « Cette année, on est à zéro de marge », a rappelé Alexandre Quillet, président de l’ITB (Institut technique de la betterave) le 8 décembre. Optimiser les coûts de production de la filière s’impose. Pour la CGB, cela passera par un allongement des campagnes, à 100 voire 120 jours, donc des arrachages plus tardifs avec les contraintes de semis qui vont avec. Le syndicat y est prêt… si la rémunération suit, à 3 €/t en plus.