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A l´étranger
Au Danemark, la chasse aux pesticides dure depuis vingt ans

Taxation élevée, retrait de produits, formation et aide des agriculteurs, contrôle des pratiques. Depuis 1986, le gouvernement danois a mis en place des plans d´action pour réduire l´usage des produits de traitement.


Ses objectifs sont ambitieux. Divers produits ont été retirés du marché danois suite à la réévaluation sur le plan européen des diverses matières actives (directive 91/414/CE). Mais le Danemark est allé au-delà en interdisant des produits pourtant approuvés au niveau européen (inscription en annexe i, liste positive). Exit des herbicides comme l´isoproturon et le paraquat, des insecticides comme l´iprodione ou la deltaméthrine ou encore des fongicides.
Per Kudsk de l´Institut danois des sciences agricoles : « En incitant à diminuer l´usage des pesticides, nous avons généré une augmentation du revenu des agriculteurs. » ©C. Gloria

Diminution des traitements
Ces produits étaient jugés trop dangereux pour l´environnement. Des anciens produits aux doses à l´hectare élevées ont été remplacés par des spécialités plus récentes à la dose d´utilisation réduite. En tonnage de ventes, on est passé de 7 000 tonnes de produits (rapportés aux matières actives) au début des années 80 à 3 000 tonnes en 1999.
Le Danemark a aussi mis en place une mesure pour diminuer le nombre de traitements. Des objectifs ont été exprimés en termes de « Treatment frequency index » (TFI), à savoir le nombre de doses homologuées appliquées en moyenne par hectare. Ce TFI qui excédait trois dans les années 90 est tombé à 2,1 de 2000 à 2003.

Baisse de qualité du blé
« Des efforts importants ont été portés sur les conseils agricoles aux producteurs pour orienter leurs pratiques vers un raisonnement poussé des traitements. Un autre moyen a été de convertir des surfaces de production conventionnelle en agriculture biologique », explique Per Kudsk, chercheur en protection intégrée des cultures à l´Institut danois des sciences agricoles. Si l´objectif environnemental est en partie atteint, on peut s´interroger sur les répercussions économiques pour l´agriculture danoise des mesures contre les pesticides. « Avec la diminution du marché des produits phytosanitaires au Danemark, les sociétés agrochimiques se sont désintéressées de ce pays, en renonçant par exemple à y faire homologuer des produits innovants, interprète l´AGPB dans une étude du cas danois. Les agriculteurs ont un accès limité aux moyens de lutte évolués. D´autre part, avec la baisse de fertilisation, la production de blé est passée d´une qualité meunière à des productions ne servant plus qu´à l´alimentation du bétail. Le Danemark doit importer 80 % de ce qu´il lui faut pour sa production de pain ».
L´AGPB remarque également une remontée du TFI après 2003 qui atteint 2,3 au printemps 2006. « Ce regain a été provoqué par le développement de résistances aux produits des parasites », selon l´AGPB. Per Kudsk y voit plutôt « les conséquences de l´agrandissement des exploitations agricoles se traduisant par des pratiques de production plus intensives. L´utilisation des pesticides reste indispensable », ajoute-t-il.
Plus du tiers du prix dans les taxes
Une taxation a été mise en oeuvre en proportion de la toxicité des produits. Le niveau de taxation n´est en rien comparable à ce qui existe en France puisqu´il s´élève (en 2005) à 34 % du prix de vente des herbicides et fongicides et 54 % de celui des insecticides. Cette manne pécuniaire sert à financer les activités visant à réduire l´usage des pesticides dont plus de 80 % vont à des aides aux producteurs.

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