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Altises et charançons sur colza : les cinq points à retenir pour évaluer le risque dans ses parcelles

Une fois le colza implanté, la lutte contre les ravageurs d’automne que sont les altises et les charançons du bourgeon terminal doit plus que jamais passer par une observation à la parcelle, dans un contexte de résistance aux insecticides de plus en plus prégnant.

Prendre en compte les problèmes de résistance aux insecticides des altises d’hiver sur colza

Préserver les solutions chimiques disponibles en intervenant uniquement en cas de nécessité face aux attaques d’insectes : voici l’un des enjeux de la stratégie de gestion des ravageurs d’automne sur colza. Dans certaines régions de France, dont la liste s’agrandit au fil des ans, la mutation Super KDR implique un haut niveau de résistance des altises d’hiver (grosses altises) aux seuls insecticides autorisés, à savoir les pyréthrinoïdes. Même si la mutation Super KDR n’a jamais été détectée pour le charançon du bourgeon terminal, la prudence est également de rigueur d’autant plus que d’autres mécanismes de résistance sont présents dans les populations.

Obtenir un colza robuste

Dans ce contexte, il est indispensable de limiter les interventions insecticides en fonction de seuils basés sur une observation précise des infestations des ravageurs, du risque agronomique de la parcelle et du choix d’un insecticide adapté aux résistances présentes ou suspectées. Une fois que le colza est implanté, comment appréhender le risque lié aux principaux insectes ravageurs d’automne ? Compte tenu du cycle de ces insectes, la lutte se concentre davantage sur les larves pour les altises, et sur les adultes pour éviter les pontes concernant le charançon du bourgeon terminal.

Évaluer le risque dans ses parcelles

Les recommandations face aux altises adultes vont en faveur d’une intervention à titre exceptionnel et uniquement en cas de mise en danger du peuplement des parcelles. Selon Terres Inovia, « une intervention sur adulte, même tardive, n’aura que peu d’impact sur les infestations larvaires qui peuvent être visibles à l’entrée de l’hiver ». L’un des leviers réside donc dans la robustesse du colza, favorisée par un semis plus précoce. « L’idée est d’avoir un colza qui arrive au stade 4 feuilles avant l’arrivée des altises, afin d’éviter d’avoir à traiter les adultes », explique Marion Guillot, conseillère à la chambre d’agriculture de la Marne.

Idem, du côté des larves. « Le fait d’avoir des colzas plus poussants permet de mieux résister aux attaques de larves d’altise, mais également du charançon du bourgeon terminal », confirme Laurent Ruck, spécialiste de la gestion des ravageurs sur colza chez Terres Inovia. Un outil a été mis en place par l’institut technique pour aider les agriculteurs à évaluer le risque en fonction de certains paramètres. Il prend en compte plusieurs critères tels que la biomasse, l’enracinement, la faim d’azote, la longueur de l’hiver, mais aussi la pression des insectes avec le nombre de larves par plante concernant les altises d’hiver. Il indique ainsi le niveau de risque et la stratégie de traitement la plus adaptée au contexte de résistance, en fonction de la localisation géographique.

Adopter les cuvettes jaunes

Les outils d’observation à la parcelle sont à adopter, notamment les cuvettes qui doivent être enterrées dès le semis pour les altises adultes ou positionnées au-dessus de la végétation pour le charançon du bourgeon terminal. Ce dernier combine un risque agronomique et un risque historique. « Dans les situations où le risque agronomique est faible et la nuisibilité historiquement peu à moyennement fréquente, une impasse peut s’envisager », indique Terres Inovia. En cas de risque de nuisibilité avéré, la surveillance des cuvettes de la parcelle doit être comparée aux résultats des réseaux de piégeage communiqués par le biais des Bulletins de santé du végétal (BSV).

Effectuer un test Berlèse pour évaluer la présence de larves d’altise sur colza

Pour mesurer la présence des larves d’altises, l’évaluation du risque s’effectue la première quinzaine de novembre. « La méthode Berlèse est assez rapide à mettre en place, détaille Dominique Delaunay, conseiller agronomique à la chambre d’agriculture d’Eure-et-Loir. Il faut prélever 25 plantes par parcelle et faire sécher les feuilles au-dessus d’un récipient contenant de l’eau et quelques gouttes de produit vaisselle puis compter les larves. » Le recours aux tests Berlèse est d’ailleurs obligatoire dans les zones de résistance (lire encadré). « Pour l’utilisation de Minecto Gold, seul insecticide autorisé et soumis à dérogation à partir du stade 6 feuilles, il est nécessaire de justifier que des Berlèse ont bien été effectués en indiquant les résultats obtenus », confirme Marjorie Lautier, conseillère à la chambre d’agriculture de l’Yonne.

Pour anticiper la lutte contre les insectes ravageurs du colza à automne, le raisonnement démarre bien en amont de la future campagne, notamment avec des choix variétaux ou des pratiques agronomiques comme un travail du sol optimisé qui limite l’assèchement, une nutrition optimale ou l’implantation de plantes compagnes.

Vers une troisième année de dérogation pour le Minecto Gold ?

En 2022 et 2023, les producteurs de colza ont bénéficié d’une dérogation de 120 jours pour le produit Minecto Gold pour une utilisation contre les larves de grosse altise (altise d’hiver) sur colza et moutarde. Son usage s’est limité aux secteurs touchés par la résistance forte aux pyréthrinoïdes des altises. Il s’agit des régions Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val de Loire, Île-de-France et des départements de l’Allier et de l’Aisne.

La filière a déposé une demande pour 2024. La réponse des pouvoirs publics est attendue courant septembre.

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