Alléger la facture azotée du colza pour diminuer les gaz à effet de serre

Le couperet tombera dans un peu moins de trois ans. La directive Énergies renouvelables a fixé un objectif de réduction de 50 % de gaz à effet de serre (GES) pour le biodiesel par rapport au carburant fossile (gazole) pour 2016 (après les 35 % d'objectif en 2013). « Si au 1er janvier 2017, cet objectif n'est pas atteint, le biodiesel ne pourra plus être commercialisé comme énergie renouvelable (et la filière perdra à ce titre les soutiens financiers dont elle bénéficie, NDLR). » C'est alors une production qui disparaîtra de notre territoire, s'alarme Kristell Guizouarn, directrice du développement durable chez Sofiprotéol. Or actuellement, 65 % des surfaces de colza en France sont dévolues à la production de biodiesel. » L'enjeu est de la plus haute importance pour la filière et l'amélioration du bilan GES du colza passe surtout par une optimisation de la fertilisation azotée. En effet, celle-ci représente à elle seule le tiers des émissions de GES sur le colza en prenant en compte l'ensemble de son itinéraire cultural et la transformation de ses graines.
Les phytos comptent très peu dans la production des GES. Une démarche de progrès a été lancée par Diester Industries auprès des OS pour inciter les producteurs à répondre aux critères obligatoires sur les biocarburants.
Azote plus efficace en retardant les apports
Le Cetiom relaie la démarche en proposant une liste de leviers pour améliorer le bilan GES du colza « dont un certain nombre pour améliorer la fertilisation azotée, précise Pascal Simonin, du Cetiom. Il ne s'agit pas de la diminuer mais plutôt d'assurer un meilleur positionnement de la fourniture en azote, avec l'utilisation d'OAD pour mieux quantifier les besoins du colza, de mieux intégrer les légumineuses dans la rotation, de mieux prendre en compte la matière organique... »
Localement, des initiatives se veulent plus ambitieuses pour moins dépendre des engrais azotés tout en assurant un rendement optimal. Dans l'Eure, Bertrand Omon, chambre d'agriculture, suit un groupe d'agriculteurs engagés dans une démarche de bas niveaux d'intrants. « Un semis plus précoce de quinze jours par rapport à la tendance générale est réalisé dans un but : viser un colza fort avant l'hiver. Avec une biomasse la plus développée qui soit en sortie d'hiver, la fertilisation azotée peut être réduite en conséquence.
Pour réaliser les apports ensuite, il ne faut pas se presser, ajoute Bertrand Omon. Il vaut mieux attendre des conditions poussantes pour lesquelles le coefficient apparent d'utilisation (CAU) par le colza sera important, ce qui signifie de différer le premier apport de quinze jours. Avec ce CAU élevé, on peut se permettre de réduire les quantités d'azote. Le colza ne sera pas sous-alimenté mais les apports seront plus efficaces. » Le décalage vers des apports azotés plus tardifs « laisse plus de temps aux couverts d'interculture de minéraliser et donc de restituer de l'azote à la culture en place », ajoute Muriel Valantin-Morison, Inra. Toujours dans un souci d'économie d'azote (- 30 unités), le calcul des quantités à apporter avec les outils à disposition (pesée, réglette azote...) se fera en prenant la moyenne des cinq ou des dix dernières années comme objectif de rendement, recommandent des chambres d'agriculture, et non un rendement maximal atteint seulement une année sur dix.