Véronique Le Floc’h : « La Coordination rurale propose des mesures budgétaires et politiques mais les tracteurs pourraient vite ressortir »
La Coordination rurale n’appelle pour l’instant pas les agriculteurs à se mobiliser lors d’une journée d’action et avance des propositions pour le budget 2026.
La Coordination rurale n’appelle pour l’instant pas les agriculteurs à se mobiliser lors d’une journée d’action et avance des propositions pour le budget 2026.

« A défaut de participer aux mobilisations qui amènent peu de résultats concrets, nous proposons des mesures budgétaires et politiques afin d’avancer vite. […] La Coordination rurale a pris une autre dimension, on fait le job : on fait des propositions », déclare Véronique Le Floc’h, président de la Coordination rurale, lors de la conférence de presse de rentrée du syndicat agricole, ce 22 septembre à Paris.
Si le syndicat n’appelle pas à se mobiliser le 26 septembre, avec la FNSEA, « c’est du ressort de chacun des départements de faire cause commune ou non », explique-t-elle. Précisant toutefois que « les tracteurs pourraient ressortir vite », alors que des mobilisations éparses continuent sur le terrain (« bâchage de radars », « contrôle dans les GMS », souligne Véronique Le Floc’h).
Le Mercosur ne va pas passer comme ça, nous avons été trahis. Cela va forcément réveiller des colères
« Il y aura de l’action d’ici la fin de l’année, sans doute avec d’autres corporations », assure de son côté, Christian Convers, secrétaire général de la Coordination rurale. « Le Mercosur ne va pas passer comme ça, nous avons été trahis. Cela va forcément réveiller des colères », poursuit-il.
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Que propose la Coordination rurale à court terme ?
En attendant, la Coordination rurale demande à court terme :
- La publication des décrets de la loi Duplomb
- « Un budget cohérent efficace avec obligation de résultats »
- Une indemnisation rétroactive de tous les agriculteurs victimes d’aléas climatiques et crises sanitaires.
CONFÉRENCE DE PRESSE : PLF, PAC, Mercosur, tarifs douaniers avec les pays tiers... https://t.co/wZTPKDQGPT
— Coordination Rurale (@coordinationrur) September 22, 2025
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Quelles mesures dans le projet de loi de finances ?
Au sein du budget 2026 en cours d’élaboration par Sébastien Lecornu, la Coordination rurale demande la « mise en place en urgence d’un plan pluriannuel de l’agriculture » pour développer la production ainsi que des fonds pour « les contrôles » afin de « lutter contre les concurrences déloyales ».
Le syndicat agricole, présidé par Véronique Le Floc’h, réclame aussi une expérimentation de TVA sociale en agriculture, accompagnée de la suppression totale des cotisations sociales agricoles actuelles, sans augmentation des prix finaux pour les consommateurs. Une TVA sociale qui s’appliquerait aux produits d’importation. « La TVA sociale est active au Danemark, on fera bientôt une conférence pour sensibiliser nos parlementaires », avance Véronique Le Floc’h.
Concernant la gestion des risques, la Coordination rurale réclame par ailleurs un « retour au système basé sur le fonds national des risques et calamités agricoles » pour soutenir « toutes les exploitations agricoles, y compris celles en procédure collective », selon sa présidente.
Le syndicat demande aussi le relèvement du seuil des aides de minimis pour le secteur de l'agriculture à 300 000 euros (contre 50 000 actuellement).
Autres mesures proposées par le syndicat : la relance de l’indemnité viagère de départ « avec un budget de 700 millions d’euros » « pour faire venir des jeunes » ou encore le remplacement de l’ICHN par un crédit d’impôt.
Pour financer ces mesures, la Coordination rurale propose de récupérer des fonds sur les budgets du ministère de la transition écologique, de FranceAgriMer, du CNRS ou encore de l’ONF.
Que demande la Coordination rurale à moyen terme ?
A moyen terme, « on demande d’inscrire l’agriculture dans la constitution, pour transformer le référendum d’initiative populaire (RIP) en charte de l’agriculture et de l’autosuffisance alimentaire », déclare par ailleurs Véronique Le Floc’h. Et ce, selon elle, « afin de garantir l’agriculture comme d’intérêt général majeur » et que « le principe de précaution de la charte de l’environnement ne pénalise plus l’agriculture ».
On attend du courage politique pour concrétiser une exception pour l’agriculture
La Coordination rurale demande aussi la mise en place d’une « exception agriculturelle » dans le cadre notamment de l’accord du Mercosur. « En 1994, la France avait refusé d’inclure les services de l’audiovisuel dans les accords du GATT, donc c’est possible. On attend du courage politique pour concrétiser une exception pour l’agriculture », avance Véronique Le Floc’h.
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