Interpera 2022

UnaPera : comment les Italiens ont réorganisé le secteur de la poire pour sauver la filière

Intervention remarquée et remarquable lors d’Interpera 2022, le 29 juin à Rotterdam. Alessandro Zampagna de Origine Group, est venu présenter UnaPera, dont il a pris la direction : une nouvelle association d’organisation de producteurs qui a été créée il y a un an afin de réorganiser la production italienne face aux enjeux du marché.

Interpera 2022 | Poire : comment rester positif dans un contexte marqué par l’inflation, la baisse de consommation et la guerre en Ukraine ?

« Avec plus de 900 000 t en 2011, l’Italie était le plus grand producteur de poires européen, mais a dû faire face ces dernières années de nombreuses difficultés », rappelle Alessandro Zampagna. Des événements climatiques extrêmes (cette année la sècheresse, le gel l’année dernière avec à peine 200 000 t), de nouvelles maladies et ravageurs -en particulier la punaise diabolique- s’ajoutant aux anciennes maladies et ravageurs. Tout cela cause une qualité très variable des fruit, décevant ainsi les consommateurs. « Cette déceptivité est assez typique de la poire, qui en outre est vue comme un fruit vieux. »

En outre, le secteur italien de la poire n’était pas bien organisé, avec un manque de marques fortes sur le marché et d’innovations (peu de variétés club en Italie), donc une baisse de rentabilité pour les producteurs.

Une AOP pour centraliser et gérer la R&D, la qualité et le marketing

En 2020, les acteurs principaux d’Emilie-Romagne (70 % de la production italienne) ont donc lancé un débat collectif. « Une solution unique n'a pas été identifiée, au contraire, tout un éventail d'actions a été jugé nécessaire, sur tous les maillons de la chaîne, de la R&D à la qualité, du marketing à la commercialisation, se souvient Alessandro Zampagna. Notre principal challenge : l’urgence de la situation. »

En un an, une nouvelle organisation a été mise sur pied : UnaPera, créée en juillet 2021 et reconnue AOP en septembre 2021 par l'administration régionale d'Émilie-Romagne et le ministère de l'Agriculture. La mission et les activités d'UnaPERA englobent toute la production italienne de poires et son siège est au CSO Italy, en Emilie-Romagne.

Consortium sans but lucratif avec 25 entreprises membres (production, conditionnement, expédition…), dont 13 sont des OP (qui possèdent 90 % des parts), UnaPera représente 10 000 ha et 170 000 t de poires commercialisées par ses membres en 2021-2022. 35 % le sont à l’export. Ses missions : accroitre la compétitivité de la filière par trois grands domaines d’activité : la R&D, la qualité et la commercialisation et marketing.

Interpera 2022 : Comment booster la consommation de poires ?

Côté R&D, UnaPERA cofinance et/ou supervise des actions. Celles-ci concernent en particulier les phytopathologies : punaise diabolique, chancre du poirier… « Les projets se poursuivent, la feuille de route est en place pour les prochains projets. Pour la suite, on va aussi s’intéresser à la conservation des fruits », glisse Alessandro Zampagna.

La qualité des fruits est un enjeu majeur. Un cahier des charges et un système collectif de contrôle qualité communs à toutes les entreprises vont être mis en place. « Les spécifications communes permettront une segmentation claire du marché, et donc un plus juste retour aux producteurs et une hausse de la consommation. » La feuille de route d'un système collectif de qualité a été esquissée et ce système sera mis en place à la prochaine saison.

UnaPera : coordination de ventes, campagnes de promotion en magasin encadrées, liste de prix

UnaPera réglemente le référencement et les ventes sur le marché, mais ce sont bien les entreprises membres qui facturent directement les clients. L’AOP définit une liste de prix hebdomadaires conseillés. Les ventes des membres sont contrôlées par un nouveau système informatique IT. Enfin, belle réussite pour UnaPera qui promet la mise en place d’accords-cadres pour gérer les campagnes de promotions chez les détaillants italiens, les activités de marketing et le co-branding avec des marques privées.

Cette première campagne 2021-2022, le système informatique de collecte et de contrôle des données de ventes des membres a été réalisé et les tarifs de la saison ont été définis et mis en place.

« La réaction du retail a été très positive, meilleure que ce qu’on s’attendait. En plus ce n’est pas sur le produit poire que les enseignes de la grande distribution se font la guerre des prix, au contraire de la pomme et de la banane », analyse Alessandro Zampagna.

C’est ce point qui a particulièrement intéressé la filière française. En jouant sur les missions et prérogatives accordées aux AOP par le droit de la concurrence, les Italiens ont, semble-t-il, réussis à se regrouper pour organiser la commercialisation et les opérations de promotion de leur poire. De quoi assurer une plus juste rémunération aux producteurs, un meilleur référencement et segmentation du marché.

Promotion de la Poire d’Emilie-Romagne IGP et de la poire italienne à grande échelle

Alors que la quasi-totalité des membres de UnaPera font de la poire d’Emilie-Romagne IGP, cette dernière a été identifiée comme « la marque qui manquait sur le marché ». En lien avec le Consortium de l’IGP, UnaPERA va s’attacher à renforcer cette marque avec un programme de marketing en commercialisation et consommation. Ceci afin de permettre une hausse des surfaces (objectif : 35 % des volumes produits sous IGP) et pousser la promotion, en lien avec les détaillants. Deux premières activités de commercialisation avec l'IGP ont été réalisé avec succès cette campagne. La promotion à grande échelle de l’IGP et des poires italiennes sont donc au programme pour la suite, avec la pleine implication du retail.

C’est donc un bilan d’une première année positif que dresse UnaPERA, dans un contexte difficile, l’Italie ayant été marquée par la pire récolte de son histoire en raison des gelées tardives. « Les défis identifiés il y a deux ans sont toujours d’actualité et de nouveaux sont apparus : guerre, inflation. Il n’y a pas de retour en arrière possible, on continue, sinon on risque de perdre notre production italienne », conclut Alessandro Zampagna.

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