Pomme : un verger 2D en biaxe greffé sur G11 permet de réduire les temps de travaux
La recherche d’un « modèle » de verger de pommier plus étroit fait aujourd’hui consensus. La mise en place et la gestion du verger 2D s’articulent autour du choix du porte-greffe, et l’adaptation de l’espace entre-rangs.
La recherche d’un « modèle » de verger de pommier plus étroit fait aujourd’hui consensus. La mise en place et la gestion du verger 2D s’articulent autour du choix du porte-greffe, et l’adaptation de l’espace entre-rangs.
L’environnement de la production fruitière n’a de cesse d’évoluer, sur le plan social, sociétal, réglementaire et climatique. Le verger français standard conduit en axe vertical, greffé sur le porte-greffe M9 avec des densités entre 2 000 et 3 000 arbres/ha présente aujourd’hui plus de contraintes que d’avantages, malgré sa performance éprouvée. Le développement du concept de verger étroit ou « 2D » doit contribuer à rendre les vergers plus compétitifs. Dès 2006, une étude du verger étroit en biaxe comparé à un verger de référence conduit en axe vertical a été engagée à la Morinière avec le mutant de Gala Brookfield® Baigent.
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Deux modes de conduite étaient comparés : l’axe vertical planté à des distances conventionnelles de 4 x 1 m (2 500 arbres/ha) et le biaxe planté avec une géométrie de plantation de 3,30 m entre rangs et 1 m sur le rang (3 030 arbres/ha). Au bout de 15 ans, les différences de production en faveur du biaxe s’expliquent globalement par le biais de la densité de plantation plus élevée pour ce verger. Ce gain de production ne s’est pas fait au détriment du calibre des fruits comparé à la référence en axe vertical.
Changer de porte-greffe
Une étude plus récente implantée en 2015, avec le mutant Brookfield®, compare toujours deux concepts de vergers : la conduite en axe vertical (3D), qui fait figure de référence, et la conduite en biaxe (2D). Contrairement à l’étude précédente, les distances de plantation ont été adaptées aux systèmes de conduite, en conservant une densité d’arbres par hectare comparable. Le verger 3D est planté à des distances conventionnelles de 4 m x 1 m (2 500 arbres/ha) et le verger 2D à 3,5 m x 1,25 m (2 286 arbres/ha). Ces deux méthodes de conduite sont elles-mêmes associées à deux porte-greffes : le M9 Emla et le G11cov. Les distances de plantation restent inchangées quel que soit le porte-greffe.
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Les rendements obtenus de la deuxième à la sixième année confirment que le porte-greffe est l’un des critères essentiels de la réussite d’un verger. Ces rendements sont nettement en faveur de l’association biaxe/G11cov. Associée au porte-greffe M9, la production cumulée du biaxe est en effet inférieure à la référence conduite en axe. Le porte-greffe G11cov confère au biaxe lors des premières années une dynamique de croissance verticale très intéressante et une capacité de production plus élevée. La pratique de l’attachage pour incliner les ramifications les plus verticales et de la taille a été réalisée dans les deux systèmes de conduite. La conduite en biaxe permet de réaliser une économie d’un tiers des heures consacrées à l’attachage et à la taille.
La diminution de l’espace inter-rang
La dernière étude implantée en 2018, avec le mutant de Gala Bigigalaprim®, associé au porte-greffe G11cov, a pour objectif d’évaluer la conduite du verger 2D avec une distance entre-rangs de 3 m. La conduite en axe vertical a été plantée à des distances de 3,50 m x 1 m (2 857 arbres/ha). Cette référence est comparée à la conduite en biaxe plantée à des distances de 3 m x 1,20 m (2 778 arbres/ha). Sur cette parcelle en biaxe, une partie a été attachée, une autre non et une troisième rognée au lamier à partir de la fin de la seconde année.
Les temps d’attachage des branches fruitières, pour les incliner, et de taille sont inférieurs avec la conduite en biaxe. Les temps d’éclaircissage manuel, observés en 2020, confirment cette tendance. La compréhension et l’exécution des pratiques culturales semblent facilitées avec ce système de conduite. Les résultats de production en deuxième et troisième années sont nettement en faveur du biaxe, avec des distances entre-rangs adaptées au verger 2D. Une diminution de production suite à la pratique du rognage est aussi constatée.
L’observation visuelle témoigne d’un état végétatif également inférieur pour cette modalité. La pratique de ce rognage ne peut donc raisonnablement s’envisager que lorsque « le plein potentiel » de production du verger est atteint. Au final, la conduite en biaxe n’est peut-être qu’une étape pour mettre en place ce verger en deux dimensions. D’autres évolutions sont en cours, avec la mise en place de multi-axes, afin de réduire encore un peu plus l’épaisseur de la canopée. Les expériences néo-zélandaises et d’Outre-Atlantique vont largement dans ce sens avec l’objectif affiché de robotiser la récolte.
Un verger plus compétitif
Le développement du concept de verger « 2D » doit contribuer à rendre plus compétitif l’itinéraire en production biologique et conventionnelle :
- Sur le plan humain, en diminuant la pénibilité des principales tâches culturales et notamment de la récolte.
- Par une meilleure maîtrise de la croissance végétative permettant une meilleure gestion de certains ravageurs et maladies.
- Sur l’état sanitaire du verger par une utilisation plus efficiente des traitements phytosanitaires pour protéger les vergers biologiques et conventionnels.
- Par la mécanisation avec une utilisation facilitée de l’éclaircissage mécanique en production AB, de l’effeuillage, de la prise d’images pour évaluer le nombre de fruits à différentes époques stratégiques de la saison et enfin dans un futur proche de robotiser la récolte.