Construire des itinéraires culturaux qui favorisent la présence de vers de terre et se diriger vers une transition agroécologique, sans sacrifier la productivité et la rentabilité des exploitations. Voilà les objectifs que s’est fixés le centre normand de développement du maraîchage sur sol vivant Les Serres de Marcel, basé à Mesnils-sur-Iton dans l’Eure. L’idée est née en 2010 lorsque François Mulet crée le réseau associatif maraîchage sol vivant avec d’autres producteurs. Canal d’échange et de partage d’expérience, le réseau crée sept ans plus tard l’entreprise Ver de terre productions, reconnue organisme de formation.
« Nous espérions qu’un organisme agricole s’empare du sujet et mette en place une station de recherche par exemple. Mais ne voyant rien venir, j’ai décidé de lancer Les Serres de Marcel en 2021 », se rappelle François Mulet. Ce centre de développement s’appuie notamment sur les travaux de l’ingénieur agricole Dominique Soltner et du chercheur Marcel Bouché, mais aussi sur les expériences de céréaliers. « En France, les céréaliers sont en avance sur ces problématiques. Je suis donc allé voir ce qui était transposable en maraîchage, raconte François Mulet. Il est évident, que ce sont le taux de matière organique et le bilan humique qui sont essentiels pour la vie du sol, mais les avis divergent sur les pratiques qui les favorisent », reconnaît le gérant du centre d’essais.
Des couverts végétaux à l’essai
« En apportant de la matière organique fraîche en quantité en surface, on remonte rapidement le taux dans le sol », résume François Mulet. Environ 2 000 tonnes de compost par hectare ont ainsi été utilisées en 2021 sur le site Les Serres de Marcel qui comprend un hectare de serre et un en plein champ, ancien site de maraîchage traditionnel. Des vers de terre épigés ont également été réintroduits. « En cinq à six mois, en situation classique, les sols retrouvent leur dynamisme », estime François Mulet.
Pour preuve, Les Serres de Marcel ont été en mesure de vendre leur production dès la première année. Une fois la biologie des sols bien installée, des couverts permanents prennent le relais pour apporter la matière organique nécessaire. Plusieurs couverts sont actuellement à l’étude pour des productions telles que les tomates, les concombres et les aubergines. Menthe, trèfle et couvert naturel sont à l’essai pour établir la solution la plus simple à mettre en place.
