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Tomate : vigilance sur le virus ToBRFV

Dans un rapport, l’Anses recommande la vigilance vis-à-vis d’un virus de la tomate récemment apparu, le Tomato fruit blotch virus.

Le Tomato fruit blotch virus (ToFBV) est un virus apparu récemment et qui affecte les cultures de tomates. Il a été décrit pour la première fois en Italie en 2018. Depuis, il a été identifié dans plusieurs autres pays européens et hors d’Europe. En France, un premier foyer a été identifié en Nouvelle-Aquitaine en 2023. Des analyses réalisées en 2024 par l’Inrae ont révélé la présence du virus dans six départements, dans les régions Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d'Azur. Une présence plus ancienne de ce virus sur le territoire européen a néanmoins été prouvée rétrospectivement (2012 en Italie, et 2017 en France notamment). En plus de la tomate, la morelle noire et la pomme de terre sont considérées comme des hôtes naturels probables, tandis que la patate douce est considérée comme un hôte naturel incertain. Les informations disponibles sur le ToBRFV sont limitées en raison du caractère récent de la caractérisation de ce virus. Une évaluation du risque phytosanitaire lié au ToFBV en France métropolitaine, réalisé par le comité d’experts spécialisé (CES) « Risques biologiques pour la santé des végétaux », a été publiée par l’Anses en février 2025.

« Les dégâts observés sont restreints aux fruits et se caractérisent par de fortes décolorations et des déformations les rendant non commercialisables, souligne le rapport de l’Anses. L’absence de symptômes sur feuilles et l’apparition tardive des symptômes sur fruits pendant la période de production enlèvent toute possibilité d’anticipation quant à l’application d’éventuelles mesures de gestion, ce qui peut induire un impact économique conséquent comme cela a été rapporté dans plusieurs pays. » Des études publiées depuis rapportent néanmoins qu’en conditions expérimentales, des symptômes peuvent parfois apparaître sur feuilles (mosaïques et nécroses en particulier).

Les dégâts sont très difficiles à estimer

Les symptômes sur fruits observés lors d’une infestation de ToBRFV ne sont pas spécifiques à ce virus. « On peut les confondre avec des symptômes de ToBRFV, de PepMV, de PhCMoV… De plus, le ToFBV se retrouve presque toujours en co-infection avec d’autres virus », précise Éric Verdin, ingénieur de recherche Inrae et membre du CES « Risques biologiques pour la santé des végétaux », lors d’un webinaire du projet Virtigation consacré aux virus émergents sur cucurbitacées et tomates.

En raison de la description très récente du virus ToBRFV, les dégâts sont très difficiles à estimer. « Une seule publication rapporte l’importance des dégâts associés à la présence de ToBRFV. En Grèce, 7 % des fruits provenant d’une serre de production présentaient des symptômes », rapporte le document de l’Anses. En France, des observations provenant de plusieurs foyers rapportent des pourcentages de plants porteurs de fruits symptomatiques variant de 2 à 10 % pour des cultures conventionnelles (un foyer dans une serre hors-sol et un foyer sous tunnel), 10 % et plus rarement jusqu’à 20 % pour des cultures sous tunnel en agriculture biologique (deux foyers). « Ces chiffres sont à prendre avec précaution car ils concernent un très faible nombre de cas », met en garde Éric Verdin.

Une infection systémique, lente et erratique

Jusque très récemment, il n’y avait pas de preuve concernant le vecteur de transmission du virus ToBRFV, même si l’acarien Aculops lycopersici, responsable de dégâts directs chez la tomate (acariose bronzée), était principalement suspecté. « Il y a une concomitance entre une forte pullulation d’A. lycopersici et la présence du virus », indique Éric Verdin. Des travaux italiens en conditions expérimentales, récemment publiés, ont maintenant démontré la transmission par A. lycopersici de tomate à tomate. Les modes de transmission par la semence, par contact direct et expérimentalement par inoculation mécanique, n’ont jusqu’à présent pas été démontrés par les différentes recherches sur le sujet.

Un autre enseignement de ces travaux italiens concerne les caractéristiques de l’infection au ToBRFV. Celle-ci est systémique, c’est-à-dire que le virus envahit la plante entière, à la différence des autres virus appartenant à la même famille. « L’infection est lente – il faut dix à quatorze semaines pour observer des symptômes foliaires et avoir un optimum de détection – et erratique, avec un comportement différent selon les plantes infectées, résume Éric Verdin. Le ToBRFV est un peu atypique par rapport à d’autres virus connus chez la tomate (tobamovirus également), chez qui on observe des symptômes systémiques rapidement en conditions expérimentales, au bout de dix à quinze jours. »

Lutter contre ToBRFV

« En l’absence de variétés résistantes ou tolérantes connues, la prophylaxie est le principal outil de gestion du virus en culture, indique le rapport de l’Anses. Une surveillance basée sur l’apparition des premiers symptômes ne concerne que la culture de tomates en production, car la présence du virus ne s’exprime que sur fruits. » Comme les symptômes du ToBRFV ne lui sont pas spécifiques, la confirmation de la présence du virus doit se faire sur la base d’une identification en laboratoire. En pépinière, une surveillance visuelle semble inefficace car aucun symptôme caractéristique n’est visible sur feuilles en conditions naturelles. La gestion de l’acarien Aculops lycopersici pourrait permettre de contrôler la dissémination du virus. « Elle repose aujourd’hui sur l’utilisation de produits autorisés à base par exemple de milbémectine, de soufre ou par l’élévation de l’hygrométrie, liste le rapport. Des solutions de lutte biologique sont en cours d’évaluation par l’utilisation de Typhlodromus (Anthoseius) recki, un acarien prédateur déjà utilisé pour contrôler l’acariose bronzée. Dès l’identification du virus, les plantes infectées doivent être arrachées et rapidement éliminées pour limiter les sources d’inoculum. »

Qu’est-ce que le projet Virtigation ?

Le projet européen Virtigation, commencé en 2021 et s’achevant en 2025, vise à développer des solutions rapides et durables contre les maladies virales émergentes causées par les begomovirus et les tobamovirus sur les cucurbitacées et la tomate, en Europe du Nord et dans le bassin méditerranéen. Il cherche également à accroître les connaissances sur ces virus pour mieux contrôler et gérer les maladies virales.

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