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Tomate : « Le Label Rouge, des surcoûts significatifs pour garantir des tomates hautement qualitatives »

Montée en puissance des volumes de tomate Label Rouge pour cette deuxième année sous label. L’AIFLG, ODG du Label Rouge, et le groupe Rougeline qui produit et commercialise les tomates Label Rouge, reviennent sur le déroulé de ce début de campagne et les ambitions de la filière.

Frédéric Marchesin, producteur de tomates Label Rouge pour les Paysans de Rougeline montrant une tomate dans sa serre.
Frédéric Marchesin, président de la section Tomate à l’AIFLG et producteur de tomates dans le Lot-et-Garonne : « Le Label Rouge, c’est notre manière de nous différencier des produits d’importation, tout en mettant en valeur la force du made in France, qui continue de séduire les consommateurs à la recherche de produits locaux et responsables ».
© Tomate Label Rouge/Les Paysans de Rougeline

La campagne de tomates Label Rouge, la deuxième depuis l’obtention du label en juin 2023, est en cours et « pour le moment ça se passe bien », se réjouit Félix Pizon, directeur de l’AIFLG (association des fruits et légumes du Lot-et-Garonne), joint par FLD le 22 mai. A date, 57 tonnes de tomates ont été commercialisées sous Label Rouge, soit 26 tonnes de plus qu’à la même date en 2024.

 

Un début de campagne un peu en retard, début avril

La filière annonce une ambition de 350 tonnes en tomate cerise grappe Label Rouge, et de 50 tonnes en grappe gustative. Pour le directeur de l’AIFLG, « on sera au moins à 250 tonnes, peut-être 300 tonnes de Label Rouge si le marché se porte bien et que les cultures répondent aux exigences du cahier des charges ».

La saison de la tomate Label Rouge ne peut pas débuter avant le 21 mars, premier jour du printemps ; en outre le déclanchement de la récolte ne peut avoir lieu que si l’ensoleillement des 8 semaines précédentes dépasse en cumulé 50 000 joules/cm2 (alors qu’une tomate standard aura reçue 15 000 à 20 000 joules/cm2 d’ensoleillement en moyenne).

Cette année, les premiers volumes de tomate Label Rouge sont arrivés début avril, donc avec un peu de retard. Une campagne peut durer au maximum jusqu’au 31 octobre. Selon les volumes, Félix Pizon estime qu’on pourrait avoir de la tomate Label Rouge jusqu’au début de l’automne. 

« Les volumes sont montés progressivement en puissance. Nous constatons un écart entre les tonnages prévus et réalisés, qui s’explique par des conditions climatiques défavorables en ce début de saison, et en particulier sur les bassins de production du Sud-Est de la France. La tomate Label Rouge demande une adaptation du système de production car elle doit satisfaire un cahier des charges exigeant ; Cependant, en ce début de saison, la qualité des produits est au rendez-vous ! », nous explique Rougeline (qui avait porté le dossier Label Rouge), joint par mail.

Lire aussi : Labels et signes de qualité en fruits et légumes : à Medfel, le mode d’emploi pour se démarquer et réussir son label

 

« Stresser la plante pour gagner en qualité gustative »

Aujourd’hui, 12 producteurs sont habilités à produire du Label Rouge -la plupart dans le Sud-Ouest et à date tous adhérent de Rougeline -mais tous ne le font pas. Il faut en effet des producteurs « hyper convaincus ». 

Il faut dire que ce cahier des charges est très exigent, particulièrement en termes de conduite de culture. « On vient vraiment stresse la plante, en termes de fertilisation, d’irrigation… A variété identique, la perte de rendement peut être, selon les exploitations, de -15 à -20 % entre une conduite en Label Rouge et une conduite standard. C’est cette perte de rendement qui va permettre d’obtenir des fruits d’un niveau gustatif et qualitatif supérieur », explique Félix Pizon.

Pour chaque segment dont la culture est conduite en Label Rouge, le potentiel est de l’ordre de 80% de la production totale, mais c’est la qualité et le marché qui font les volumes commercialisés sous Label Rouge

Rougeline confirme : « Le Label rouge demande une attention toute particulière de la part du producteur, du récolteur, et même au sein de la chaîne logistique. Il faut ajuster les conduites de cultures ainsi que les chantiers de récolte avec notamment un renfort de la main d’œuvre, ce qui engendre des surcoûts significatifs pour garantir l’excellence. Cette attention portée à toutes les étapes nous permet de garantir un produit hautement qualitatif dont nous sommes fiers ! »

Pour chaque segment dont la culture est conduite en Label Rouge, Rougeline nous indique que le potentiel est de l’ordre de 80% de la production totale. A l’heure actuelle, aucun seuil n’est fixé car « c’est la qualité et le marché qui orienteront la volumétrie commercialisée ».

 

Un prix qui reste encore à construire

Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? « Oui, derrière le prix est là, mais rien n’est encore construit », glisse Félix Pizon.

En théorie, la filière prévoit un positionnement prix environ 20 à 25 % au-dessus de celui des tomates classiques, en cohérence avec leur qualité supérieure.

Entre la prise de risque et la perte de rendement, le surcoût lié à la conduite spécifique, celui des conditionnements distinctifs, des contrôles… Il s’agit d’atteindre un prix rémunérateur pour le producteur. Mais à côté, il faut un prix qui ne rebute pas le consommateur. « Il s’agira de construire le prix le plus juste pour tout le monde. La filière est en cours de travail sur ce sujet », explique Félix Pizon.

 

Le Label Rouge pour se différencier des produits d’importation

Les tomates Label Rouge sont présentes dans la plupart des enseignes ciblées, et sous divers conditionnements. 

En 2024, les retours des clients distributeurs ont été « très bons », « tout comme le taux de réachat », souligne Félix Pizon. Il s’agit maintenant de répondre à cette demande naissante. Un moment charnière pour la tomate Label Rouge donc. Avec des prix valorisés et rémunérateurs, cela pourrait convaincre d’autres producteurs de se lancer et donc permettre d’avoir assez de produits pour s’engager en volumes avec la grande distribution

Rougeline souligne une maîtrise de plus en plus forte des facteurs d’influence du goût de la tomate par les producteurs. « Cette année constitue l’année de la montée en puissance de la production de tomates Label Rouge, notamment par une plus grande maîtrise de la production », nous confie l’organisation.

« 2024 a été une année marquante pour la filière tomate Label Rougeavait salué Frédéric Marchesin, président de la section Tomate à l’AIFLG et producteur de tomates dans le Lot-et-Garonne. [Le Label Rouge] c’est notre manière de nous différencier des produits d’importation, tout en mettant en valeur la force du Made in France, qui continue de séduire les consommateurs à la recherche de produits locaux et responsables. »

Au total, la production de tomates en France atteint environ 475 000 tonnes. Et un tiers des tomates consommées proviennent de l’importation.

Lire aussi : Labels et démarches qualité : les consommateurs y sont-ils vraiment sensibles ?

 

Se recentrer sur deux segments, la grappe ronde et la cerise

En 2024, la filière tomate Label Rouge a produit 139 tonnes, réparties entre plusieurs segments : tomates cerises grappes (59,8 % des volumes labelisés), tomates rondes grappes (26,5 %), tomates allongées cœur (12,3 %) et tomates cerises en vrac (1,4 %).

Cette campagne 2025, la filière a choisi de se recentrer sur les tomates cerises vrac et grappes (variété Sao Polo, commercialisées en colis 3 kg, mini colis 1 kg ou barquettes 300 g pour la grappe et barquettes 250 g pour la dégrappée) et sur les rondes grappes (variété Temptation, en plateau vrac 5 kg ou mini colis 1 kg). « La diversification des formats permet à chaque consommateur de trouver facilement le produit en accord avec sa consommation et/ou son envie du moment, et induit ainsi des possibilités de référencements plus larges au sein de la grande distribution », glisse Rougeline.

Le segment cœur allongé (variété Gourmandia) a été mis de côté. « Pour ce segment, les exigences du cahier des charges en termes de sucres sont de 5° Brix, alors qu’en temps normal cette variété atteint 3 à 3,5° Brix, 4°Brix au maximum, explique Félix Pizon. C’est donc difficile de parvenir au minimum requis, d’autant plus que ce taux fluctue beaucoup au cours de la saison. »

Et d’ajouter : « En outre, il n’est pas sûr que ce segment soit le plus adapté au Label Rouge vu qu’il porte déjà une image qualitative et positive auprès des consommateurs. »

Pour autant, ce n’est pas un abandon définitif du segment cœur allongé. L’AIFLG et Rougeline travaillent ensemble à trouver une variété adaptée

 

Un cahier des charges très strict de la production à l’expédition

Le cahier des charges de la tomate Label Rouge est très rigoureux et encadre chaque étape, de la culture et la récolte au conditionnement et jusqu’à l’expédition.

Selon le cahier des charges officiel, une tomate Label Rouge est une « tomate de bouche cueillie à maturité à partir du printemps », issue de variétés de l’espèce Solanum lycopersicum L. et de leurs hybrides, commercialisée à l’état frais en catégorie Extra ou en Catégorie I pour le segment allongé cœur.

Les tomates Label Rouge sont notamment récolté du 21 mars minimum au 31octobre, en pleine terre ou sur substrat, à la lumière naturelle. Des contrôles réguliers portant sur la teneur en sucre, la texture croquante, la jutosité et la couleur sont réalisés, par les producteurs qui dégustent leurs fruits, et les agréeurs en station. Tous les expéditeurs de tomates Label Rouge sont contrôlés 1 fois par semaine.

Choix des variétés et des substrats, pollinisation, conduite des pieds de tomates, récolte, agréage et conditionnement… Le cahier des charges encadre largement la filière. 

Pour être habilitées à produire de la tomate en Label Rouge, les exploitations agricoles doivent être bénéficiaires d’une démarche officielle de certification environnementale. En outre, chaque producteur doit réduire de 5 % ses émissions de carbone tous les 5 ans pour l’ensemble de sa production de tomates.

Parmi les autres exigences comprises dans le cahier des charges (et cette liste est loin d’être exhaustive) : 

  • l’interdiction de l’utilisation de l’éclairage artificiel, dans un souci de maîtrise de la ressource énergétique et d’un encadrement de la saison de production ;
  • Le stockage en station doit se faire entre 12°C et 14°C ;
  • Le délai entre la récolte et la livraison en station est de 24 heures maximum après récolte, et celui de l’expédition de 4 jours maximum après la récolte.

Lire aussi : Tomate : vers une conduite des serres plus économe en énergie

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