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Innovation variétale
Rubis Gold veut redynamiser le rayon des pommes jaunes

Un collectif de quatre metteurs en marché lance une nouvelle variété de pomme jaune, sous marque commerciale. Les producteurs parient sur sa promesse gustative pour se différencier. Reportage.

Le projet était resté confidentiel, presque secret. Mais désormais les volumes arrivent : la nouvelle variété de pomme Rubis Gold doit se dévoiler. Le 23 septembre, les producteurs et autres parties prenantes du projet – une quinzaine de personnes dont une journaliste de FLD – se sont retrouvés aux Vergers de Seru à Ribemont (Aisne) pour échanger et découvrir les premiers fruits de la récolte 2021.

Rubis Gold, c’est l’histoire de concurrents dans la pomme qui se réunissent autour d’une variété commune. Milo Ternynck, président des Vergers de Seru, avait repéré la variété chez le sélectionneur pépiniériste belge Johan Nicolaï lors d’une journée de présentation variétale « et apparemment j’étais le seul », déclare-t-il. Dix ans plus tard, rachetée sous licence d’exploitation par l’éditeur Earth Market, cette variété fédère un collectif de quatre metteurs en marché et leurs producteurs : Vergers de Seru, l’Alliance Perlim Meylim, Mylord’ (Gerfruits) et Blue Whale, des entreprises « familiales », bien réparties sur le territoire français, autour d’une marque et d’une promesse commune. Le groupe belge Devos a aussi rejoint l’aventure.

Se distinguer en rayon par la couleur et se différencier ensuite par le goût

Encore une nouvelle variété de pomme ? En quoi est-elle différente ? Sandrine Gaborieau, responsable marketing à l’ANPP, confirme : « Il existe plus de vingt variétés bicolores qui se battent en rayon. Après les incontournables, il ne reste de la place que pour trois ou quatre variétés. Les variétés club représentent l’avenir car c’est là que se crée la valeur ».

« La pomme a besoin de se réinventer, surtout en jaune, estime Jean-Christophe Bertin, directeur de Earth Market. Le consommateur achète d’abord avec les yeux, puis rachète selon la promesse tenue ».

C’est le parti pris de Rubis Gold : une robe « unique », jaune d’or qu’elle tient de sa mère Tentation, avec parfois un blush orangé et non rose ou rouge. Puis sur la promesse gustative : une texture crunchy, un équilibre sucre acide, des notes exotiques. « Je n’avais jamais vu une pomme faire consensus à ce point, chez les arboriculteurs mais aussi les grossistes et les distributeurs qui l’ont goûtée, se félicite Milo Ternynck. Suite à une enquête auprès d’un panel de consommateurs effectués par un de nos distributeurs, elle a obtenu la note de 4,26/5 et tous pensent qu’elle a sa place dans les étals ».

Forte montée en puissance des volumes dans les cinq ans

Les Vergers de Seru teste la variété depuis déjà 5 ans, sur trois vergers de deux, trois et quatre ans. 650 t à date pour cette campagne sont prévues (380 t l’année dernière). « Nous sommes contents malgré le gel, sur nos choix de taille, d’éclaircissage… », se réjouit Milo Ternynck. Perlim et Meylim vont commercialiser, à leur tour, leurs premiers volumes cette saison, une centaine de tonnes a priori.

De 750 t estimées pour cette campagne, le Collectif devrait passer à 1 400 t l’année prochaine pour monter à 2 000 t en 2024. « Et on vise les 25 000 t en dix ans avec les quatre metteurs en marché actuels et ceux éventuels à venir rejoindre le collectif ».

Rubis Gold sous licence. Le sélectionneur de Rubis Gold est le Belge Johann Nicolaï. L’éditeur Earth Market a acheté la licence pour 1 600 000 arbres, soit près de 500 ha en Europe, Maroc et Suisse jusqu’en 2035 « et on prépare déjà l’après, jusqu’en 2050 », glisse Jean-Christophe Bertin. À date, Rubis Gold c’est déjà 280 000 arbres plantés et 140 000 arbres/an chez le pépiniériste en Belgique. Les Vergers de Seru, les premiers à s’être lancés dans l’aventure, totalisent 36 ha. L’Alliance Perlim Meylim a planté 18 ha (11 ha pour Perlim et 7 pour Meylim) et 7 ha s’ajouteront l’année prochaine. Blue Whale représente 13 ha et Gerfruits 13 ha.

La GMS, principal débouché, l’industrie demandeuse

Rubis Gold, sur un positionnement premium, est principalement commercialisée en GMS, en barquette (par 4 ou par 6) ou en colis classique. Grand Frais, déjà client de Vergers de Seru, a été « une rampe de lancement » depuis trois ans pour Rubis Gold, qui est aussi en test à Système U et Monoprix. Quelques grossistes commercialisent aussi Rubis Gold. Et en dehors de nos frontières ? « On n’a pas de limite, France, Europe, pourquoi pas du maritime si l’opportunité est là, en adaptant l’argumentaire commercial », estime le collectif.

« La segmentation principale à mettre en place tous ensemble sera sur la coloration et le blush », estime Servane Jacquet, responsable Grands comptes France à Blue Whale.

Les Vergers de Seru a aussi testé l’industrie sur les écarts de tri avec Andros et Charles & Alice : « Nous avons eu une très belle réponse des industriels, très satisfaits sur les compotes et donc très demandeurs », explique Matthieu Ternynck (Vergers de Seru).

 

Et agronomiquement ? De son vrai nom de variété Zouk 31 (car la fille du sélectionneur Johann Nicolaï aime cette danse pour la petite histoire), croisement de Tentation et Pirouette, Rubis Gold est encore en test en termes d’itinéraire technique. Chaque producteur teste et échange avec le collectif qui finance l’accompagnement technique, le marketing et gère « les étapes de réassurance chez les producteurs » (le budget provient de l’adhésion au collectif, puis des royalties au pourcentage du chiffre d’affaires). Tolérante à la tavelure, Rubis Gold semble avoir des rendements moyens, autour de 50-60 t/ha, à confirmer avec la montée en puissance des vergers et des terroirs. Les Vergers de Seru ont investi dans des filets paragrêle et anti-carpocapses, « ce qui nous permet de ne pas traiter ». C’est une pomme assez technique à produire. Ce serait plutôt une pomme de deuxième partie de saison, à retrouver sur les étals de décembre à juin. Elle présenterait une belle conservation en frigo. En France, Rubis Gold est produite en HVE et Vergers écoresponsables, « mais dès que l’on va s’étendre hors de France, il va falloir harmoniser les labels pour répondre aux attentes des différents pays », envisage Béatrice Chauffaille, responsable Marketing & Communication à Perlim.

 

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