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Production de radis : l’adaptation variétale au créneau est essentielle

En radis, l’aspect de la racine et des feuilles et l’adaptation au créneau de production sont les principaux critères de choix variétal.

Le marché du radis en France repose essentiellement sur le radis demi-long à bout blanc vendu en botte, le radis rond rouge est beaucoup moins présent. Le radis demi-long étant une spécificité française, la sélection sur ce produit est relativement limitée et moins d’une dizaine de variétés dominent le marché. Malgré tout, une dynamique existe, pour notamment sécuriser la production. Un premier critère recherché est l’homogénéité de la culture, essentielle pour limiter le tri et permettre des cadences de récolte élevées, critère économique prépondérant en radis.

« Même en bio, la très grande majorité des variétés utilisées sont des hybrides », constate Sylvain Gérard, du Comité départemental de développement maraîcher (CDDM). Le radis étant un achat d’impulsion, le visuel de la botte est essentiel. En plus d’être homogène en calibre et en forme, les radis doivent être bien boutés et non pointus, cylindriques, assez longs mais pas trop, de 3 à 5 cm en général. La couleur doit être bien rouge et persister dans le temps, avec une délimitation rouge-blanc bien marquée, 1/3 à 1/5 de blanc et un épiderme rustique, qui reste ferme et résiste aux manipulations.

« Et avec le développement du radis équeuté, le visuel de la racine est encore plus important », estime Romain Harrault, responsable développement radis chez Rijk Zwaan, qui met en avant la couleur rouge attrayante et la belle séparation rouge-blanc de sa variété de jours longs Junon. Autre critère variétal : la qualité interne de la racine. « Il faut une chair bien blanche, ferme, qui ne soit pas translucide et une racine qui ne se creuse pas dans le temps », souligne Amélie Theriez, chef produit radis chez Vilmorin-Mikado.

Un feuillage bien vert et assez long

Bien que la consommation porte essentiellement sur la racine, la qualité du feuillage est également primordiale. « En radis, le feuillage est aussi important que la racine, pour le producteur et pour le consommateur, pour l’image de fraîcheur de la botte », précise Olivier Bonnet, responsable commercial France chez Gautier Semences. Les feuilles doivent être bien vertes, épaisses, résistantes aux intempéries ou à la chaleur. Le feuillage doit aussi être dressé et assez long pour une bonne prise en main lors de la récolte et du bottelage, mais pas trop long pour que les feuilles ne s’emmêlent pas lors de la récolte.

« Selon les créneaux, les variétés doivent donc être plus ou moins poussantes, précise Olivier Bonnet. L’hiver, nous proposons notamment Artus, qui a un feuillage poussant. L’été, la variété doit être moins végétative, ce qui est le cas de nos variétés Nelson ou Diablus. » Autre critère important : des cotylédons qui ne jaunissent pas trop vite, car les cotylédons jaunis nuisent à l’image de fraîcheur de la botte et entraînent du tri à la récolte. Enfin, une bonne attache foliaire, fine et solide, est essentielle pour limiter les pertes et permettre un bon maintien de la botte lors de la récolte, du nettoyage, du transport et sur l’étal des magasins.

Adaptation au créneau de production

La production s’étalant désormais sur toute l’année, en plein champ l’été et sous abri froid l’hiver, l’adaptation au créneau de production est un critère essentiel. L’hiver, le radis doit grossir et faire des feuilles le plus rapidement possible malgré les températures basses, les jours courts et le manque de lumière. « L’hiver, des semences de très bonne qualité sont encore plus importantes, souligne Patrick Chapillon, chef produit radis chez Syngenta. Le taux de germination doit être le plus élevé possible. Et il faut que les graines aient le plus d’énergie possible pour germer rapidement et permettre l’homogénéité de la culture. De plus, plus le cycle s’allonge, plus la culture est susceptible d’avoir des problèmes sanitaires. Treto fait son cycle en 60-75 jours en hiver. Depuis vingt ans, nous n’avons pas trouvé de variété qui lui soit supérieure en termes de résistance et de précocité. »

En jours longs, les contraintes sont moindres et plus de variétés sont disponibles. L’été, la variété doit pouvoir pousser malgré la chaleur et d’éventuels stress hydriques, et ne pas faire trop de feuilles. Au printemps, elle doit être adaptée à des jours qui s’allongent et l’automne à des jours qui raccourcissent. « Une demande des producteurs est toutefois que le créneau d’utilisation de la variété ne soit pas trop étroit, mentionne Amélie Theriez. Notre variété Fluo est notamment très flexible, puisqu’elle convient au printemps, à l’été, à l’automne en plein champ et aux abris en jours croissants. Nous la proposons de plus en semences prégermées pour les semis en jours courts. » « En moyenne, les producteurs utilisent quatre à six variétés dans l’année, les périodes de transition étant les plus compliquées au niveau du choix variétal », précise Sylvain Gérard.

Bon comportement aux maladies

Enfin, le comportement aux maladies est également important, notamment en hiver. Les principales attentes portent sur la tolérance au mildiou du feuillage et des racines, à la fusariose et à la fonte des semis. « Le retrait de solutions phytosanitaires entraîne une demande plus forte sur ces critères, notamment concernant la fonte des semis », constate Amélie Theriez. Si aucune vraie résistance n’a encore été identifiée en radis demi-long pour ces maladies, des différences de comportement existent entre variétés et la recherche de gènes de résistance est un axe important de sélection.

Un panel plus large en radis rond

 
Une certaine diversité variétale existe en radis rond. © Gautier Semences

Le radis rond rouge étant beaucoup plus répandu dans le monde que le demi-long, l’offre variétale pour ce produit est plus étoffée, en jours courts comme en jours longs. Comme en demi-long, l’homogénéité est essentielle. Le radis rond étant en grande partie vendu équeuté, le feuillage est alors moins important, les feuilles devant toutefois être assez longues pour permettre la récolte mécanique. La qualité de la racine est par contre prépondérante. « Il faut une forme la plus ronde possible, un pivot très fin et une couleur attractive, rouge vif brillant », précise Patrick Chapillon, de Syngenta, qui vient d’introduire une nouveauté en radis rond rouge, César, adaptée aux jours longs du printemps, de l’été et de l’automne.

Le radis doit aussi ne pas être trop gros pour convenir au snacking, aux plateaux apéro… et ne pas être sensible à l’éclatement qui affecte plus facilement les radis ronds. Comme en radis demi-long, le comportement face au mildiou et aux maladies du sol est également important, avec dans ce cas des tolérances plus fortes à la fusariose. Enfin, une certaine diversification existe en radis rond, avec des radis blancs, jaunes, violets… Gautier Semences se différencie ainsi par une offre de radis ronds blancs (Angelus), jaunes (Horus), violets (Bacchus) et même striés blanc-rouge (Strilus). « Il y a une diversité génétique importante en radis, souligne Olivier Bonnet. Notre objectif est d’avoir une offre complète avec une diversité de couleurs, de goût et de structure de chair pour répondre aux attentes des circuits courts et des circuits longs, notamment en radis équeutés pour le snacking. »

 

Problème de disponibilité en semences bio

 
L’homogénéité de la culture est essentielle pour la rapidité de récolte. © V. Bargain

Les critères de choix variétal de radis en agriculture biologique sont à peu près les mêmes qu’en conventionnel, avec une plus grande importance toutefois de la rusticité, notamment en jours courts. Une bonne qualité de germination est également essentielle pour l’homogénéité de la culture et les cadences de récolte, mais aussi pour limiter l’enherbement et là encore faciliter la récolte.

Si le radis demi-long n’est pas encore hors dérogation, le radis rond rouge a depuis 2020 un statut « hors dérogation progressif », l’objectif étant d’atteindre 100 % de semences biologiques en 2024. « Or la disponibilité en semences bio est très aléatoire en radis, constate Catherine Mazollier, du Grab. La variété de radis rond rouge Celesta, très utilisée en bio au printemps, en été et en automne, est notamment très peu disponible en semences biologiques. Les producteurs sont obligés de se tourner vers d’autres variétés moins appréciées pour leurs caractéristiques agronomiques et leur qualité de germination. Le passage hors dérogation du radis demi-long inquiète aussi, même si aucune date n’est encore fixée. »

 

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