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Pour des choix alimentaires plus sains

Lors du colloque Egea (cf. FLD Hebdo du 15 novembre) plusieurs conférences ont traité des évolutions de la consommation liées au changement du système alimentaire. Quelles solutions aujourd’hui pour une alimentation plus saine ?

Emma Boyland, maître de conférences sur les problématiques liées à l’alimentation, à l’université de Liverpool (Royaume-Uni) a montré les recettes des marques pour capter les enfants notamment et donner quelques pistes à suivre. « Les enfants de l’argent de poche. Ils achètent des friandises avec, mais ils influencent aussi leurs parents en matière d’achat. Plus tard ces enfants feront les courses pour eux-mêmes mais aussi pour leurs propres enfants », commence Emma Boyland pour montrer qu’il faut prendre le problème au sérieux. « Si vous accrochez votre marque sur des très jeunes, vous l’accrochez pour dans le long terme, avertit-elle. C’est aussi vrai pour les adolescents et les jeunes adultes ».

Comment ces marques accrochent la population ? « Elles établissent des liens positifs avec leurs cibles, développe-t-elle. Coca-Cola est par exemple associé à la joie car c’est le sentiment qui est montré dans les publicités ».

Non seulement les marques captent les enfants, mais elles influencent le pratique de consommation à travers les packagings notamment. « On n’a pas suffisamment souligné combien les packagings influencent la consommation des enfants », Emma Boyland. Elle montre en exemple la photo d’une portion recommandée de céréales (30 g) dans une assiette et comment elle est présentée sur le packaging dans la même assiette. « Cette portion-là sur le paquet correspond à 90 g, trois fois plus que celle recommandée et c’est celle-là que les enfants voient ».

Pour Emma Boyland, la communication des marques est amplifiée par la multiplication des médias. Au Royaume-Uni, son pays d’origine, un quart des enfants entre 8 et 11 ans ont leur propre profil sur les réseaux sociaux (« c’est en dessous de l’âge légal », souffle-t-elle). Cette proportion est multipliée par trois sur les 12-15 ans : trois quarts d’entre eux ont un profil sur un réseau social. « Et ils y passent 21 heures par semaine sur ces réseaux sociaux, et ces 21 heures ne se substituent pas à la télévision, c’est en plus de la télé ! », s’indigne-t-elle, avant d’ajouter que les messages diffusés sur les réseaux sociaux ne les touchent pas seulement eux, mais bien tout leur réseau. « On s’est aperçu aussi que les enfants faisaient beaucoup plus confiance aux Youtubeurs qu’à leurs aînés, grand-frères par exemple. Les enfants et adolescents partagent ces informations et les marques l’ont bien compris ».

Emma Boyland fait aussi la corrélation entre le temps passé sur Internet et les achats qui en découlent. Le département de Psychologie de l’université de Liverpool, a sorti en octobre le résultat d’une une étude sur le sujet. « On s’est aperçu que les enfants qui passent plus de trois heures sur internet harcèlent deux fois plus leurs parents pour qu’ils achètent de la mauvaise alimentation (“junk food” dans l’étude), qu’ils sont trois fois plus susceptibles que les autres d’acheter eux-mêmes de la mauvaise alimentation, qu’ils consomment plus de deux fois plus de boissons sucrées que les autres ». L’étude conclut que les enfants qui passent le plus de temps sur Internet mangent moins de fruits et légumes.

Comment lutter contre l’affluence des marques industrielles ? Faire le même genre de publicité pour les fruits et légumes ? « La publicité pour les aliments sains ne pourra jamais concurrencer celles des aliments malsains, affirme Emma Boyland. Il faut réduire la proportion des aliments mauvais pour la santé ».

Un point de vue partagé par plusieurs intervenants lors de ce colloque Egea dont Frans Folkvord, chercheur et maître de conférences à l’Université de Radboud (Pays-Bas). Plus on voit de fruits et légumes, plus on aura envie d’en manger. « Il faut que les aliments sains soient facile d’accès, qu’on les voit », préconise-t-il.

Il incite aussi les acteurs de la nourriture saine à appliquer les mêmes méthodes que les industriels. Il montre l’exemple de petites bouteilles d’eau à l’effigie des Schtroumpfs vendues avec un cadeau à destination des enfants ou encore des légumes colorés coupés en bâtonnets dans un cornet rouge vif qui ressemble à s’y méprendre à celui des frites Mc Donald’s. « Il faut pouvoir répondre à la demande actuelle : rapidité, praticité… », insiste-t-il.

« Les gens ont l’impression qu’ils ont le choix, mais ce n’est pas vrai, déclare-t-il. Leur choix est dicté par leur environnement ». Pour son doctorat, il a demandé à des étudiants de nommer cinq marques de mauvaise alimentation. Aucun n’a eu de souci pour trouver les réponses. « Je leur ai demandé la même chose mais pour des marques de produits sains. Là, ça a été très difficile. Les étudiants qui en ont trouvé m’en ont cité une au maximum », raconte-t-il. « Les facteurs contextuels et individuels sont très importants », ajoute-t-il. « Il va falloir réfléchir à construire un nouveau système alimentaire ». Il donne l’exemple d’une expérience, un « serious health game » qui mettait en avant les avantages d’une alimentation saine. À la fin du jeu, il était demandé aux enfants de choisir entre un aliment sain ou un bonbon. « Pratiquement tous les enfants dans leur majorité ont quand même choisi le bonbon », annonce-t-il. Réaction dans la salle « Donner le choix à un enfant entre un produit sain et un bonbon n’est pas juste ! ». Réponse de Fans Folkword : « Mais la vie est injuste. C’est à ça que nous sommes confrontés tous les jours dans la vie. Il va falloir réfléchir à construire un nouveau système alimentaire ! ».

Ne pas vouloir changer les habitudes, mais s’inscrire dedans

Nos choix alimentaires évoluent et ce n’est pas fini. Christian Reynolds, chercheur à l’université de Sheffield (Grande-Bretagne) a retracé, pour Egea, les évolutions de notre système alimentaire (qui englobe l’agriculture, le transport, la consommation…) depuis la deuxième guerre mondiale. « Les politiques alimentaires après la 2e guerre mondiale, ont eu des effets magiques. Le prix de l’alimentation, notamment les aliments gras et le sucre, dont on avait besoin à cette période-là ont drastiquement baissé », cite-t-il pour montrer comment on est arrivé à une surconsommation des produits gras et sucrés. Et cela va continuer d’évoluer. Nous devons observer ce qui ce qu’il se passe aujourd’hui pour construire demain. « La moyenne européenne est aujourd’hui de moins de 18 minutes pour cuisiner un repas : elle était de 30 minutes, il y a 50 ans ! Nous mangeons aussi de moins en moins à la maison. Faisons-en sorte que les plats consommés à l’extérieur soient plus sains ». En 2012, en Angleterre, les babyboomers étaient les personnes les plus en surpoids. Les nouvelles générations, assure Christian Reynolds, consomment moins que cette catégorie.

« Il faut comprendre ce que sont et ce que font les générations actuelles. Il ne faut pas demander à ces générations de revenir aux habitudes passées. Il faut les observer, les écouter et adapter l’offre à leurs habitudes pour qu’elles deviennent plus saines », conclut-il.

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