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Pour améliorer la souveraineté alimentaire de la France, Bayrou propose un plan Marshall agricole

Lors du grand rendez-vous de la souveraineté alimentaire hier, le Haut-Commissaire au plan a proposé « un plan Marshall de reconquête » pour soutenir la production agricole.

Table ronde
De gauche à droite : François Bayrou, Haut Commissaire au plan, Sébastien Abis, directeur du Club Demeter, Patricia Loison, présentatrice du débat, Dominique Chargé, président de la Coopération agricole et Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l'industrie
© R. F.

Si la chaîne alimentaire a tenu durant la crise de la Covid-19, la souveraineté alimentaire peut être améliorée en France dans le cadre d’une reconquête plus large de nos capacités de production. C’est ce qui est ressorti du grand rendez-vous de la souveraineté alimentaire. « Je pense que notre objectif premier doit être de bâtir un pacte de reconstruction industrielle. Il faut regarder ligne par ligne les raisons qui limitent notre production, il faut un plan Marshall de reconquête » a lancé François Bayrou, Haut-Commissaire au plan, mardi 18 lors de l’évènement organisé à Paris par le Conseil français à l’agriculture et le Ceneca.

Revoir le colloque en replay : ici

Selon lui, la France « est un pays extrêmement original » car construit autour d’un contrat social. Or « ce modèle social pensé à la libération repose sur une seule chose : le nombre et la capacité des actifs ». « S’il n’y a pas de production, ce modèle social va s’effondrer », a déclaré le Haut-Commissaire au plan, pour qui la souveraineté alimentaire « est un sujet central pour l’avenir de la Nation et pas pour les agriculteurs seulement ».

Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture, a introduit le grand rendez-vous de la souveraineté alimentaire en déclarant : « il est de notre devoir de ne laisser à quiconque la maîtrise de notre souveraineté alimentaire ». Tout en reconnaissant que le secteur agricole ne rapportait plus que 4% de PIB en France contre 7% au début des années 80 et que la France était passée au 6e rang des exportateurs mondiaux de produits alimentaires derrière l’Allemagne et les Pays-Bas.

Si la crise avait duré quelques semaines de plus, on aurait pu être à un point de rupture 

Pour Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Economie, des finances et de la relance, chargée de l’industrie, l’approvisionnement alimentaire « a tenu » durant la crise de la Covid-19 « grâce à une mobilisation incroyable de l’ensemble des acteurs » mais « si la crise avait duré quelques semaines de plus, on aurait pu être à un point de rupture ». Et d’évoquer quelques fragilités « qui étaient connues » sur certains additifs ou les protéines à destination des élevages. « On ne doit pas se voiler les yeux, il faut voir comment point à point on peut mettre des stocks de sécurité, mettre en place des solutions alternatives », a-t-elle poursuivi.

Des pommes de terre produites en France qui transitent en Belgique pour revenir en chips

Malgré la mobilisation de tous les acteurs alimentaires, « la crise a mis en évidence quelques fragilités effectivement », a commenté Dominique Chargé, président de la Coopération agricole. « L’excédent agroalimentaire français a reculé de moitié depuis 2010. Si j’isole les liquides, on est déjà avec des produits d’importation dans nos assiettes. Nous exportons des produits bruts et on importe des produits transformés », a-t-il poursuivi, déplorant que la valeur soit « de plus en plus créée à l’extérieur ». Et de citer l’exemple des pommes de terre produites dans le Nord de la France et qui transitent vers la Belgique pour revenir sous forme de chips. 50% des poulets consommés dans notre pays sont importés « de pays qui ne respectent pas nos normes sociales et environnementales », 59% des fruits sont importés ou encore 41% des légumes, a-t-il complété, pointant parmi les causes la complexité administrative française.

  « Cette dépendance aux importations crée une deuxième dépendance qui est encore plus dangereuse, c'est en fait une dépendance à des systèmes de production qui ne respectent pas aujourd'hui nos propres standards de production », a déclaré le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie, dans son discours introductif. Pour contrer ce risque, il a assuré que la France allait promouvoir, dans le cadre des accords de libre-échange, le principe des « clauses miroirs », qui permettent de vérifier si les normes sanitaires des produits importés sont équivalentes aux normes du pays dans lequel ils arrivent.

Lire aussi : Lutter contre la concurrence déloyale, action clé pour gagner en souveraineté alimentaire ?

Il a désigné la présidence française de l'Union européenne, au premier semestre 2022, comme une bonne occasion pour avancer sur ce dossier. Une position défendue par Emmanuel Macron qui, à travers un entretien filmé retransmis en fin d’évènement, a déclaré : « pas de négociation commerciale avec les pays qui ne respectent pas l’Accord de Paris, mais nous défendons aussi la clause miroir, c’est-à-dire le fait de pouvoir refléter nos contraintes avec les gens avec qui nous échangeons ».

Lire aussi : Souveraineté alimentaire : Emmanuel Macron répond aux agriculteurs

Autre moyen pour regagner en souveraineté alimentaire selon le ministre de l’Agriculture : « se reposer sur la raison et la science ». « Sur la question de la recherche variétale, et des NBT notamment (nouvelles techniques de sélection variétale, NBT) au nom de quoi mettrait-on la vertu avant la raison pour balayer ce que la science peut nous apporter », a-t-il déclaré poursuivant « j’agirai toujours avec détermination sur ces sujets ».

Sur le sujet de la souveraineté alimentaire, selon le ministre de l’Agriculture, « le juge de paix sera à très court terme, le fait d’assurer le renouvellement des générations (dans l’agriculture, ndlr) ».

Lire aussi : L'enjeu de la souveraineté alimentaire en France en cinq chiffres-clés

 

 

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