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Pomme : les SDP, une nouvelle voie pour la protection du verger ?

Les stimulateurs de défense des plantes intriguent, mais difficile de s’y retrouver dans la multitude de produits commercialisés. Ils peuvent cependant présenter un réel intérêt dans la protection du verger.

Les cinq SDP ayant provoqué les plus fortes réactions de défense cellulaire ont été sélectionnés pour une évaluation en verger.
© RFL

Produits de synthèse, micro-organismes, extraits ou composés purifiés d’organismes… Il existe une offre pléthorique de produits qui revendiquent plus ou moins clairement une action de stimulation de défense des plantes et qui sont vendus soit comme intrants phytosanitaires soit comme fertilisants. Le consortium PEPS a réuni entre 2014 et cette année onze partenaires coordonnés par l’Inra pour essayer d’y voir plus clair dans la jungle des stimulateurs de défense des plantes (SDP) et déterminer s’ils peuvent avoir un intérêt réel en protection du verger, en particulier contre la tavelure du pommier. « En premier lieu, un criblage d’une trentaine de produits revendiquant une action de stimulation de défense et commercialisés sur des cultures diverses a été effectué en laboratoire pour identifier les meilleurs stimulateurs sur pommier, décrit Marie-Noëlle Brisset, Inra d’Angers. A ce stade-là, le criblage a été effectué sur la capacité des produits à activer 28 marqueurs de défense au niveau moléculaire, et les 5 produits les plus performants ont été sélectionnés pour une évaluation en verger ».

Une application systématique des SDP chaque semaine

Ces cinq candidats ont été évalués contre la tavelure en 2015 et 2016 sur huit sites expérimentaux situés dans les trois bassins de production, Centre-Ouest, Sud-Ouest et Sud-Est. Trois stratégies de protection ont été comparées : protection fongicide classique, protection allégée en fongicides et protection allégée en fongicides + SDP, ces derniers étant appliqués tous les 7 jours pendant la période de contamination primaire de la tavelure. « En 2015, la stratégie protection allégée a consisté à appliquer des traitements fongicides en préventif lorsqu’il y avait un risque de contamination, et de ne traiter en curatif qu' en cas de très fort risque avéré, raconte Marie-Noëlle Brisset. Résultat : la protection contre la tavelure a été trop forte dans la majorité des sites, similaire à celle obtenue en protection classique, et n’a pas permis de mettre en évidence un effet des stimulateurs. Nous n’avions donc pas pris suffisamment de risques ». Changement de stratégie en 2016, avec une levée totale des fongicides au premier voire au deuxième risque de maladie, puis des traitements en préventif uniquement en cas de risque fort. Sur la plupart des sites, il y a alors eu une nette différence de développement de tavelure entre protection classique et allégée. L’efficacité des cinq SDP surajoutés à cette protection allégé en fongicides a ainsi pu être évaluée. Les résultats ont été variables suivant les sites et les SDP. Mais dans l’ensemble, les modalités "protection allégée + SDP" ont montré une meilleure protection contre la tavelure que les modalités "protection allégée". Dans certains cas, elles se sont montrées aussi efficaces que la protection classique.

Déterminer les conditions idéales de traitement

En 2017, les trois meilleurs produits ont été retenus pour une nouvelle évaluation au verger : un produit à base de phosphonate de potassium, un à base d’analogue d’acide salicylique et un fertilisant à base de matière organique(1). Le produit à base de phosphonate de potassium s’est montré particulièrement efficace. Avec ce produit, sur le site d’Invenio, la modalité "protection allégée + SDP" a été équivalente à la protection classique. « Ces résultats sont très intéressants, cela fait la troisième année que l’on obtient des résultats similaires sur la station », indique Cécile Bellevaux, Invenio. Mais toujours avec un nombre de traitements élevé. « Cinq passages de traitement classique ont pu être supprimés grâce à l’application du SDP. Mais il y a tout de même eu huit passages pour l’appliquer, soit trois passages de plus que la modalité "protection classique" », souligne la responsable du pôle pomme d’Invenio. « Le projet Casdar PEPS a montré que les SDP peuvent avoir un intérêt en protection du verger de pommier contre la tavelure, résume Marie-Noëlle Brisset. L’étape suivante sera de raisonner le nombre d’applications en fonction des risques de contamination, ce qui paraît envisageable car l’activation des défenses se déclenche très vite (en quelques heures et non en quelques jours comme souvent décrit. Il y a aussi un gros travail à faire pour déterminer les conditions idéales de traitement. Des facteurs comme la variété ou les contraintes de l'environnement pourraient avoir une influence sur l’efficacité des SDP. Par exemple, des températures chaudes dans les heures qui suivent le traitement pourraient entraîner une baisse de réaction des plantes face aux produits ». Se pose aussi la question de leur persistance d’action. Bien que l’action de ces produits soit décrite comme systémique, il semblerait que les nouvelles feuilles émergeant après un traitement soient moins bien protégées que les feuilles présentes lors du traitement. Or les jeunes organes en croissance sont les plus sensibles à la maladie. Ceci suggère qu’un traitement SDP doit être renouvelé en cas d’apparition de nouvelles feuilles.

(1) Les noms commerciaux de ces produits ne sont pas mentionnés car ils ne sont pas homologués sur pommier. Des dossiers d’homologation sont en cours pour certains.

A savoir

Les stimulateurs de défense des plantes se définissent comme des substances ou macro-organismes vivants non pathogènes capables de promouvoir chez la plante un état de résistance face à des maladies ou ravageurs (définition RMT Elicitra).

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