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Pomme : les dégâts de gel dépendent du stade phénologique

Selon le stade phénologique du pommier, la température seuil d’apparition de dégâts varie. Une donnée essentielle pour les producteurs afin de gérer leur protection antigel.

Les stades de développement des fleurs de pommier les plus avancés sont les plus sensibles au gel, essentiellement à cause de la vulnérabilité du pistil aux basses températures.
© D. Mery

Les gelées du printemps dernier ont causé 6 % de pertes de production sur pommier par rapport à l’an passé, « 15 % par rapport à 2015, année de plein potentiel du verger français », analyse Vincent Guérin de l’ANPP. Selon le stade phénologique des vergers et les températures minimales, les dégâts ont été variables. Et parfois considérables pour certains producteurs. Or les méthodes de protection contre le gel sont coûteuses, en temps comme en argent. « L’optimisation de la protection contre le gel passe par une connaissance fine des seuils critiques selon les stades phénologiques, pour déterminer à quelle température la déclencher », déclare Vincent Mathieu, du Ctifl. Un seuil critique est défini comme la température au-dessus de laquelle aucun dégât n’est observé, pour un stade phénologique précis. Des références existaient, mais des incertitudes persistaient. Une récente étude du Ctifl a réactualisé les données pour les stades de C à I (20 mm) (voir tableau). Cette étude a été conduite sur des rameaux de la variété Smoothee 2832T® CG10Yellow Delicious placés en enceintes climatiques. « Les dégâts causés par le gel sont tributaires du stade phénologique de la plante. Les stades les plus avancés sont les plus sensibles, essentiellement à cause de la vulnérabilité du pistil aux basses températures », explique le spécialiste pomme. Le stade petit-fruit est le stade le plus vulnérable.

Des dégâts variables selon la parcelle

« Les valeurs de ces seuils sont mûrement réfléchies car le contexte gel est particulièrement difficile à appréhender, note Vincent Mathieu. Deux rameaux apparemment identiques peuvent extérioriser des niveaux de dégâts différents ». En effet, après juste quelques minutes supplémentaires de gel, les organes peuvent présenter des pourcentages supérieurs de perte. La présence d’eau ou de lieux de stagnation de froid dans les vergers modifient l’arrivée des dégâts. Des conditions ventées et froides abaissent les seuils d’apparition des dégâts : c’est la notion d’endurcissement du végétal. A contrario, des conditions poussantes vont favoriser l’apparition de dégâts à des températures moins basses.

Une prise risque déconseillé au stade petit fruit

Pour le stade B, les seuils établis dans la bibliographie n’ont pas été retestés. Le seuil critique a été établi à -7 °C. A partir de -9,4 °C, le seuil de 10 % de dégâts sur les bourgeons est dépassé. Plus de 90 % de dégâts sont atteints avec une température de -16,7 °C. « Le seuil critique proposé à -1 °C pour le stade I peut paraître un peu haut pour les habitués des zones gélives, souligne l’expérimentateur. Mais des dégâts de gel sont régulièrement observés à cette valeur et surtout la proportion de fruits touchés augmente drastiquement par le simple passage de -1° et -2 °C. Ce qui demande au mieux une heure de temps. La prise du moindre risque est donc déconseillée à ce stade ».

Source : Infos Ctifl

Sensibilité variétale

L’étude du Ctifl comprend une analyse variétale de la sensibilité au froid. Cette étude a été conduite sur trois ans à partir de rameaux en enceintes climatiques. Dix variétés ont été testées qui se répartissent en trois groupes. Galaxycov et Smoothee se sont montrés les plus régulièrement moins sensibles, suivis par Granny Smith et Braeburn. Cette dernière a le comportement le plus fluctuant parmi toutes les variétés testées. Joya® Cripps Redcov, Elstar et Arianecov ont un comportement intermédiaire. Rosy Glowcov, Jazz® Scifreshcov et Reine des Reinettes sont parmi les variétés les plus sensibles. Ce classement ne tient pas compte des différences de stade phénologique à une certaine date. En verger, les variétés se développent différemment, il est difficile d’établir une hiérarchie sur leur sensibilité au gel. Ainsi, Braeburn est souvent jugée plus sensible au gel que Cripps Pinkcov. Or ce ressenti est lié à un comportement indirect de la variété : Cripps Pinkcov a une phénologie étalée dans le temps. A date égale, Cripps Pinkcov a une proportion moindre de corymbes aux stades sensibles par rapport à Braeburn. Ce décalage provoque une production régulièrement supérieure pour Cripps Pinkcov, ce qui conduit à la trouver moins sensible. Mais ce qui n’est pas vrai, stricto sensu.

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