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Pêche : comment les restrictions d’eau impactent le rendement

L’irrigation est essentielle à la production de pêches et nectarines dans la plaine de la Crau, comme l'ont montré les résultats du projet Arb'eau Crau. Les restrictions d’irrigation auraient en effet un net impact sur le rendement.

Les vergers de pêchers de la plaine de Crau sont irrigués par des prélèvements dans la nappe de Crau.
Les vergers de pêchers de la plaine de Crau sont irrigués par des prélèvements dans la nappe de Crau.
© RFL

Dans le département des Bouches-du-Rhône, la plaine de la Crau est un territoire important de production de pêches et abricots. Les arboriculteurs y irriguent leurs vergers grâce au pompage de la nappe de la Crau qui est une ressource primordiale pour la région : elle alimente en eau potable 300 000 habitants et est indispensable aux industries de Fos-sur-Mer, ainsi qu’à l’agriculture. La plaine de la Crau comprend environ 200 agriculteurs irrigants et notamment 2 500 ha de pêchers et abricotiers en irrigation localisée.

Le projet Arb’eau Crau, débuté en 2020 pour trois ans, avait pour objectif de mesurer les impacts agronomiques et économiques d’une restriction hydrique sur des vergers d’abricotiers et de pêchers, afin d’anticiper et de se préparer à d’éventuelles restrictions de prélèvement imposées sur la nappe de Crau. Financé par un fonds Feader, la région Sud et l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, ce projet a été mené par la chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône en partenariat avec les centres INRAE d’Avignon et de Montpellier, SudExpé et AgroRessources.

Plusieurs niveaux de restriction testés

« Aujourd’hui, on a la chance d’avoir de l’eau en quantité grâce aux arrosages des prairies qui alimentent en partie la nappe de la Crau. Mais en 2022, on a vu les limites du système », contextualise Patrice Vulpian, arboriculteur à Saint-Martin-de-Crau et participant à Arb’eau Crau, dans une vidéo du colloque de restitution du projet qui a eu lieu en décembre. En effet, l’an dernier, les arboriculteurs de la Crau ont été confrontés pour la première fois à des restrictions de pompage dans la nappe de Crau.

Les sites d’expérimentation du projet Arb’eau Crau sont composés de trois parcelles de pêchers (précoces, de saison et tardifs) et d’une parcelle d’abricotiers (tardifs), situées sur deux exploitations à Grans et à Saint-Martin-de-Crau. Des appareils de mesures ont été installés sur les parcelles d’expérimentation, au sol et directement sur les arbres : dendromètres, sondes tensiométriques et appareils de mesure de potentiels hydriques. Au sein des parcelles, trois rangées d'arbres ont été isolées et la restriction a été pratiquée sur vingt arbres. Plusieurs niveaux de restriction ont été testés, variant de - 10 % à - 20 % entre mi-juin et mi-septembre, par rapport aux niveaux d’irrigation habituellement pratiqués par les deux producteurs : -10 % de mi-juin à mi-juillet, puis -20 % entre mi-juillet et mi-août, et -10 % du 15 août au 15 septembre. Ces restrictions ont eu des effets non négligeables sur la croissance des arbres et la production.

Une auto-régulation de la charge ?

Par exemple, sur un verger de nectarine de saison Queen Glory âgé de neuf ans, les restrictions appliquées ont permis une économie d’eau moyenne de 750 m3/ha sur les trois années du projet. En 2022, les arbres sous restriction hydrique ont subi un blocage de la croissance des rameaux et un stress de la végétation. Au niveau de la production, le témoin sans restriction a atteint un rendement de 44,7 t/ha contre 34,9 t/ha pour la partie de verger avec restriction hydrique, soit une baisse de 22 %. Cette régression de rendement pourrait être liée à une auto-régulation de la charge des arbres en raison du stress hydrique subi. Le calibre des fruits a été faiblement impacté.

Sur la variété de pêches tardives Nectarperf (verger en quatrième année de surgreffage), la restriction hydrique a permis de réaliser une économie d'eau moyenne de 625 m3/ha en 2021 et 2022. La production de fruits 2022 a été de 55,4 t/ha pour la partie irriguée sans restriction et de 42 t/ha pour la partie avec restriction hydrique, soit une baisse de 24 % du rendement. Même s’il faut rester prudent sur l’interprétation de ces résultats d’essai (difficultés techniques et seulement deux ou trois ans de suivi), il semble y avoir un effet des périodes de restriction sur le rendement. « Nous souhaitons poursuivre le projet Arb’eau Crau en 2023 avec les quatre parcelles d’étude actuelles et le même protocole de restriction, indique Lauriane Morel, en charge du projet à la chambre d'agriculture des Bouches-du-Rhône, lors de la restitution du projet. À partir de 2024, nous allons tester de nouveaux protocoles de restriction et nous étendrons le projet à d’autres agriculteurs de la Crau ».

Des difficultés techniques et climatiques

Le gel de 2021 a perturbé certains résultats du projet. © RFL
Plusieurs difficultés techniques et climatiques ont impacté le projet Arb’eau Crau. Celui-ci a été lancé juste avant le confinement de 2020 et la gestion des vergers a été particulièrement bouleversée sur les exploitations des deux exploitants. Certaines parcelles ont également subi des remontées de la nappe. De plus, en 2021, il a été difficile de déterminer les causes de réduction de rendement sur la variété tardive, entre le gel, la restriction d'irrigation ou d'autres paramètres.

4 600 ha irrigués par la nappe de Crau

Les prélèvements agricoles de la nappe de la Crau sont gérés par l’OUGC (organisme unique de gestion collective) nappe de Crau, créé par la chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône. L’OUGC a pour objectifs de sécuriser et définir un volume d'eau pour l'agriculture afin d'éviter des conflits entre les différents usagers, de réserver aux irrigants une autorisation unique pluriannuelle d’une durée de cinq ans et d’accompagner les irrigants dans la gestion de l'eau sur le territoire. L’organisme recense 200 irrigants et environ 4 600 ha irrigués par prélèvement souterrain, dont plus de la moitié en arboriculture et 1 000 ha en production de foin. Les 1 000 ha restant se répartissent entre maraîchage, oliviers, céréales et vignes.

Source : bilan technique Arb’eau Crau

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