Noix : l’essor des méthodes de lutte alternative
Confusion sexuelle, application d’argile, piégeage massif… Les méthodes de protection des vergers de noyers contre le carpocapse et la mouche du brou se diversifient, grâce aux homologations récentes et aux travaux de recherche.
Confusion sexuelle, application d’argile, piégeage massif… Les méthodes de protection des vergers de noyers contre le carpocapse et la mouche du brou se diversifient, grâce aux homologations récentes et aux travaux de recherche.
Depuis plusieurs années, la mouche du brou a rejoint le carpocapse parmi les principaux ennemis des vergers de noyers français. Les moyens de protection contre ce ravageur reposent principalement sur la protection chimique : des matières actives issues des familles des néonicotinoïdes (thiaclopride ou acétamipride) ou des organo-phosphorés (phosmet). La recherche de méthodes alternatives de protection est d’autant plus importante au vu de la perspective d’interdiction des néonicotinoïdes. La pulvérisation d’argile, comme barrière physique contre les pontes des mouches, est assez peu utilisée, notamment à cause de problèmes d’homogénéité dans l’application sur les grands arbres. Depuis juin 2017, une nouvelle voie s’est ouverte dans la protection contre la mouche du brou : le piégeage massif, avec l’homologation du piège Decis® trap MB de Bayer. Testée à la coopérative Coopenoix depuis trois ans, cette méthode se montre prometteuse. « En 2015, nous avons obtenu des résultats très intéressants sur des arbres à taille modérée, de variété Fernor, indique Franck Michel, responsable du pôle technique à Coopenoix. L’année suivante, sur une parcelle de Franquette, l’efficacité a été nettement moins bonne. Nous n’avions pu déposer les pièges avec la nacelle qu’à une hauteur de 9 m sur des arbres de 18-20 m, ce qui s’est avéré trop bas. »
Protéger les ZNT et les « zones sensibles »
Des comparaisons entre différentes hauteurs de pose réalisées en 2017 sur les bassins de production Sud-ouest et Sud-est, initiées par la station d’expérimentation nucicole Senura, confirment ce constat. Les pièges positionnés dans le tiers supérieur des arbres capturent plus de mouches que ceux placés plus bas. Pour être le plus attractif possible vis-à-vis des mouches, les pièges doivent être en effet à proximité des fruits. « Le piégeage massif fonctionne bien en pression ravageur modérée, pour gérer des foyers de mouche du brou, constate Franck Michel. Cette année, plusieurs centaines d’hectares seront protégées ainsi dans le Sud-est, mais pas que sur des parcelles complètes. Cette méthode permet de protéger les ZNT et les zones sensibles – proches des riverains, des écoles – en utilisant moins d’insecticides. » Le principal frein à son utilisation est son coût à l’hectare, « dix fois celui d’une application de Calypso », selon le technicien. La deuxième problématique est la pose, difficile sur les grands arbres, assez longue et pouvant nécessiter l’utilisation d’une nacelle.
Le Graal de la lutte alternative concomitante
Les diffuseurs de phéromones pour la lutte par confusion sexuelle sont développés depuis longtemps pour la gestion du carpocapse. « Les premiers essais ont débuté en 1997 à la Senura, évoque Agnès Verhaeghe, responsable scientifique à la station nucicole, lors de la rencontre technique Ctifl/Itab Fruits en AB, l’an dernier. Aujourd’hui, il existe un panel de solutions dans la lutte par confusion sexuelle contre le carpocapse. » « L’homologation de nouveaux diffuseurs ces dernières années (Checkmate Puffer en 2015, Ginko Ring en 2016), permet le développement de cette méthode », note Franck Michel. Contre la mouche du brou, il reste du chemin à parcourir. Le projet Licorne, débuté en janvier 2017, est porteur d’espoir. Des travaux impliquant l’Université de Gembloux, à Liège, le Ctifl et la Senura, visent actuellement à développer des phéromones de la mouche du brou pour une lutte par confusion sexuelle. A terme, l’objectif est de développer, avec la société M2i Life Sciences, une technique de pose innovante par tirs de paintball. Les billes envoyées dans les noyers contiendraient à la fois des phéromones du carpocapse et des phéromones de la mouche du brou. Ce qui permettrait une lutte alternative concomitante contre les deux ravageurs… Un programme très prometteur !
Piégeage massif contre la mouche du brou en trois étapes
1. Les pièges Decis® trap MB sont positionnés dans le tiers supérieur des arbres à l’aide d’une nacelle ou d’une perche, à la densité de 100 pièges par hectare.
2. Les mouches sont attirées par l’attractif alimentaire situé dans le piège et peuvent y entrer grâce à quatre trous.
3. Les mouches, en cherchant à sortir du piège, vont au contact du couvercle transparent. Celui-ci est enduit d’un mélange de glu et de deltaméthrine, qui les tue.