Aller au contenu principal

AG d’Aprifel 2/3
Néophobie alimentaire : pourquoi certains enfants rejettent-ils catégoriquement les légumes ?

Jérémie Lafraire, chercheur en sciences cognitives à l’Institut Paul Bocuse, explique les raisons cognitives de ce phénomène de rejet alimentaire qui apparaît chez les enfants entre 3 et 6 ans, particulièrement pour les légumes. Des solutions sont à explorer pour faire aimer les légumes.

Enfant en bas âge mangeant des fruits et légumes en purée
Alors que certains enfants mangent sans problème des fruits et des légumes, d'autres vont développer à partir de 2-3 ans des néophobies alimentaires.
© Ben Kerckx de Pixabay

La néophobie alimentaire, c’est ce phénomène bien connu -mais mal compris- de rejet de certains aliments par les jeunes enfants, entre 2 et 6 ans. Le rejet s’observe avant même la mise en bouche de l’aliment, il repose donc sur l’aspect visuel. Mais pourquoi ce phénomène ne concerne-t-il que certaines catégories d’aliments, en particulier les légumes ?

Jérémie Lafraire, chercheur en sciences cognitives à l’Institut Paul Bocuse, a apporté des éléments de réponse lors d’un débat passionnant à l’assemblée générale d’Aprifel, l’Agence pour la recherche et l’Information en fruits et légumes, le 13 juin, autour des changements possibles des comportements alimentaires dans un monde de turbulences.

 

L’aspect d’un légume va changer selon comment on le cuisine, et c’est perturbant

Jérémie Lafraire et son équipe ont montré que ce phénomène s’exprimait davantage chez les enfants ayant le moins de connaissances ou des mal-connaissances sur ces aliments. « Avant 2 ans, le choix d’un aliment repose sur les indices sociaux : ce que me donne à manger papa ou maman, etc., explique le chercheur. Après 2 ans, le choix est basé sur la reconnaissance. Or l’aspect d’un fruit ou d’un légume va changer selon son mode de présentation. Les enfants présentant le plus de néophobies alimentaires sont ceux qui ont un déficit de connaissances alimentaires le plus élevé. »

Il s’agirait donc de présenter à l’enfant l’aliment sous toutes ses formes culinaires, modes de présentation et degrés de maturité. Et bonne nouvelle : ça marche aussi avec des images et des films, pas uniquement “en vrai” lors de sessions cuisine. Jérémie Lafraire a testé avec succès des sets de table éducatifs à la cantine, que les enfants pouvaient regarder en attendant l’arrivée des assiettes. « Il s’agit bien de multiplier les angles d’attaque, tout est bon à prendre ! », revendique-t-il.

 

Des programmes nutritionnels adaptés au contexte et des publicités “inférences”

En sachant dans quel contexte l’aliment est accepté (j’aime les huîtres mais pas au petit déjeuner), et en s’intéressant au niveau et type de connaissances qui peuvent être assimilées selon l’âge de l’enfant, on peut bâtir des programmes nutritionnels adéquats et utiles.

Par ailleurs, l’explication plutôt que l’information brute induit des changements beaucoup plus durables. « Cette application des inférences dans le domaine de la publicité fonctionne ! », approuve Jacques Rouchaussé, président de Légumes de France, lors de la présentation de Jérémie Lafraire.

* L’inférence correspond à une opération logique de déduction qui consiste, à partir d’indices présents, à rendre explicite une information.

 

Les plus lus

Etal fait de cagettes d'un vendeur à la sauvette de fruits et légumes à la sortie d'une bouche de métro à Paris.
Vente à la sauvette de fruits et légumes à Paris : de la prison ferme pour les fournisseurs

De la prison ferme pour des organisateurs de ventes de fruits et légumes à la sauvette : une sanction historique pour ce…

capture d'écran de la page d'accueil du site DataSIQO
Siqo : qu’est-ce que DataSIQO, plateforme de datavisualisation des produits sous signe de qualité et de l’origine ?

Le site a été lancé par l’INAO et le réseau des chambres d’Agriculture. Il se veut être un outil d’aide à la décision pour les…

<em class="placeholder">ananas</em>
Avocat, mangue, ananas : l’Occitanie se prépare à cultiver de nouvelles espèces fruitières

Le changement climatique perturbe le secteur agricole et impacte les productions fruitières, obligeant les agriculteurs à s’…

Coordination rurale - Agen - Légumes de France
Légumes de France : à Agen, une fin de congrès sous tension

Le 67e congrès de Légumes de France s’est achevé avec un face à face syndical entre les congressistes de Légumes de…

Captures d'écran de comptes X et de site internet de différents média, titrant sur le blocage des agriculteurs à Perpignan.
Pyrénées-Orientales : une centaine d’agriculteurs bloquent les camions venus d’Espagne, le marché Saint-Charles au ralenti

Il s’agit d’une action à l’appel de la Coordination Rurale dans le cadre de la reprise du mouvement de colère agricole (prix,…

un rayon de bananes 1er prix dans leur sachet en plastique, avec l'indication "des fruits et des légumes à moins de 1€"
La banane, fruit préféré des Français, est-elle toujours l’un des fruits les moins chers du rayon ?

La banane se targue de son accessibilité, raison selon l’interprofession AIB de son succès auprès des Français. Et même si son…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site filière Fruits & Légumes
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière fruits & légumes
Consultez les revues Réussir Fruits & Légumes et FLD au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière fruits & légumes