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Serge Mannoni, producteur de melons dans les Bouches-du-Rhône : « melonnier, c’est un métier »

45 ans après son installation, Serge Mannoni a transmis son métier de melonnier à ses trois fils. Une passion partagée qui se décline en deux marques commerciales premium commmercialisées auprès de grossistes français.

Dans la plaine du Trébon, du côté de Tarascon dans les Bouches-du-Rhône, le melon est au centre de la vie de Serge Mannoni depuis les années 1970. « A la maison, aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours vu des melons sur la table et j’en produis aussi depuis très longtemps », résume Serge Mannoni quand on l’interroge sur son histoire personnelle et son parcours d’agriculteur.

« Le feeling » pour le melon

Il faut dire que les terres sablo-argileuses très fertiles où il s’est installé conviennent particulièrement bien au produit. Bien résistante à la fusariose, la nature des sols s’en trouverait aussi renforcée par la présence d’un champignon antagoniste à la maladie. Même les variétés plus vulnérables s’y développeraient sans difficulté, d’après certaines études. Il y a certes ce terroir favorable, mais la maîtrise de la culture et le savoir-faire de Serge y sont aussi pour beaucoup. La relation permanente et de longue durée qu’il a engagée avec le melon est quasi mystique. « Melonnier, c’est un métier, une culture que l’on ressent. Le melon est un produit qui communique. Il faut savoir l’écouter, pour lui apporter ce qu’il attend », observe avec sérieux le maraîcher.

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Nul doute que Serge Mannoni a ce que l’on peut appeler « le feeling » pour cette culture. Alexandre, Christophe et Maxime, ses trois fils, qui ont la trentaine, ont pris le relais. « Je leur ai transmis le témoin, et ils sentent bien la culture », confirme leur père à la retraite depuis quatre ans. Enfin, à la retraite… Il a retrouvé à leur côté une place de salarié, car on n’abandonne pas le melon comme ça ! Avec l’entreprise familiale « Terre Nova » qu’ils mènent ensemble, ils ne produisent pas moins de cent hectares de melons par an. Pionnier du melon sur Tarascon, Serge Mannoni était très loin d’en faire autant quand il a débuté.

Tout ce qu’il faut pour produire du sucre

Depuis près de 20 ans, c’est la marque « Les Rubis de Lansac » qui symbolise la qualité de la production de la famille Mannoni. A la demande de négociants, une deuxième marque, « Le César », a été lancée il y a deux ans, mais représente déjà de 20 à 30 % des ventes. Ces deux marques premium se targuent de valoriser un produit tracé, certifié GlobalGAP avec zéro défaut. « Ce sont des fruits très attractifs, qui doivent répondre aux exigences de consommateurs qui le payent relativement cher », commente Serge Mannoni.

Très attentifs aux progrès de l’expérimentation sur leur produit, les Mannoni mettent chaque année plusieurs de leurs parcelles à disposition des essais mis en place par l’Aprel et son réseau. Soucieux d’améliorer leurs pratiques, ils font aussi partie du Ceta du Soleil. Dans les parcelles de l’exploitation, le melon est produit deux années de suite. Des assolements de céréales prennent le relais pendant quatre ans. Des pratiques qui permettent d’éviter certaines maladies, même si elles ne garantissent pas non plus de s’affranchir de toutes les problématiques sanitaires.

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Les terres sont ici chargées en magnésie et en potasse. « Tout ce qu’il faut pour produire le sucre du melon », souligne Serge Mannoni. La production de l’exploitation s’étale entre la deuxième quinzaine de mai jusqu’à la première semaine de septembre. La majorité des volumes sont produits plein champ, d’abord sous chenille, puis sous bâche. Mais une quinzaine d’hectares de serres, utilisées l’hiver pour la production de salades, servent aussi à démarrer la saison sur le melon. « Nous avons entamé les premières plantations le 17 février, et elles vont continuer à s’échelonner dans les semaines à venir, selon les parcelles. Mais ce n’est pas de la science exacte : tout dépendra de la climatologie. Avec l’expérience, on essaie de faire en sorte de maîtriser les volumes, afin de produire un melon mûr et frais, prêt pour l’expédition quand le marché l’exige », rapporte le maraîcher.

Continuer de fidéliser malgré tout

Côté commercialisation justement, si Serge Mannoni passait auparavant par l’expédition locale, il s’appuie aujourd’hui sur des grossistes présents sur les grands marchés français (Rungis, Lyon, Lille, Bordeaux). Reste que ces dernières années, le marché est devenu compliqué et se différencier devient de plus en plus difficile. C’est pourquoi il a continué de privilégier la qualité, car les clients y sont très attentifs. « Dans les périodes difficiles où les marchés sont saturés, c’est toujours elle qui va nous permettre de vendre, pas forcément plus cher, mais de vendre », explique-t-il. Même si une certaine notoriété a été acquise au fil des décennies, l’exploitation continue de communiquer sur ses marques. Et « la fidélisation des clients reste un travail de tous les jours ».

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Les fils Mannoni sont présents sur tous les salons incontournables de la filière pour mettre en avant le melon de Lansac. « Car rien n’est acquis. » Avec des surfaces à la baisse sur l’ensemble des bassins de production et des consommateurs français qui sont beaucoup moins partis à l’étranger, la campagne 2020 s’est plutôt bien déroulée. L’exploitant souhaite, comme tous les Français, que la vague pandémique touche à sa fin, pour permettre à tous les producteurs et aux acheteurs de retrouver un fonctionnement normal. « Histoire aussi de rattraper la très mauvaise campagne salade », conclut-il.

"Dans les périodes difficiles, la qualité permet de vendre"

Le Ceta du Soleil

 

 
© E.Delarue
Au nord des Alpilles, dans un triangle Avignon/Tarascon/Plan d’Orgon, le Ceta du Soleil compte 26 producteurs. Ils sont suivis par Antoine Dragon, référent cultures melon au sein de la Fédération départementale des Ceta maraîchers. Le Ceta du Soleil représente une soixantaine d’hectares sous abri, et une centaine d’hectares de plein champ. Le melon et la salade sont les principales cultures du Ceta, où l’on retrouve des exploitants très spécialisés et d’autres beaucoup plus diversifiés. Le Ceta compte aussi de plus en plus de producteurs en agriculture biologique.

 

Les sols résistants de la Durance

 

 
Les sols dits suppressifs et résistants au développement de la fusariose font depuis longtemps l'objet de travaux de recherche. © F.Villeuve

Les producteurs de melon des zones de Tarascon et de Châteaurenard bénéficient d’une particularité des sols dits suppressifs. Il s’agit de « sols dans lesquels l’agent pathogène ne s’établit ou ne persiste pas, s’établit mais provoque peu de dégâts ou aucun dégât ». Parmi les exemples connus et étudiés depuis de nombreuses années les sols alluvionnaires de la Durance résistent à la fusariose du melon (due à Fusarium oxysporum f. sp. melonis). On connaît aussi les sols de l’embouchure du Var et de Siagne résistants à la fusariose de l’œillet (due à Fusarium oxysporum f. sp. dianthi).

Des sols suppressifs à diverses espèces de nématodes ont également été identifiés dans des plantations de bananiers en Amérique du Sud. Etudiés par INRAE depuis les années 1980, cette particularité est prise en compte dans le projet Synergies pour mieux comprendre les facteurs de développement des fusarioses et identifier des leviers agronomiques à mettre en œuvre. Les premiers résultats de travaux conduits sur le melon par le CTIFL témoignent des effets de l’apport de matières organiques sur la biodiversité de la flore du sol qui est à la base de la réduction d’attaques de fusariose. Les observations ont également montré un effet négatif de l’azote et son rôle dans le développement de la maladie dans la plante.

 

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