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Dossier Pêche : Une success story « made in Espagne »

Avec quelque 2 800 hectares, l’entreprise d’Estrémadure Tany Nature commercialise en moyenne près de 65 000 t de fruits à noyau par an. Ce qui fait d’elle l’un des principaux acteurs européens en pêches et nectarines et le leader mondial en prunes. Le résultat d’une stratégie d’entreprise qui ne laisse rien au hasard.

Atanasio Naranjo Hidalgo, président exécutif de Tany Nature et président d’Afruex a été un des principaux initiateurs de la production de pêche en Estrémadure.
© Tany Nature

Près de 30 000 t de nectarines, 11 000 t de pêches, 2 700 t de pêches plates mais aussi 25 000 t de prunes, une production d’huile d’olives, d’asperges, d’abricots, de kakis et de grenades, des exportations vers 48 pays, 650 emplois à temps plein et quelque 3 000 saisonniers de mai à septembre, une station de conditionnement de 42 000 m2… Des chiffres susceptibles de donner le tournis à n’importe quel arboriculteur. Et pourtant, ce sont ceux qu’affiche Tany Nature, une entreprise familiale située à Villaneuva de la Serena en Estrémadure et créée par Atanasio Naranjo Hidalgo, actuellement président exécutif du groupe et président de l’association des producteurs de fruits d’Estrémadure Afruex qui regroupe 90 % des producteurs de fruits de la communauté estrémègne, soit près de 250 000 t.

 

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Dans cette région, l’une des plus pauvres d’Espagne, dédiée principalement à la culture du riz, de l’olivier et à l’élevage, Atanasio Naranjo a choisi de sortir des sentiers battus. « La région d’Estrémadure possède un climat proche de celui de la Californie, propice à la culture des fruits à noyau avec, de surcroît, une très bonne ressource en eau grâce à la présence du fleuve Guadiana. Nous sommes la région d’Espagne avec la plus grande disponibilité en eau », explique l’arboriculteur. C’est dans les plaines fertiles du Guadiana qu’il installe en 1992 les premiers vergers de pêchers.

Une entreprise familiale à l’international

Des années 90 au cours desquelles un développement important des superficies a eu lieu, Atanasio Naranjo se souvient d’une époque très dynamique. « Cette période s’est caractérisée par une évolution rapide et pertinente des modes de conduite, des systèmes d’irrigation et de la sélection variétale. En parallèle, nous avons fait évoluer notre stratégie commerciale en ciblant les marchés nationaux puis internationaux pour aujourd’hui viser le grand export avec notamment l’Asie, l’Afrique du Sud et le Brésil. A partir de là, nous n’avons jamais cessé d’évoluer avec deux exigences en ligne de mire, la qualité gustative et sanitaire de nos fruits et le respect de l’environnement », indique-t-il. Pour passer de 10 000 t de fruits commercialisés en 2001 à 65 000 t en 2018, l’entreprise familiale a engagé une première structuration dès 2001 avec la création de l’organisation de producteurs Frugalia. La société historique Fruticola Castelnova, propriété d’Atanasio Naranjo, commercialise alors la totalité de sa production via Frugalia. Durant la décennie suivante, la disparition de coopératives et d’entreprises privées estrémègnes concourt à l’adhésion de 700 ha à Frugalia, soit 110 arboriculteurs dont 40 adhérents et 70 apporteurs libres. Créée en 2003, Tany Nature devient la société commerciale et de conditionnement en charge de la mise en marché des productions issues des 2 800 ha adhérant à Frugalia, dont 1 600 ha de pêchers. Outre le marché espagnol qui représente en moyenne 25 % des ventes tout au long de la saison, l’Europe occupe une place majeure avec 70 % des ventes d’avril à mi-juin ainsi qu’en fin de saison ; le reste étant destiné au grand export. Durant ces deux périodes, les pêches et nectarines alimentent très majoritairement les ventes. Des proportions inversées de la mi-juin à fin août avec près de 70 % des volumes destinés au grand export constitués très majoritairement par les prunes et seulement 10 % pour le marché européen. « En pêches et nectarines, la sélection variétale devrait prochainement mettre à notre disposition des fruits de très bonne qualité gustative présentant des aptitudes pour le transport. Ce qui nous permettra avec ces deux espèces d’accélérer le développement de nouveaux marchés sur des destinations lointaines telles que le Brésil, l’Asie… », complète l’entrepreneur.

Objectifs, zéro résidu et agriculture circulaire

Au sein de ce territoire préservé, Atanasio Naranjo affiche une volonté sans faille de préserver l’environnement, le sol et garantir la qualité sanitaire de ses productions. C’est ce qui l’a conduit à développer sur la totalité des surfaces la culture raisonnée. En orientant désormais ses productions vers le « zéro résidu », le groupe a franchi un nouveau pas. Au service de cette stratégie, il crée en 2006 la société d’achats et de services Ceconsa composée d’un service technique et de recherche dédié à l’expérimentation et au suivi technique des différentes exploitations du groupe ainsi que des apporteurs. Une quinzaine d’ingénieurs agronomes et trois biologistes constituent l’équipe technique. « Il y a une douzaine d’années, nous avons initié la suppression des engrais chimiques et créé notre propre centre de compostage à partir du recyclage de nos déchets ainsi que de produits secondaires locaux », indique le producteur. D’ici à 2020, il table sur une maîtrise de la fabrication de la totalité des engrais utilisés sur ses exploitations et cible à terme le développement d’une agriculture circulaire. En deux décennies, Atanasio Naranjo a hissé son entreprise au plus haut niveau. Avec l’arrivée de ses trois fils Jose-Maria, Atanasio et Jorge au sein du groupe, il a relevé son défi ; celui de pérenniser une entreprise familiale à l’envergure internationale.

Des variétés plus rustiques et capables de voyager

Situées en Andalousie et Estrémadure, les productions des 1 600 ha de pêchers de Frugalia s’étalent de mi-avril à fin juin. Des surfaces désormais stables après avoir subi une augmentation sur le créneau précoce, de mi-avril à mi-mai. Désormais, c’est sur la reconversion variétale que se concentrent tous les efforts du groupe. « Au regard du changement climatique mais aussi de l’évolution de nos marchés de plus en plus tournés vers le grand export, la sélection variétale doit évoluer et nous permettre de cultiver des variétés rustiques, adaptées à des modes de culture plus écologiques mais aussi capables de voyager tout en ne faisant aucun compromis sur la qualité gustative », souligne Atanasio Naranjo, président du groupe Tany Nature. L’autre exigence réside dans l’aptitude de ses variétés à s’adapter à des itinéraires culturaux ciblant le « zéro résidu ». « Dans ce double objectif, nous sommes non seulement partenaires de tous les programmes de sélection européens et californiens mais nous avons également développé un programme en lien avec l’université du Chili pour créer des variétés de très bonne qualité gustative et capables de voyager. Initié sur la prune, ce programme devrait permettre de sélectionner prochainement des marqueurs susceptibles d’être développés sur le pêcher », explique le producteur. Autre évolution : le changement climatique. « Il se traduit globalement par moins de pluies, la disparition des risques de gel, de plus en plus de pics de chaleur très élevés en été, des printemps erratiques. Les automnes restent plus stables ; ce qui crée de nouvelles fenêtres de production », indique Atanasio Naranjo. Déjà disponibles, de nouvelles variétés qui se récoltent au mois d’août devraient permettre à l’Estrémadure de prolonger son calendrier de production.

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