Les pêches passent sous la douche

Les fruits à noyau, et plus particulièrement les pêches et les nectarines, sont sensibles aux maladies de conservation, très souvent liées à des monilioses et dans une moindre proportion à Rhizopus stolonifer, Penicillium expansum et Botrytis cinerea. L’infection se déroule principalement au verger et engendre des pertes très importantes après récolte. L’application d’un traitement thermique pour détruire une partie de ces champignons a depuis longtemps montré son efficacité sur différentes espèces de fruits et légumes.

50 à 95 % de fruits atteints en moins

Dans le cadre du projet TEC (Traitement eau chaude) ⁽¹⁾, une machine de douchage en ligne à l’eau chaude a été développée dans le but de réduire les maladies de conservation des pêches et nectarines. Cette machine, développée par la société Crovara sur la base de l’expérience acquise par le CTIFL et validée par le centre technique, est aujourd’hui opérationnelle (voir encadré). Lors d’une phase de validation à grande échelle au sein de la coopérative Teraneo, menée en 2016 et 2017 sur 16 tonnes de fruits et 16 variétés de pêches et nectarines, une réduction de 50 à 95 % de la quantité de fruits atteints par des monilioses a été obtenue avec un traitement à l’eau chaude de 30 secondes à 58 °C. En effet, cet apport de chaleur par le douchage est suffisant pour réchauffer très rapidement la surface des fruits et obtenir une destruction d’une partie des champignons présents au niveau de l’épiderme ou dans les premières couches sous-épidermiques. Sur le plan commercial, le douchage réduit fortement la quantité de fruits pourris dans les plateaux, ce qui a pour avantage de diminuer les risques de refus de lots dans le circuit de commercialisation, à l’origine de coûts très importants. L’impact du traitement à l’eau chaude sur les critères physico-chimiques et la qualité gustative n’ont pas été évalués spécifiquement sur les lots traités sur la machine dans le cadre du projet TEC. Toutefois, de nombreuses mesures et des tests sensoriels, réalisés dans de précédents essais, avaient montré l’absence d’impact sur les critères de qualité (taux de sucre, fermeté et acidité totale).

Réduction des résidus sur les lots douchés

Des analyses microbiologiques ont montré une absence de risque microbien lié à l’eau utilisée. Toutefois, la recommandation actuelle de l’équipementier est de changer l’eau quotidiennement (5 m³ apportés de manière automatisée). Des échantillons d’eau ont également été prélevés pour vérifier l’évolution des résidus de produits phytosanitaires dans l’eau de lavage. Les résultats montrent qu’il n’y a pas d’accumulation au cours du passage des lots, et au contraire une baisse de certains résidus dans l’eau des bacs si le lot suivant n’a pas été traité avec les mêmes matières actives. Plusieurs échantillons de fruits ont été prélevés pour quantifier les résidus de produits phytosanitaires sur les fruits. Les analyses confirment l’absence de transfert d’une molécule présente sur un lot de fruits vers un autre lot de fruits douché postérieurement. De plus, les analyses ont toutes montré une baisse de la quantité de résidus sur les lots douchés par rapport aux lots témoins. La réduction est en moyenne de 30 %, avec une forte variabilité en fonction des matières actives (valeurs comprises entre 3 et 65 %) sans toutefois permettre la disparition complète des substances détectées. Tous les résidus mesurés étaient très inférieurs aux Limites maximales de résidus (LMR). Ces mesures constituent une première approche et nécessiteront d’être confirmées sur des durées de fonctionnement plus longues et sur un plus grand nombre de lots de fruits. L’efficacité de cet équipement vis-à-vis de la réduction des pourritures de fruits produits en agriculture biologique et conventionnelle a été confirmée. Il est également possible d’envisager plusieurs configurations de machine pour une intégration sur différents types de chaînes de conditionnement. Des déclinaisons sur d’autres espèces peuvent également être possibles.