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Prévisions de récolte
[Medfel 2022] : Malgré le gel, « on devrait avoir de l’abricot français en rayon tout le long de la saison »

Après une campagne européenne 2021 d’abricots très touchée par le gel, 2022 devrait revenir sur des niveaux plus proches de la moyenne, selon les prévisions dévoilées lors de Medel le 28 avril.

Vers une année "normale" pour l'abricot français, enfin disponible en rayon toute la saison?
© Réussir

Après une campagne européenne 2021 d’abricots très touchée par le gel, 2022 devrait revenir sur des niveaux plus proches de la moyenne, selon les prévisions dévoilées lors de Medel le 28 avril.

Europech annonce ainsi une « année moyenne basse », selon Eric Hostalnou, animateur de la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales, autour des 515 000 t. « On est encore loin du pic de 2019 de 640 000 t mais on remonte après la forte baisse à 400 000 t de 2021 ». A part l’Espagne, très touchée par le gel et la pluie et qui annonce une campagne à 59 000 t, les bassins européens remontent tous. L’Italie retrouve sa place de premier producteur, avec des prévisions de 262 000 t, suivie par la France à 128 400 t. La Grèce devrait tourner autour de 64 500 t.

 

En 2021, les prix avaient été plutôt bons pour les producteurs en raison du manque d’offre, avec des marchés plutôt fluides, mais n’avaient pas permis de compenser les conséquences de perte de volumes sur les revenus des producteurs.

 

 

France : optimisme pour 2022, enfin !

« 2022 s’annonce très différente de 2021 pour l’abricot ! », annonce tout de go Bruno Darnaud (AOP Pêches et Abricots de France). La campagne française 2021 d’abricot avait été extrêmement touchée par le gel, à 57 000 t, loin de la moyenne 2016-2020 à 118 000 t (qui étaient déjà des années impactées par le gel) et encore plus du potentiel des 160 à 170 000 t d’il y a une dizaine d’années.

Enfin, 2022 se profile comme une année normale, avec des prévisions à 128-130 000 t. L’abricot français a subi cette année encore des nuits de gel mais la mobilisation des producteurs semble avoir limité l’impact sur les volumes. « Quelques zones à coteaux ont pu être plus touchées », précise Bruno Darnaud (AOP Pêches et Abricots de France).  Dans le détail, Rhône-Alpes annonce 67 400 t (15 300 t en 2021, région alors la plus impactée par le gel), Paca 19 500 t (8 400 t en 2021) et le Languedoc-Roussillon 40 000 t (33 200 t en 2021).

« Bien sûr il est encore tôt dans la saison. Et à voir le contexte de mise en marché, avec l’attitude du consommateur face à l’inflation et la météo car un orage de grêle est encore possible, avertit Bruno Darnaud. Mais nous sommes plutôt optimistes. On devrait avoir de l’abricot français en rayon tout le long de la saison. » La flambée des coûts, l’augmentation du Smic (la troisième en 3 ans), le retard de la saison espagnole, la guerre en Ukraine sont aussi des points d’incertitude.

Côté surfaces, après 4 années compliquées par le gel et la grêle, la tendance est à la baisse avec 100 ha replantés seulement pour 300 ha arrachés chaque année, selon les chiffres de l’AOP.

 

France : l’abricot bio impacté par la pluie ?

Dans le Roussillon, principale région productrice de l’abricot bio, l’impact du gel a été marginal mais la zone a subi 10 jours de pluie. L’impact devrait être plus marquée sur deux variétés de fin juin, qui concerne principalement le bio. Ce segment pourrait donc bénéficier d’une fluidité et d’un effet prix par manque d’offre dont il n’avait pas bénéficié en 2021 car moins impacté que le conventionnel par le gel, analyse Jean Pratx (Le Verger Bio de Véronique).

 

Grèce : en hausse globale, du gel dans le Nord sur les précoces

La Grèce annonce des prévisions à 64 500 t (+950 t comparé à 2021), dont 35 000 t sur le Péloponnèse (stable) et 30 000 t en Macédoine (en baisse en raison du gel). « La saison d’abricot en Grèce se présente mieux que 2021 sur les deux bassins de production que sont le Péloponnèse (Sud) et la Macédoine (Nord), avec une hausse globale de 17 %, annonce Georges Kantzios (Coop Asepop). Mais il y aura tout de même encore un manque, avec une baisse de -20 % par rapport à la moyenne sur cinq ans (80 000 t), et même plus à périmètre constant car des nouvelles parcelles sont en train d’entrée en production. » Le déficit sera plus marqué sur le début de saison avec le gel qui a impacté les variétés précoces sur le Nord.

 

Espagne : impactée par la météo, la saison est incertaine

L’Espagne a été très impactée par la météo et annonce une campagne à 59 000 t (-37 % par rapport à l’année dernière), avec des pertes dues au froid. « La moitié de notre potentiel est affectée, confirme Santiago Vasquez (Fédération des coopératives espagnoles). A cela, il faudra ajouter l’impact des pluies persistantes du mois de mars : problèmes de nouaison et d’humidité. »

La région Aragon Catalogne a été la plus impactée par le gel, réduisant ainsi le potentiel de 20 000 t à 3 000 t pour l’Aragon et de 11 000 t à 3 000 t pour la Catalogne, soit une baisse provisoire (elle pourrait s’aggraver !) de -107 % !

Murcia, la principale zone de production, a été moins affectée par le gel mais fortement frappée par les pluies. Il est tombé en un mois plus de 600 mm de pluie ! La région annonce 40 000 t.

Les autres régions prévoient 2 300 t pour Valence, 2 500 t pour Castilla-la Mancha et 8 253 t pour le reste de l’Espagne. Le potentiel espagnol est donc en baisse spectaculaire à 59 000 t après une baisse déjà marquante à 93 000 t en 2021, loin du potentiel de 80 000 t et encore plus loin de la moyenne 2016-2020 de 123 687 t.

La campagne espagnole débute avec une semaine de retard, les zones les plus précoces viennent de commencer. Les perspectives de prix pour les producteurs sont plutôt bonnes. Quant à la guerre Ukraine/Russie, quelques volumes de fruits à noyau y étaient exportés mais la baisse de production devrait réguler la situation. La flambée des coûts est aussi source d’inquiétude. Manuel Simon (Afrucat) annonce ainsi des coûts de revient en hausse de 30 à 45 % selon les entreprises, qu’il faudrait répercuter d’autant sur les prix.

Côté verger, le renouvellement variétal s’axe sur la productivité. Celle-ci est en hausse, non pas grâce à un gain de surface ou de nombre de producteurs mais grâce à « de meilleures cultures » en termes de variétés et d’itinéraire technique, note Manuel Simon.

 

Italie : retour à la hausse mais incertitudes liées à la guerre et la flambée des coûts

Après deux années difficiles, l’Italie annonce un retour à la hausse des volumes à 262 686 t, dont 77 500 t pour l’Emilie-Romagne et 159 500 t pour l’Italie du Sud. Pour mémoire, les volumes 2021 avaient atteint 187 500 t. La moyenne 2016-2020 est de 237 500 t.

« On reste sous le potentiel des 300 000 t qu’on atteignait il y a quelques années mais on s’en rapproche, annonce Tomas Bosi (CSO). La floraison est bonne, l’impact du gel est marginal. Il y aura un manque d’offre en début de saison mais la situation est équilibrée. »

La flambée des coûts est aussi un gros point d’interrogation pour les Italiens, ainsi que la guerre Russir/Ukraine en raison des impacts indirects, avertit Tomas Bosi : « Ce n’était pas un débouché pour nous mais des concurrents pourraient reporter sur le marché européen des volumes traditionnellement destinés à ces marchés russes et ukrainiens. »

Côté dynamique en verger, après des années de plantation, l’Italie note des ralentissements. La dynamique est aussi à l’étalement des dates de récolte, jusqu’à juin-juillet, par le choix de nouvelles variétés.

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