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L’esprit de mutualisation de la Cuma

La Cuma de Sainte-Bazeille du Mirail est la clé de voûte d’une mutualisation familiale et d’une organisation rationnelle par production pour le bien de tous ses membres.

L’intérêt de la Cuma est de pouvoir disposer d’un parc de matériels spécifiques aux cultures légumières de plein champ.

Partager tout le matériel nécessaire à l’exploitation, de la tronçonneuse au tracteur de 110 ch. La Cuma de Sainte-Bazeille du Mirail, près de Marmande, en Lot-et-Garonne, remplit ce rôle depuis 1991. « Cette Cuma est issue d’un Gaec de quatre membres. Avec la création d’EARL, les sociétaires ont souhaité continuer de disposer du matériel en commun », explique son président Thierry Cambe. Aujourd’hui, la coopérative compte 17 membres, 14 structures juridiques (EARL, SCEA, GFA, SAS…) et trois adhérents en nom propre. Elle réalise pour 90 000 à 100 000 euros par an de prestations auprès de ses différents membres, pour la plupart rattachés entre eux par des liens familiaux (frères, épouses, beaux-frères, oncles), ce qui facilite la mutualisation.

Soit sous-équipés, soit sur-endettés

L’activité de la Cuma est principalement centrée sur diverses productions de légumes, de fruits et de céréales entrant dans les rotations. Seule une activité d’exploitation de plantation de peupliers, provenant de la reprise d’activité d’une autre Cuma apporte une diversification. « La Cuma répond à l’évolution des productions dans les différentes structures », explicite Thierry Cambe. Pour l’heure, son périmètre d’activités s’étend sur 20 ha de serre et d’abri et 70 ha de cultures en plein champ dont 30 ha d’arbres fruitiers (pruniers Reine-Claude, noisetiers), 4 ha de vigne et 25 ha de céréales (blé, tournesol) en rotation avec 20 ha de cultures légumières. Elle participe à la production de 2 600 tonnes de tomate, 400 tonnes de fraise, 600 tonnes d’aubergine et 2,4 millions de têtes de salade dont 1,2 million cultivées l’été en plein champ. Pour cela, la Cuma dispose de huit tracteurs avec le matériel de travail du sol (charrue, herse, etc.) et d’épandage, trois pulvérisateurs (fruitiers, céréales et serre), tout le matériel spécifique à la production de cultures légumières (rotobêche, cultirateau, pailleuse, planteuse, bineuse…) et à la récolte (tracteur, remorques, fourgons). « Nous sous-traitons les gros labours, les semis de céréales, la moisson et les vendanges », mentionne le responsable. Selon lui, l’intérêt de la Cuma est de pouvoir disposer d’un large parc de matériels spécifiques indispensables aux cultures légumières de plein champ pour limiter les coûts de production, réduire la main-d’oeuvre et optimiser l’utilisation du matériel. « Nos tracteurs tournent entre 800 et 900 h/an. Nous les renouvelons tous les quatre à cinq ans, ce qui nous permet de disposer d’engins toujours performants », précise-t-il. La Cuma permet également d’investir plus facilement. « L’accès au crédit est plus facile que pour une structure individuelle. Elle permet également de bénéficier d’aides à l’investissement qui peuvent représenter 10 % pour certains matériels », confie Thierry Cambe. Au final, des coûts de travaux sont associés à chaque culture et répartis sur chaque structure adhérente. « Sans la Cuma, nous serions soit tous sous-équipés individuellement, soit tous sur-endettés ! », fait remarquer Thierry Cambe.

Au bénéfice des autres adhérents de la Cuma

Après une pause dans ses investissements en 2015 et 2016, la Cuma envisage l’achat d’une bineuse à salade, d’une rotobêche, d’un nouveau tracteur, d’un broyeur à marteau et d’un ensemble de désherbage localisé pour verger. Ces trois derniers matériels correspondent à un projet de développement d’un verger de noisetier, dans lequel Thierry Cambe s’est lancé depuis 2014. Ce matériel servira à l’entretien de vingt hectares plantés sur trois ans, dont la première tranche entrera en récolte en 2018. Les premières récoltes seront effectuées en prestation mais une récolteuse de noisette pourrait rapidement grossir le parc de matériel de la Cuma. Celle-ci permet donc à ses membres de diversifier leurs productions tout en optimisant les investissements. Pour le « noyau familial », les familles Cambe-Toppan-Nénégaldo, l’esprit de mutualisation va au-delà des simples investissements en matériel. En effet, si les entreprises sont bien distinctes juridiquement, le quotidien les mêle de manière plus profonde. Ainsi, le parcellaire est mis en commun pour faciliter les rotations et l’organisation du travail pour les cultures de plein champ. Le parc de serre de 20 ha est regroupé sur deux sites, tout en comptant sept propriétaires. De plus, chacun travaille sur une production spécifique au bénéfice des autres adhérents (voir encadré).

La Cuma et la salade

La Cuma de Sainte-Bazeille du Mirail met à la disposition de ses membres la totalité du matériel spécifique à la production de 2,4 millions de plants de salades dont la moitié en culture de plein champ. Pour cela, elle dispose de tout le matériel spécifique à la préparation des sols et des planches (rotobute, dérouleuse de paillage…) et a investi dans une planteuse automotrice permettant la plantation de 70 000 à 80 000 plants dans une après-midi à deux personnes. Elle est également équipée d’une bineuse spécifique et met en oeuvre tout le réseau d’aspersion. L’investissement en matériel dédié à cette culture s’élève à environ 60 000 euros.

PARCOURS

1998 : installation sur 1 ha de serre verre

2000 : achat de foncier 10 ha

2001-2003 : plantation de 3 ha vigne AOC côtes du Marmandais

2011 : achat de foncier 15 ha

2014 : premières plantations de noisetiers dont 8 ha en production en 2018

Une mutualisation globale

Thierry Cambe assure la responsabilité d’un site de production de fraise hors-sol de 2,2 ha pour son compte et celui de deux associés. Le spécialiste fraise du groupe produit Gariguette, Charlotte et Cléry, de début avril à fin octobre grâce à différents itinéraires techniques et des variétés remontantes. « Les premières cultures sont légèrement chauffées sans rechercher trop de précocité puisque nous disposons d’un autre site de production de serre verre dédié plus spécifiquement à ce créneau », précise-t-il. L’unité de production emploie 25 personnes sur toute la durée de la récolte. Son beau-frère est plus spécifiquement en charge de la production de salade et des légumes d’abri en sol, un troisième membre gère la production de tomate hors-sol. Les membres de la Cuma de Sainte-Bazeille du Mirail ont également constitué un GIE d’approvisionnement qui leur permet de mutualiser l’ensemble de leurs achats de semences, plants, plastiques, engrais, emballages… et les produits de protection devraient prochainement rejoindre la liste. « Nous fonctionnons avec une mutualisation très globale qui permet de répartir les risques et de partager équitablement les résultats mais dans lequel des Cumistes conventionnels ont du mal à se retrouver », reconnaît volontiers Thierry Cambe.

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