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Les plants maraîchers en évolution

La production de plants maraîchers professionnels évolue. Avec un niveau croissant d’exigence de qualité du plant, une large diversification des espèces et variétés mises en culture et une explosion de la demande des plants bio, les acteurs de ce secteur sont contraints à investir lourdement.

Le secteur de la production de plants maraîchers professionnels en France se constitue d’une trentaine d’entreprises dont plus de la moitié est regroupée au sein du Syndicat français des producteurs de plants pour professionnels, le SF3P. Il existe également un comité des producteurs de plants qui siège à l’Union française des semenciers (UFS). « Cette profession est essentiellement constituée d’entreprises individuelles qui ont évolué avec leur temps », commente Didier Cadiou, président du SF3P et dirigeant de trois structures de production, Emeraude Plants, Arc’at plants et Atlantique Plants Bio.

Une activité industrielle dans un monde agricole

Si le secteur de la production des plants maraîchers évolue grâce à différents leviers, la perte d’un certain nombre d’acteurs sur les dix dernières années interpelle le représentant du SF3P. La concentration de l’amont (fournisseurs de substrat, semenciers, intrants) et de l’aval (réglementation, exigences clients…) a conduit à des niveaux d’investissement très importants pour renouveler les outils de travail (serres, chaîne de semis, mécanisation…) et répondre à de nouvelles contraintes (traçabilité, certification…). « Nous sommes dans la même dynamique que nos clients avec des serres plus hautes, plus performantes, plus maîtrisées notamment avec la subirrigation », témoigne Frédéric Ollivier, directeur commercial du Groupe Briand Plants dont l’entreprise a investi près de 30 millions d’euros en cinq ans pour renouveler entre autres 50 % de l’outil de production. « Nous sommes une activité industrielle dans un monde agricole », résume Nicolas Paul, directeur du Groupe Thomas plants. Les acteurs de ce secteur ont également dû s’adapter à leur clientèle. La diminution du nombre d’exploitations maraîchères de taille moyenne a rompu son homogénéité. D’une part, la spécialisation de certaines entreprises orientées vers le marché de la grande distribution s’est renforcée avec un haut niveau d’exigence sur la qualité du plant. D’autre part, la relocalisation et le développement des circuits courts ont largement contribué à la diversification du catalogue des espèces et variétés. De plus, le développement de l’agriculture biologique a parfois doublé le nombre de références (lire page 24). « Aujourd’hui, nos entreprises gèrent 4 000 à 5 000 références de plants », témoigne Didier Cadiou.

Commencer par l’usage d’un plant français

Toutefois, cet élargissement correspond une demande. « Nos nouveaux clients sont des producteurs diversifiés qui font évoluer leur exploitation en bénéficiant de l’attrait des circuits courts, désormais confortés par la situation sanitaire que nous venons de vivre », rapporte Albert Maraval, gérant d’Hortival. Mais la production de lots de plants plus petits, plus nombreux et plus diversifiés nécessite une adaptation des moyens de production : des planches plus petites, un système d’arrosage dimensionné, une mécanisation adaptée, un outil informatique et de traçabilité performant jusqu’à la logistique pour assurer les commandes. Ainsi, Tecnosem dispose d’une nouvelle unité de production mécanisée et robotisée permettant de traiter 2 500 colis par heure quelle que soit la taille du lot en commande. « Cette diversification fait reculer la concurrence étrangère », se rassure Albert Maraval dont l’entreprise rayonne dans le Sud-ouest depuis trois générations. Car la concurrence existe. Celle-ci est surtout présente sur les grandes espèces légumières, notamment les « plants chauds », tomate et concombre. « La présence de plus en plus pesante des pépiniéristes hollandais et belges, voire britanniques, est à rattacher à la croissance de structures de production françaises », explique Didier Cadiou. En effet, des pépiniéristes se sont regroupés au Benelux afin de fournir des unités de tomate dépassant 100 ha dans leur pays. Ces « faiseurs de plants » disposant d’un très fort potentiel de production viennent aussi sur le marché français, principalement dans l’ouest de l’Hexagone. Au Sud, la concurrence espagnole et italienne existe aussi. « Surtout sur plants greffés, avec des prix difficiles à concurrencer par le différentiel de coût de la main-d’œuvre qui existe avec nos pays », commente Jean Michel Mounier. Les professionnels du plant souhaitent croire à la solidarité des filières concernées. « Promouvoir l’origine France commence par l’usage d’un plant français », font remarquer certains d’entre eux.

Accentuer la prophylaxie et l’usage de biosolutions

L’autorisation d’usage de produits phytosanitaires interdits en France apporte également un avantage certain à des plants étrangers, intra-européens, sur des espèces comme le chou et le poireau. Là encore, la concurrence apparaît déloyale. Néanmoins, l’origine du plant joue aussi en faveur des pépiniéristes français avec un risque sanitaire croissant pour certaines origines et espèces. Le cas récent du virus ToBRFV sur tomate en est l’exemple. De fait, Thomas plants vient d’investir dans un laboratoire de biologie moléculaire qui analyse la totalité des plants des tomates au moment du greffage. La qualité sanitaire du plant devient tout aussi importante que la qualité agronomique. Selon les acteurs du secteur, elle demande des investissements dans les moyens de production (serre insect-proof, matériels de protection) et de suivi (process, certification…). Dans un contexte complexe de réduction du nombre des molécules disponibles, de croissance du bio, du développement de cahiers des charges précis (Sans pesticides, Zéro résidu de pesticides), les producteurs de plants accentuent les mesures prophylactiques et accroissent l’usage de biosolutions (lutte intégrée, biostimulants…).

Comme toutes les autres entreprises agricoles, les pépiniéristes témoignent aussi de leurs préoccupations de recrutement et de fidélisation de la main-d’œuvre, très importante sur leur exploitation, et de leur intérêt pour appréhender les nouveaux outils de production (drones, robotisation, data…). Dans ce secteur en perpétuelle évolution, d’autres marchés apparaissent comme celui des plants de betterave fourragère, de plantes à parfum aromatiques et médicinales ou pour l’horticulture amateur.

 

A lire aussi : Dans la dynamique des plants maraîchers bio

 

 

« Nous sommes une activité industrielle dans un monde agricole », Nicolas Paul, directeur du Groupe Thomas plants.

 

 

Un terreau maraîcher doit offrir de bonnes propriétés mécaniques : passage en machine et stabilité de la motte © RFL

Le terreau, constituant de la motte

Hormis pour les cultures hors-sol, le terreau est l’élément constituant des plants maraîchers. Selon l’Afaïa, cette activité représente en volume environ 20 % du marché français des terreaux professionnels dont le total annuel atteint 1,4 million de m3. Un terreau maraîcher doit offrir de bonnes propriétés mécaniques : passage en machine et stabilité de la motte. La tourbe noire est nécessaire à la cohésion du substrat. D’un point de vue agronomique, sa porosité et son aération doivent favoriser le développement et l’activité racinaire. Des constituants alternatifs commencent à être employés. Ils permettent d’optimiser certaines de ses propriétés et de diminuer son impact environnemental. La tourbe est toujours citée comme support de culture dans les annexes du prochain règlement bio.

 

Les trois axes de développement du secteur des plants

 

 

© Groupe Briand plants

1 Plants chauds. Le renouvellement et le développement du parc de serres français de ces dernières années ont accru la demande en plants de tomate et de concombre pour les cultures hors-sol. Le greffage généralisé en deux, trois, voire quatre têtes augmente le niveau technique de production. La segmentation de la gamme tomate décuple les références variétés/porte-greffe. Le décalage de calendriers de production contraint à l’éclairage. Des cahiers des charges conduisent à l’usage de la lutte intégrée et du biocontrôle.

 

 

 

© Groupe Briand plants

2 Plants bio. Le développement des plants bio a suivi celui des surfaces en production et l’intérêt de la distribution et des consommateurs. Les contraintes réglementaires ont décuplé le nombre de références plants. Elles rendent également l’élevage des plants plus difficile avec des risques plus élevés de pertes de plants. L’arrivée d’acteurs majeurs dans ce secteur accentue le niveau d’exigences. Le nombre d’espèces concernées par la plantation s’est élargi.

 

 

 

© RFL

3 Diversification. Le nombre de cultures légumières mises en culture sous forme de plants augmente. Le développement des exploitations en circuits courts, fortement demandeuses d’une large gamme légumière est un levier. La disparition de moyens de contrôle des adventices en pré et post-levée de semis en est un autre. Les plants d’autres cultures, betterave fourragère et PPAM, confortent cette diversification.

 

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