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Les composts, précieux alliés du sol

Les composts ont un rôle à jouer dans l’amélioration de la qualité des sols agricoles, en agissant sur plusieurs leviers complémentaires.

L’utilisation des composts en agriculture est l’un des quatre axes étudiés par le réseau Best4Soil. Le compost se définit comme le produit de la dégradation de déchets biodégradables par des micro-organismes sous l’action de l’oxygène. L’application répétée de compost sur les terres agricoles augmente la teneur du sol en matière organique ainsi que l’abondance et la diversité microbienne du sol. Les composts améliorent les capacités de rétention en eau du sol et lui apportent des micro-éléments essentiels, comme le cuivre et le fer. Ils peuvent également avoir une action suppressive contre les phytopathogènes ou une action phytostimulante.

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Les composts stérilisés, dépourvus de micro-organismes, montrent en revanche peu d’effets contre les bioagresseurs du sol et sur sa fertilité. « Chaque micro-organisme présentant des propriétés et activités qui leur sont propres, un compost n’est pas équivalent à un autre et l’efficacité peut donc varier d’un produit à l’autre, indique le compte rendu du webinaire organisé par le réseau Best4Soil, publié dans Infos CTIFL. Cette observation a été illustrée par la mise en évidence de l’efficacité d’un compost sur la hernie du chou et d’un autre sur la fonte de semis du concombre. Chaque compost avait un effet sur l’une des maladies mais pas sur l’autre. »

Une aide contre la fatigue du sol

Outre la composition biologique, les propriétés physico-chimiques des composts et le soin apporté à leur préparation sont deux paramètres qui jouent sur leur qualité. « L’assurance qualité des composts ne se limite pas à la gestion du processus de compostage, elle va de la collecte des intrants jusqu’à l’utilisation des produits », souligne Jacques Fuchs, de l’Institut de recherche de l’agriculture biologique FiBL, lors du webinaire Best4Soil. En effet, certains composts mal préparés ou de mauvaise qualité peuvent être sources de pollution ou avoir un effet délétère sur les cultures.

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Bien préparé et bien utilisé, un compost peut être un allié de poids pour les producteurs. Il peut permettre une meilleure production de biomasse sur des sols pollués, et peut contrecarrer des problématiques de fatigue du sol ou lutter contre certaines maladies telluriques telles que la hernie du chou, les fontes de semis ou les alternarioses. Il serait également un excellent biotisant/bioactivant suite aux pratiques de désinfection de sol.

Parmi les différents types de compost, on distingue le compost thermophile, obtenu à des températures élevées (supérieures à 65°C) et le lombricompost (vermicompost en anglais), obtenu à température ambiante principalement par l’action de vers de terre épigéniques . « L’absence de températures élevées lors de l’élaboration du lombricompost produit un type de compost plus diversifié, indique Alfred Grant, agriculteur autrichien, auteur de la fiche Best4Soil consacrée au lombricompost. Si les graines de mauvaises herbes sont un problème dans le produit final, le compostage thermophile peut être combiné au lombricompostage. »

Des vers de terre exigeants

Les matières premières utilisées pour le vermicompostage sont essentielles. Si les vers de terre n’apprécient pas leur nourriture et leur environnement, ils ne sont pas actifs et finissent par disparaître. C’est la raison principale pour laquelle cette technologie n’a pas été adoptée plus largement. Les vers de terre utilisés pour le compostage ont certaines exigences concernant le milieu qui leur convient : température entre 15 et 30°C, taux d’humidité entre 60 et 80 %, pH à 8, conditions entièrement aérobies et suffisamment de nourriture (rapport C/N de 25) avec une structure non compacte. La plupart du temps, les mélanges de différentes matières doivent être modifiés, dilués et enrichis pour obtenir la qualité requise.

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Ainsi, le coût de production d’un lombricompost est bien supérieur à celui d’un compost thermophile. Son utilisation est donc plutôt à réserver aux cultures à forte valeur ajoutée. « De nos jours, des recherches sont en cours pour utiliser le lombricompost ou des extraits de lombricompost pour l’enrobage des semences et d’autres méthodes de micro-application, réduisant le taux d’application du lombricompost à un litre par hectare, précise la fiche Best4Soil. L’utilisation dans les semoirs, comme engrais pour les terreaux ou lors de la plantation de vergers et de vignobles est également une pratique courante. »

Compost thermophile vs lombricompost

Le compost thermophile est le procédé de compostage le plus courant. Il est produit partout dans le monde à moyenne et à grande échelle. Le compost thermophile est géré en retournant les matériaux pour répartir la température à tous les niveaux du tas de compost. Il atteint 65 °C ou plus, ce qui assure la destruction ou la désactivation des graines adventices ainsi que des agents pathogènes.

Contrairement au compost thermophile, le lombricompost est produit à température ambiante à partir de vers de terre. Ce compost présente une communauté microbienne diversifiée qui ne survivrait pas aux températures atteintes dans les tas de compost thermophile. Alors que le retournement est une étape clé dans le processus de production du compost thermophile, le lombricompostage ne nécessite aucune intervention mécanique puisque l’action des vers aère le substrat. Le lombricompost est habituellement plus riche en nutriments totaux et disponibles pour les plantes. Le procédé du lombricompost ne tue pas les graines de mauvaises herbes.

Les réglementations sur le lombricompost

La production de compost et d’engrais organiques n’est pas encore réglementée par l’Union européenne, selon le réseau Best4Soil. Chaque pays a sa propre réglementation. Dans certains pays, le lombricompost est considéré comme du compost, dans d’autres, il est considéré comme un engrais organique ou un engrais organo-minéral, ou bien il dispose d’une réglementation spécifique. En France, la mise sur le marché et l’utilisation d’un lombricompost sont autorisées s’il est conforme à la norme NF U 44-051 portant sur les amendements organiques.

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