« Les agriculteurs sont les utilisateurs d'eau les plus impactés par le changement climatique »
Pour François Gemenne, coauteur du 6e rapport du Giec, il faut un arbitrage politique sur l’allocation des ressources en eau.
Pour François Gemenne, coauteur du 6e rapport du Giec, il faut un arbitrage politique sur l’allocation des ressources en eau.
« L’adaptation au changement climatique est un processus dynamique, mais aussi culturel. Alors que l’on a longtemps pensé que l’eau était un problème du sud, l’été 2022 nous a montré que le problème de l’eau, c’est ici et maintenant. Les premiers utilisateurs de l’eau sont les agriculteurs, l’industrie et les populations. Et chacun a sa part de responsabilité en termes de mesures d’économie d’eau ou par exemple de recyclage des eaux usées. Les utilisateurs les plus impactés pour l’instant par le changement climatique sont les agriculteurs.
Un point important est donc d’adapter le modèle agricole et les types de cultures, mais sans culpabilisation. Certaines cultures sont plus consommatrices d’eau que d’autres, mais sont nécessaires. L’objectif, en regardant les projections, est d’identifier les cultures les plus économes en eau et qui permettent des revenus pérennes. Il faudrait aussi un arbitrage politique sur l’allocation des ressources en eau. Dans les pays du sud, le changement climatique entraîne beaucoup de conflits entre agriculteurs et éleveurs sur le partage de l’eau.
Une politique sur l’allocation de l’eau devient cruciale pour éviter des tensions entre les différents groupes d’usagers, tensions qui peuvent dégénérer en conflits. Il faut éviter de reproduire les scènes des bassines de Sainte-Soline, les uns reprochant aux autres de s’accaparer une ressource qui diminue. Il y a aujourd’hui une vraie prise de conscience de notre vulnérabilité par rapport à l’eau. Un arbitrage politique sur l’allocation des ressources peut entraîner des mécontentements, mais il faut l’expliquer et assurer un partage équitable. »