Aller au contenu principal

Législation : le Sénat somme le gouvernement de lancer Egalim 2

Estimant que la loi Egalim a échoué à redonner du revenu aux agriculteurs, lors d’un débat organisé hier par Les Républicains, les sénateurs ont demandé avec virulence à Julien Denormandie d’engager rapidement un nouveau chantier législatif.

Julien Denormandie hier au Sénat
Julien Denormandie hier lors du débat au Sénat sur la loi Egalim.
© Sénat

« Ne restez pas l’amoureux transi des agriculteurs, il faut une loi Egalim». La charge est signée Olivier Rietmann, sénateur Les Républicains (LR), hier à l’encontre de Julien Denormandie, lors d’un débat public au Sénat intitulé « La loi Egalim ou comment sortir de l’impasse dans laquelle ce texte a plongé l’agriculture ? » organisé par son parti. « Cette loi devient l’un des plus grands échecs du quinquennat sur l’agriculture », avait déclaré en préambule Daniel Gremillet pour le groupe LR.

« Egalim a généré moins de revenus pour les agriculteurs mais plus de charges », a pour sa part lâché Laurent Duplomb, pour le groupe LR, quand Franck Ménonville du groupe des indépendants demandait au ministre de l’Agriculture où sont passés les 600 millions d’euros « occasionnés par la hausse du seuil de revente à perte ? ». « Pas un centime n’est arrivé dans la cour des fermes », a renchéri Marie-Christine Chauvin, du groupe LR.

Face à ces violentes attaques, Julien Denormandie a tenté de défendre les avancées permises par la loi Egalim tout en reconnaissant la nécessité d’aller au-delà. « Aujourd’hui les agriculteurs vivent un peu trop de leur passion et pas de leur rémunération », a-t-il reconnu. « Egalim a introduit la marche en avant qui a créé un état d’esprit nécessaire mais pas suffisant », a-t-il poursuivi. « Il faut utiliser les recommandations de Serge Papin et des parlementaires », a-t-il précisé mettant en avant la nécessité de davantage de contractualisation sur un rythme pluriannuel, de mise en place d’un système de transparence et de renforcer la médiatisation.

Une étude d'impact sur la hausse du SRP attendue pour l'automne

A propos de la hausse du seuil de revente à perte, dont l’intérêt est remis en cause par les sénateurs, le ministre de l’Agriculture a indiqué qu’une enquête d’impact était attendue pour l’automne. Et de revenir sur les effets antagonistes de la LME et de la loi Egalim. « L’Erreur de la loi LME a été de dire qu’au titre du pouvoir d’achat, on allait renforcer la compétition entre les agriculteurs, la transformation et la distribution. Il ne faut pas perdre le combat pour le pouvoir d’achat mais les politiques de pouvoir d’achat ne peuvent se faire sur le dos des agriculteurs », a-t-il déclaré. « La loi Egalim est venue à rebours de la LME, c’est une loi d’inflation mais elle n’est pas revenue sur les principes de la LME, c’est ce qu’il nous faut corriger aujourd’hui », a-t-il poursuivi. Un travail qui ne pourra se faire que par la loi.

Lire aussi : Les neuf propositions de Serge Papin pour renforcer la loi Egalim

Interrogé sur les détails de ce futur chantier parlementaire, demandé par les sénateurs, le ministre a seulement répondu : « Serge Papin a acquis une sagesse sénatoriale ! Mon engagement est que son travail ne reste pas lettre morte. On est au milieu du gué. On doit mettre en œuvre ses recommandations ». « Les parlementaires s’en saisiront. Mais certains sujets ne relèvent pas de la loi », a-t-il promis.

La loi Egalim n'a pas amélioré le revenu des agriculteurs

Lui reprochant d’avoir tout fait lors de la loi d'accélération et de simplification de l'action publique (Asap) pour repousser le débat sur la loi Egalim demandé par les Sages, Sophie Primas, présidente de la commission des affaires économiques du Sénat, a ainsi conclu le débat : « la loi Egalim n’a pas amélioré le revenu des agriculteurs. C’est un échec. Se profile d’ici la fin du quinquennat une discussion législative sur la loi Egalim ». Toutefois elle a exprimé de l’intérêt mais également « un peu de scepticisme » vis-à-vis des propositions de Serge Papin. De l’intérêt notamment pour la clause de révision automatique des prix, que le Sénat avait proposé lors des discussions de l’article 44 de la loi Asap : « que de temps perdu ! », a-t-elle regretté. Du scepticisme sur la suppression de la date butoir des négociations commerciales, y voyant « un risque de donner du pouvoir à l’aval ».

Autre mise en garde la présidente de la commission des affaires économiques du Sénat : « il ne faudrait pas que cette nouvelle loi donne l’impression de régler tous les problèmes de l’agriculture alors qu’elle ne traite que de la question de la négociation ». Et d’évoquer les « autres problèmes majeurs de l’agriculture : les enjeux de la compétitivité, ceux de la Pac, les clauses miroirs, l’assurance ou encore les calamités agricoles ».

Les plus lus

Carte des zones réglementées pour la DNC au 30 novembre 2025.
Dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNC) : 108 foyers dans 73 élevages recensés en France

En date du 4 décembre 2025, le ministère de l'Agriculture dresse un bilan de 108 foyers de dermatose nodulaire contagieuse…

Paysage agricole en Bretagne
Foncier agricole : le préfet n’est pas obligé de s’opposer à l’« agrandissement excessif » d’une exploitation agricole

Le préfet dispose toujours d’une simple faculté et non d’une obligation de refuser la délivrance d’une autorisation d’…

Cartes des foyers de FCO3 et FCO8 au 4 décembre 2025.
Les cas de FCO 3 et 8 progressent moins vite sur le territoire

Selon les derniers chiffres du ministère de l’Agriculture en date du 4 décembre, 6995 foyers de FCO de sérotype 3 et 3209…

Assemblée nationale
PLF 2026 - Crédits d’impôts bio, haie, HVE, allégements fiscaux : quelles mesures agricoles adoptées par les députés ?

En première lecture, les députés ont adopté les 13 et 14 novembre derniers plusieurs amendements dans le cadre de la partie…

Bateau maritime dans le port de Saint Nazaire contenant des importations de soja du Brésil.
Pesticides : la réciprocité des normes entre produits agricoles européens et importés va être étudiée par Bruxelles

La Commission européenne a annoncé le 25 novembre démarrer une étude d’impact sur les pesticides dangereux entrants dans l’UE…

Paysage agricole dans le Sud-Ouest.
Aides PAC 2025 : quels sont les montants réévalués pour les aides découplées, les écorégimes et les aides ovines et caprines ?

Des arrêtés parus au journal officiel du 28 novembre 2025 réévaluent les montants des aides découplées de l’aide PAC 2025 et…

Publicité