Aller au contenu principal

PPAM*
Le marché florissant des plantes à tisane

La SARL Altaïr, à Liorac-sur-Louyre, commercialise des plantes séchées et mélanges condimentaires biologiques. En développement constant, elle manque de matière première.

Parmi les priorités, trouver des producteurs-cueilleurs

Il n’a pas été facile de s’installer en 1982 avec un projet de production de plantes médicinales et aromatiques en bio. Depuis, Isabelle et Patrice Drai n’ont fait que développer leur petite entreprise, au point de devoir céder la partie production pour se consacrer à la commercialisation.

Désormais, Iabelle Drai gère seule la SARL Altaïr, son mari ayant pris sa retraite. Seule ? Pas vraiment, puisque cinq salariés sont employés par la société basée à Liorac-sur-Louyre (Dordogne). A côté, depuis 2003, d’autres producteurs cultivent un hectare de plantes aromatiques en biodynamie pour la SARL. La société commerciale s’est mise en place en 1997. Il s’agissait alors de commercialiser les plantes de la propriété, mais aussi celles cultivées à la prison de Mauzac. Les producteurs d’Altaïr (marque déposée en 1988) intervenaient au centre de détention auprès des détenus en fin de peine pour de l’appui technique et un soutien à la commercialisation. « Comme les ventes se développaient, nous avons cherché des producteurs-cueilleurs avec lesquels travailler car notre jardin ne suffisait plus », se souvient Isabelle Drai.

Des ventes réalisées en France et à l’étranger

Aujourd’hui, les sachets de plantes Altaïr sont vendus dans 150 magasins spécialisés en France, comme ceux de la chaîne bio Satoriz. On en trouve aussi dans les Biocoop, Isabelle préférant travailler directement avec les responsables de boutiques, chez des herboristes en Allemagne et en Suisse.

La force de la SARL est de pouvoir s’adapter à la demande grâce à la soixantaine de variétés locales ou exotiques qu’elle traite chaque année. Parmi les plus connues, on trouve les verveines, menthes, camomille, basilic, sauge, thym... Certaines espèces sont importées pour compléter les mélanges, comme le psyllium, l’oranger, l’hibiscus, la badiane.

Les plantes arrivent déjà triées et séchées à Liorac-sur-Louyre. Elles sont souvent resséchées et retriées sur place. Juste effeuillées, les plantes à tisane sont ensachées pour être utilisées pures ou en mélanges aromatiques pour infusion. Des mélanges condimentaires et des macérations de plantes sont aussi proposés depuis 2016.

Une forte demande qui provoque des ruptures de stock

Pas moins de 33 références ont été en rupture de stock courant 2016, faute de matières premières. Si la météo est en cause, cela montre aussi la fragilité des apports et l’importance de trouver de nouveaux producteurs-cueilleurs.

Isabelle Drai travaille avec Interbio Nouvelle-Aquitaine. Elle espère que, dans le cadre de la structuration de la filière PPAM*, de nouveaux producteurs s’installeront. Elle pourrait, dit-elle, commercialiser la production de quatre ou cinq exploitants supplémentaires. « Nous avons les débouchés, on pourrait les accompagner sur un plan technique ». Une fois par an, la SARL organise une journée de découverte de la production en biodynamie. Aujourd’hui, cinq "gros" producteurs (200 à 400 kg d’apport), en plus d'une douzaine d’autres, sont en contrat avec Altaïr. Ils lui livrent entre 10 et 20 kg de plantes séchées.

Respect des rythmes de la nature

L’histoire d’Altaïr montre qu’un développement économique peut aller de pair avec le respect de l’environnement. Dans les parcelles qui permettent de cultiver la matière première de la société commerciale, pas de cultures intensives, ni de gros moyens mécaniques. Le respect des rythmes de la nature est de règle et la plupart des structures qui livrent à Liorac cultivent non seulement bio mais aussi en biodynamie sous le label Demeter. Ainsi, les plantes sont cultivées à partir de graines récoltées sur les lieux de culture, patiemment sélectionnées au jardin. Parfois, elles sont issues de la cueillette sauvage, uniquement manuelle dans le respect du lieu et de la sauvegarde du milieu. Le séchage des plantes est nécessaire avant toute livraison. « C’est la touche finale du travail des plantes », estime-t-on dans l’entreprise. Celles-ci doivent être portées au séchoir aussitôt après leur récolte. Pas de brusque extraction de l’humidité par le chauffage, mais une déshumidification lente, à basse température, entre 25 à 27°C. Cette méthode permet de conserver toutes les vertus des plantes, mais aussi leurs couleurs et leurs parfums. Avant l’ensachage, à la main par petites séries, il faudra encore effeuiller ou émonder.

*PPAM : Plantes à parfum, aromatiques et médicinales)

Une filière à structurer

Interbio Nouvelle-Aquitaine, avec le soutien de la Frab (Fédération régionale des agriculteurs biologiques) et des chambres d’agriculture, travaille à la structuration d’une filière Plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM). Un état des lieux des entreprises qui oeuvrent dans ce secteur, a été réalisé l’an dernier pour définir les besoins, créer des partenariats entre entreprises de l’amont et de l’aval et porter des démarches collectives. Ainsi, il a été identifié que neuf entreprises de Nouvelle-Aquitaine, spécialisées dans le commerce des PPAM, dont Altaïr en Dordogne, ont des besoins croissants, de l’ordre de 133 tonnes. Sur la cinquantaine de plantes susceptibles de les intéresser, 12 sont dites majeures, essentiellement sèches et en partie entières. Des parcelles tests de PPAM sont d’ores et déjà cultivées en Limousin et Interbio veut les généraliser à toute la région Nouvelle-Aquitaine. A ce jour, une dizaine de producteurs sont engagés dans cette démarche.

PARCOURS

1982 installation en bio d'une production de plantes médicinales et aromatiques

1988 dépôt de la marque Altaïr

1997 mise en place d'une société commerciale

2017 150 magasins spécialisés en France vendent des produits d'Altaïr

La concurrence étrangère

Le chiffre d’affaires de la production française de plantes à parfum, aromatiques et médicinales est estimé à 85 millions d’euros. Ces plantes sont souvent incorporées dans des produits finis à forte valeur ajoutée. Aussi, le chiffre d’affaires de la filière, tous secteurs confondus, a été estimé à plus de quatre milliards d’euros en 2007. Les secteurs des plantes aromatiques et médicinales subissent la concurrence des productions étrangères, notamment importées d'Europe de l’est, d’Afrique du nord et de Turquie. Pour ces productions, les marchés français et européens constituent les principaux débouchés. Dans le marché des plantes médicinales, le secteur herboristerie présente une activité moindre tandis que le poids des marchés bio et des compléments alimentaires continuent leur progression. Pour certaines plantes comme notamment la mélisse, les industriels encouragent les producteurs à développer leurs cultures. Pour les plantes pluriannuelles, se pose la question de la durabilité de la situation qui passe vraisemblablement par l’établissement de contrats. Afin de répondre aux contraintes de la réglementation (arrêté Plantes du 24 juin 2014) et faire face à la concurrence étrangère, certains opérateurs de la filière ont mis en place une démarche dynamique basée sur la qualité et la traçabilité des produits, mais aussi sur un investissement rationnel des moyens de production et de commercialisation. Pour le marché des plantes aromatiques, une valorisation des signes de qualité (IGP, Label rouge, etc.) et une mise en avant des spécificités de chaque produit devient indispensable selon les acteurs du marché Plantes aromatiques. En effet, la qualité du produit, même supérieure, ne semble pas suffisante pour s’imposer. Les concurrences européennes et internationales pèsent lourdement sur le marché français des plantes aromatiques (comme le marché du thym polonais), qui supporte des contraintes sociales et agroenvironnementales plus fortes. La valeur des coûts de production semble être une préoccupation majeure pour tous les professionnels de la filière. Elle apparaît comme un frein essentiel à toute possibilité de compétitivité sur les marchés européens et mondiaux.

Sources : France AgriMer

Les plus lus

Salon de l’Agriculture : C'est Qui Le Patron ?! débarque sur les fruits et légumes

La démarche C’est Qui Le Patron ?! (CQLP) qui assure une juste rémunération pour le producteur et qui s’est fait connaître sur…

Emballage plastique des fruits et légumes : le Conseil et le Parlement UE s’accordent sur une interdiction

Le Conseil et le Parlement sont parvenus lundi 4 mars à un accord provisoire sur le projet de règlement Emballages, texte issu…

Salon de l’Agriculture : la noisette française Koki a un message à faire passer au président Macron

La coopérative Unicoque et l’association de la noisette française ANPN ont écrit en semaine 8 un courrier au président de la…

Fraises hors sol cultivées en France
Fraise française : un bon début pour la commercialisation... à poursuivre

En retard par rapport à l’an dernier, la saison de la fraise française a bien commencé d’autant que la fraise espagnole est…

Remise de la Légion d'Honneur à Laurent Grandin par Marc Fesneau au salon de l'Agriculture 2024.
Plan de souveraineté fruits et légumes : 100 M€ supplémentaires en 2024

Au salon de l’Agriculture, Marc Fesneau a débuté la journée du 29 février sur le stand des fruits et légumes frais afin de…

Vignette
La banane de Guadeloupe et Martinique a été entendue par Emmanuel Macron, quelles sont les 4 grandes mesures annoncées ?

En marge du Salon de l’Agriculture, les acteurs du monde agricole ultramarin ont été reçu à l’Elysée par Emmanuel Macron qui a…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 354€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site filière Fruits & Légumes
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière fruits & légumes
Consultez les revues Réussir Fruits & Légumes et FLD au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière fruits & légumes