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DIVERSIFICATION
Le cornichon relance sa production

Olivier Corbin a testé la production de cornichons pour le groupe Reitzel. Le résultat n’est pas mirobolant mais assez encourageant.

A Dollon, près de Connerré dans la Sarthe, Olivier Corbin a cultivé 2,5 hectares de cornichon. Un légume quasiment aujourd’hui disparu des productions maraîchères françaises puisque 80 % des cornichons consommés dans l’Hexagone provient d’Inde. Avec Eric Gouard, producteur en Loiret-Cher, l’un des anciens bassins de production avec la Bourgogne, Olivier Corbin a signé un partenariat avec le groupe Reitzel qui conditionne des cornichons pour les grandes surfaces dans son usine de Connerré. Quand l’industriel a souhaité relancer le cornichon français, il s’est adressé tout naturellement à ce producteur, proche de son usine qui lui fournit déjà du chou à choucroute.

Besoin de chaleur et de main-d’oeuvre

Olivier Corbin, ancien éleveur de bovins devenu céréalier, a commencé à diversifier ses cultures il y a quelques années. Il produit des choux primeurs et des carottes pour la coopérative Agrial et s’est lancé dans les patates douces cette année. Mais le cornichon n’est pas une nouveauté. « Nous avons toujours produit du cornichon, raconte Olivier Corbin. Déjà en 1974, nous fournissions l’usine. Et nous n’avons jamais vraiment arrêté. Même entre 1992 et 2013, période durant laquelle les usines ont commencé l’importation en masse faute de produits français en quantité suffisante ». Pour relancer la production française et surfer sur le made in France, un essai avait déjà été tenté il y a deux ans. Mais il s’était soldé par un échec en raison d’un manque de rentabilité. Aujourd’hui, le groupe Reitzel, qui va commercialiser les cornichons français sous la marque Le jardin d’Orante, a la volonté de créer un partenariat avec les producteurs (voir encadré). Pour Olivier Corbin, les conditions de cultures de cette année ont été fortement perturbées. Les terres étant inondées, la plantation s’est effectuée avec un mois de retard. La planteuse à motte a due être reléguée au hangar. Les plants devenus trop gros ont été repiqués à la main. Leur reprise a été difficile. Certains ont péri. Puis les températures froides de la mi-juillet (5°C) ont facilité le développement du mildiou. Néanmoins, la chaleur revenue, la floraison est repartie. Aussi, les récoltes se sont prolongées posant quelques problèmes de main-d’oeuvre au producteur qui a employé 40 saisonniers de juillet à août. Olivier Corbin a modifié quelques pratiques de son père pour mieux rentabiliser la culture.

Le semis en motte, le paillage par une toile tissée et l’irrigation au goutte-à-goutte sont les trois changements majeurs. Dans ces terres sableuses, un labour puis le passage d’une herse ont été effectués quinze jours avant l’implantation. De la fiente de poule (4 t/ha) a été épandue au préalable, juste après le dépaillage de l’orge d’hiver.

Les petits calibres plus rémunérateurs

Les semences des variétés dites épineuses sont fournies par le groupe Reitzel. La densité à l’hectare est de 12 500 pieds/ha. La fertilisation est apportée par le goutte-à-goutte à raison de 200 unités d’azote, 150 unités de phosphore et 300 unités de potasse. L’irrigation, indispensable, est programmée tous les deux jours principalement durant la récolte qui dure deux mois et démarre cinq semaines après la plantation. L’usine réceptionne tous les cornichons récoltés. Deux calibres définis par le nombre de cornichons par kilo sont les plus abondants pour cette récolte 2016 : les 120 + (cornichons les plus petits) et les 60 + (cornichons plus gros). Le producteur a intérêt à produire les plus petits calibres largement plus rémunérateurs. Selon les calibres et les recettes de l’usine, les débouchés sont différents. Le coût d’implantation (engrais, semences, main-d’oeuvre pour le paillage et la mise en place de l’arrosage) est revenu à 1 500 euros/ha. Le coût total de production qui comprend l’implantation, l’arrosage, un traitement contre le mildiou a été calculé à 7 100 euros/ha avec l’enlèvement du paillage. Le coût de main-d’oeuvre, basé au départ sur 25 000 euros/ha, est revenu finalement à 20 000 euros/ha en raison d’une moindre productivité. Au lieu des 20 t/ha prévus, la parcelle n’a produit que 12 t/ha.

Les idées pour améliorer la culture ne manquent pas

Le bilan 2016 d’Oliver Corbin est mitigé, contrairement à son collègue qui a réalisé son potentiel prévu. Malgré 40 000 euros/ha de main-d’oeuvre, son résultat comptable est positif. Néanmoins, Olivier Corbin est confiant et prévoit d’augmenter d’un tiers sa surface l’an prochain avec comme premier changement une densification pour augmenter sa productivité. Le groupe Reitzel et les deux producteurs qui ont testé le cornichon français s’appuient sur les conseils de Christophe Fleurance, de la station LCA basée à Blois (41) qui suit les cultures. Les données des essais culturaux des années 1980-1990 ont été examinées à la loupe. Gaël Azatkhanian, ingénieur en agronomie chez Reitzel en Inde, a partagé aussi ses connaissances avec LCA et les deux producteurs. Une chose est sûre : le cornichon est très exigeant en température – qui ne doit pas descendre en dessous de 13-14°C la nuit. Ses besoins réguliers en eau nécessitent l’installation du goutte-à-goutte. Le paillage lui aussi est quasiment obligatoire pour réchauffer le sol, éviter le développement des adventices et limiter les évaporations d’eau. « Le volet récolte est important. Le cueilleur a une grande responsabilité dans la rentabilité de la culture en récoltant le plus possible de petits calibres », précise Christophe Fleurance. Des expérimentations sont prévues. Cinq variétés ont déjà été testées chez les deux producteurs. Les idées pour améliorer la culture ne manquent pas : aide motorisée à la récolte, palissage, etc.

AVIS D’EXPERT

EMMANUEL BOIS, directeur général du groupe Reitzel France

Nous ferons appel à de nouveaux producteurs

« Nous voulons créer une filière pérenne, économiquement viable pour tous ses acteurs y compris pour les producteurs. Contrairement à la première tentative, les surfaces de production ont été calculées en fonction des besoins de fabrication de l’usine, soit 65 tonnes pour 2016 avec un produit accessible pour le consommateur, inférieur à 15 euros/kg. Sans les mauvaises conditions de ce printemps, nous aurions atteint sans doute notre objectif de rendement. Après cette première année d’essai, nous allons développer la production et, dans les années à venir, nous ferons appel à de nouveaux producteurs ».

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